La discipline maïeutique dispose de référentiels métier et de formation. Elle a besoin de l’université pour progresser.
A l’heure où les sages-femmes s’interrogent sur leur avenir : travailler à l’hôpital qui les malmène, rester dans la fonction publique hospitalière ou en sortir, s’installer en libéral et travailler six jours sur sept pour gagner des queues de cerise, être parfois empêchées de faire les consultations pré et post natales et de prescrire la contraception par certains qui sinon ne leur adresseront pas les femmes enceintes qu’ils suivent pour la préparation à la naissance et pour la rééducation périnéale… les sages-femmes resteront un corps professionnel de santé à part si les écoles n’intègrent pas l’université. De la formation dépend une certaine vision de l’avenir de la profession.
Les sages-femmes enseignantes de l’ASFEF (Association des sages femmes enseignantes françaises) tentent d’opérer une modernisation de la culture des écoles de sages-femmes. Les étudiants sont recrutés par le PCEM 1 depuis 2002 et par la Première Année Commune des études en Santé (PACES) depuis septembre 2010. Les sages-femmes ont écrit leur référentiel métier et de compétences en 2007. Le conseil de perfectionnement a validé le nouveau référentiel de formation en juin 2009.
La première école universitaire en Maïeutique a été créée à Marseille en septembre 2010. Les sages-femmes ont intégré la Commission Pédagogique Nationale des Etudes en Santé (CPNES). L’arrêté « Diplôme de formation initiale en sciences maïeutiques » a été rédigé pour que la la première partie du programme du niveau Licence soit mise en application en septembre 2011. Il n’y a pas d’aspect professionnalisant à l’issue du niveau licence, donc pas de diplôme à deux niveaux.
Toutes les formations médicales sont orchestrées à l’université sous l’égide de l’Enseignement Supérieur. Pourquoi en serait-il autrement pour la filière maïeutique ? Les sages-femmes étaient les seules à ne pas avoir leur propre discipline. Même s’il faudra quelques années pour la constituer, la discipline maïeutique vient de voir le jour.
Une école est un lieu d’apprentissage, de transmission des savoirs - elle forme des professionnels de santé : des sages-femmes -, mais une véritable école est aussi un lieu de production de savoirs. L’un ne va pas sans l’autre : transmettre des savoirs et produire de nouveaux savoirs. La petite production de savoirs des sages-femmes ne suit pas un chemin académique, mais elle n’est pas perdue pour tout le monde, les travaux des étudiants servent à d’autres étudiants.
Cette carence de parcours académiques est criante dans les écoles de sages-femmes. C’est la raison pour laquelle les écoles veulent intégrer l’université : c’est le lieu où l’on peut apprendre à formaliser, à s’initier à la recherche dans le domaine de la maternité et de la naissance ; les sages-femmes apprendront à communiquer, par écrit, sur leurs expériences cliniques et professionnelles, voire à valider leurs résultats lorsqu’ils deviennent probants.
Les sages-femmes se réapproprieront leurs propres sujets de recherche. Il s’agit de travailler différemment avec les autres filières de santé et les autres domaines : santé publique, sciences humaines et sociales, entre autres. L’avenir de la santé des femmes, en France et ailleurs, dépend de la manière dont toutes les femmes s’empareront de ce sujet qui est le leur. Leur manière d’appréhender leur santé préfigure de ce qu’est la place des femmes dans toutes les sociétés.
Françoise NGUYEN
Sage-femme directrice
Ecole de sages-femmes Baudelocque
Hôpital Saint-Vincent de Paul
Groupe Cochin
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