On prend tous de l’âge, tous, mais à partir de quel moment avons-nous atteint le stade fatidique ? A partir de quand sommes-nous une personne âgée, ou terme plus politiquement correct, un senior ? Qu’est-ce qui caractérise cette tranche de la population ? Et surtout comment mieux la définir, pour mieux la comprendre, et donc pour mieux la soigner. Dans ce cours, Christine Paillard nous parle du fait du poids des années et de ce que cela implique...
C‘est avant tout une personne, c’est à dire un individu qui évoque aussi bien le féminin et le masculin. Des personnes possédant des facultés biologiques, psychologiques, psychiques, intellectuelles. Être social doté d’une conscience et doué de raison, la personne se caractérise par ses forces et ses faiblesses, ses droits et ses devoirs. Chaque personne traverse ses étapes de vie avec plus ou moins de facilités, de la jeunesse à l’adolescence, c’est ensuite l’autonomie et les projets qui caractérisent la vie d’adulte.
A quel moment la personne devient-elle âgée ? Avancée en âge, vieille ? Pour l’OMS, on devient âgé à partir de 60 ans. Pour répondre à cette question (B. Ennuyer), les Français répondent 69 ans, si on fait la moyenne arithmétique des réponses. Mais celles-ci sont différentes suivant l’âge des répondants. Pour les moins de 25 ans, cet âge est estimé à 61 ans alors que pour les plus de 65 ans, cet âge est de 77 ans et 8% d’entre eux le situent à plus de 80 ans. De plus, l’âge donné est aussi une affaire de catégorie sociale : "Dans les catégories populaires, chez les ouvriers (65 ans), et chez les personnes aux faibles revenus (66 ans), l’âge du vieillissement est largement anticipé en comparaison avec les catégories les plus aisées de la population (70 ans chez les cadres supérieurs et 72 ans chez les personnes aux revenus les plus hauts)".
Peut-on chiffrer le nombre de personnes âgées ? Selon l’Insee, au 1er janvier 2016, 12,5 millions de personnes résidant en France ont 65 ans ou plus, soit 18,8 % de la population. Cette proportion a progressé de quatre points en 20 ans, et place la France dans la moyenne de l’Union européenne. Autre fait marquant : 57 % des seniors sont des femmes. Or, du fait de leur plus grande longévité, leur part croît avec l’âge. En effet, elles représentent 52 % des personnes de 65 ans, mais les deux tiers à 85 ans et les trois quarts à 95 ans. Pour le centre d’observation de la société, il y aura deux millions de personnes âgées dépendantes en 2040.
“Les soins et les aides de compensation des handicaps que requièrent les personnes malades chroniques doivent être dispensés par des intervenants formés, en nombre suffisant, à domicile comme en institution
Vieillissement, vulnérabilité, et handicap
La personne âgée est par nature vulnérable, soumise au processus de vieillissement, aux transitions, au cumul des pertes (veuvage, maladies, perte de revenus…). Dans ce contexte social, économique, il y a la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement, promulguée le 28 décembre 2015 visant à construire une société où chacun puisse bien vieillir. Cette loi peut conduire le grand public à changer de regard sur le vieillissement, l'âgisme étant une représentation plutôt négative. Pour les soignants, la personne âgée est une personne soignée qui possède des droits. En tout, le texte comprend 14 articles qui affirment la dignité de la personne âgée dépendante dans un contexte de grande vulnérabilité. Le point 10 évoque la qualification des intervenants : “Les soins et les aides de compensation des handicaps que requièrent les personnes malades chroniques doivent être dispensés par des intervenants formés, en nombre suffisant, à domicile comme en institution”.
Pour Christophe de Jaeger, "le vieillissement - ou sénescence - peut se définir comme une diminution de la réserve physiologique des organes et des systèmes composant notre organisme qui possède des réserves fonctionnelles permettant de surmonter des situations difficiles (effort, maladie). L'organisme vieillissant n'a plus à sa disposition ces réserves. Il ne peut donc plus faire face avec succès à certaines situations physiologiques (effort, adaptation climatique) ou pathologiques (maladies, accidents). A cette réduction physiologique vont s'ajouter les séquelles des maladies ou accidents qui ont pu émailler la vie du patient (maladies cardiovasculaires, pneumologiques ou neurologiques). Cette réduction progressive conduit tout organisme vivant, après un laps de temps variable, à la mort".
Les soignants sont-ils préparés à répondre à la violence avec le professionnalisme bienveillant requis ?
La prise en charge d’un senior et la bientraitance du soignant
Vieillir en institution est complexe car en plus de la notion de dépendance, il y a les maladies neurodégénératives. Celles-ci comprennent les situations de démence, la maladie d’Alzheimer mais aussi Parkinson, la sclérose en plaque... La vulnérabilité qui peut être définie comme “une faiblesse, une déficience, un manque, une grande sensibilité spécifique à partir desquels l’intégrité d’un être, d’un lieu, se trouve menacée d’être détruite, diminuée, altérée (Yves Morhain) ».
La personne âgée a donc plus de 60 ans, elle peut être confrontée à des diminutions progressives de ses fonctions physiologiques ou neurologiques, ce qui peut entraîner une dépendance vis-à-vis du personnel hospitalier formé à cet effet. Elle peut donc, ensuite, glisser vers le statut de personne majeure incapable. Des recommandations, des chartes renforcent le caractère institutionnel bientraitant du soignant confronté à cette prise en charge globale des personnes dites en situation de grande vulnérabilité. Celles-ci peuvent d’ailleurs manifester de l’agressivité. Les soignants sont-ils préparés à répondre à la violence avec le professionnalisme bienveillant requis ? Il y a aussi la question des suicides de personnes âgées dans les établissements. D’après Jacqueline Trincaz, en 2006, en France, “près de 3000 personnes de plus de 65 ans se sont suicidées, au domicile comme en Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). La perte des rôles sociaux, la perte des proches, la maladie physique et psychique, l’altération de l’identité, et peut-être surtout le regard que la société porte sur cette période de la vie, apparaissent comme autant de facteurs qui viennent se conjuguer pour expliquer un tel phénomène”.
Pour aller plus loin : Ministère des solidarités et de la santé. Portail d’informations pour les personnes âgées
Christine Paillard Ingénieur pédagogique
Rédactrice Infirmiers.com christinepaillard@gmail.com Auteur du Dictionnaire de la relation et de la communication
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?