En tant que soignants, nous avons des devoirs...

Sonia R. est aide-soignante. Elle partage avec nous quelques états d’âme du moment... Et vous, vous en pensez quoi du métier ?

Depuis quatre années, je prends soin de personnes âgées au sein d’une EHPAD. Mon rôle consiste à surveiller l’état de bien-être ainsi que les changements soudains de comportement des résidents et à en référer à mes supérieurs. Je suis également apte à gérer - dans l’urgence ou en équipe - les problèmes apparentés à la vieillesse (ce qui est à ce jour mon expérience et mon choix).

La personne âgée est plus que vulnérable. De fait, elle n’est « pas à mettre entre n’importe quelles mains ». Pour travailler auprès d’elles, le seul et le véritable trait de caractère qu’il nous faut c’est le respect de l’autre et ce, bien au-delà de celui que l’on doit à la vie en général. Dotée d’une formation en « Humanitude », un concept proche de l’assistante en gérontologie, cela me permet d’avoir une approche plus ajustée, notamment avec des patients atteints de troubles cognitifs.

Je souhaite aujourd’hui poursuivre ma carrière. Tout en étant consciente que les médias, par la force des choses et de certains événements dramatiques, offrent à nos patients une image négative des soins prodigués dans le cadre du service public. Cela change forcément certains aspects de la prise en charge : climat de méfiance, remise en cause de nos prises en charge, de nos pseudo statuts de « magiciens »... Si nous vivons attachés inévitablement aux problèmes économiques qu’imposent la crise, ce n’est pas pour autant que, « nous soignants », nous minimisons nos actes, nos soins, notre qualité et notre quantité de travail et d’accueil.

Pour nous, l’arrivée d’un patient dans n’importe quel service soit-il, doit être gérée en gardant à l’esprit notre première mission, à savoir accueillir et mettre tout en œuvre pour que la personne soit rassurée et prise en charge avec chaleur. Ce n’est en effet pas évident de se retrouver dans une structure inconnue et à l’environnement angoissant. Notre rôle et d’accueillir, d’accompagner, de rassurer et de soigner puis de guérir – quand cela est possible - ou d’alléger les souffrances. Ce qui me parait important, c’est de prioriser l’accueil afin de minimiser l’impact négatif que peut ressentir un individu coupé de son environnement familial.

Notre métier est de soigner, rappelons-le. Dans le contexte actuel où l’individualisme est roi, il peut paraître difficile de penser à une autre personne que soi mais, en réalité, c’est ce que chaque soignant fait tous les jours. Lorsqu’il met sa blouse, la coupure avec ses problèmes personnels doit être immédiate et son attention portée toute entière vers la personne soignée. Ce n’est pas toujours facile d’accompagner dans la douleur et parfois jusqu’à la mort. De l’aide-soignant au chirurgien, tout le monde passe par ce chemin et apprend de ses expériences. En effet, nous ne naissons pas soignant, nous le devenons et notre formation nous y aide ainsi que notre travail quotidien qui, grâce à des remises en question permanentes, fait alterner de beaux moments (quand nous avons la délicieuse sensation d’avoir réussi à donner encore un peu de temps à un être humain) et des instants plus difficiles (malheureusement nos limites sont toutefois très humaines). Un soignant, c’est aussi une personnalité à part : sensibilité, caractère doux mais affirmé.

Je souhaite partager avec vous ces quelques réflexions permettant d’apprécier les motivations d'une aide-soignante. Je suis consciente que mes qualités et mes atouts peuvent être à la fois force et faiblesses mais je pense toutefois que ces dernières me permettent de me dépasser.

Aide-soignante, je suis à la recherche d'un poste où la maltraitance n'est pas une fatalité , où l'argent n'est pas le moteur des soins et où tout un chacun a droit à des soins de qualité. En tant que soignants, nous avons des devoirs, mais que sont devenus parfois les devoirs de ceux qui nous emploient ? 

Sonia R.