Les bibliothécaires et les médecins ont-ils encore une utilité ? A l'heure où il est possible de "googler" un diagnostic ou une prescription grâce au moteur de recherches le plus célèbre du web, Google, un documentaliste spécialisé en biomédecine s'interroge, dans le dernier "British Medical Journal".
Dean Giustini, bibliothécaire spécialisé en biomédecine à l'Université de Colombie Britannique de Vancouver, au Canada, rappelle la teneur d'une lettre récemment adressée au "New England Journal of Medicine". Un rhumatologue New-Yorkais rapportait la réponse de la personne qui présentait un cas clinique à une assemblée de professeurs éminents n'ayant pas réussi à établir un diagnostic, lorsque l'un d'entre eux lui a demandé comment elle-même y était parvenu. "J'ai rentré les principales caractéristiques dans Google et [le diagnostic"> est apparu", a expliqué l'intéressé.
Naturellement, ce genre de "tour de magie" n'est pas systématique. Dean Giustini ne manque d'ailleurs pas de rappeler, un peu plus loin, que le moteur de recherches Google* poursuit avant tout un but commercial.
L'auteur revient par ailleurs sur les débuts de la numérisation des ouvrages écrits, ainsi que sur la pratique en expansion des revues en accès libre. Internet est un outil précieux pour les recherches documentaires, de PubMed** à Cochrane*** en passant par TRIP**** ou les bases de données UpToDate*****, souligne Dean Giustini. L'outil de recherche "scientifique" de Google, "Google Scholar"****** constitue "une addition utile" à ces sources, même s'il "ne devrait jamais être utilisé seul", estime-t-il.
"On raconte que les fondateurs [de Google"> Sergey Brin et Larry Page sont intéressés par une utilisation de leurs ordinateurs pour contribuer à l'avancement de la science médicale", rapporte l'auteur, évoquant "l'analyse de séquences de gènes".
Toutefois, si Google "souhaite faire quelque chose pour la médecine, [il"> devrait penser à créer un portail médical", avec "des filtres médicaux et de meilleurs algorithmes, afin de mener aux meilleures preuves (sans oublier d'interroger les bibliothécaires sur la localisation des meilleures preuves). Ce genre d'outil à utilisations variées fait cruellement défaut en médecine, en particulier pour les pays en développement", estime l'auteur./mrv
(British Medical Journal, 24 décembre 2005, vol.331, n°7.531, p. 1.487-1.488)
* www.google.com
** http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/
*** http://www.cochrane.org
**** www.tripdatabase.com
***** http://www.uptodate.com/
****** http://www.scholar.google.com
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