Comme anticipé en début de semaine, quand elle a annoncé avoir convoqué son comité d’urgence pour le mercredi 14 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché son plus haut degré d’alerte au niveau international face à la diffusion de la mpox – monkeypox ou variole du singe. En cause : la propagation sur le continent africain d’une nouvelle souche du virus, baptisée « Clade 1b », plus transmissible et plus mortelle. Au cours du mois dernier, environ 90 cas de cette nouvelle souche ont ainsi été signalés dans quatre pays voisins de la République démocratique du Congo (RDC), où elle est apparue, et qui n'avaient jamais signalé de mpox auparavant : Burundi, Kenya, Rwanda et Ouganda, a rappelé Tedros Adhanom Ghebreyesus lors de l’ouverture du comité d’urgence. « Mais nous ne faisons pas face à une seule épidémie et à un seul Clade. Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différents Clades dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque », a-t-il poursuivi.
La veille, mardi 13 août, l’agence de santé de l’Union africaine (Africa CDC) avait d’ores et déjà déclaré « une urgence de santé publique », soit son plus haut niveau d’alerte. « Le mpox a désormais traversé les frontières, touchant des milliers de personnes à travers notre continent », avait alors indiqué Jean Kasenya, son président, lors d’une conférence de presse, pour justifier son annonce. « Cette déclaration n'est pas une simple formalité, c'est un appel clair à l'action. C'est une reconnaissance du fait que nous ne pouvons plus nous permettre d'être réactifs. Nous devons être proactifs et agressifs dans nos efforts pour contenir et éliminer ce fléau », avait-il ajouté.
Un virus qui réclame une action internationale coordonnée
« Aujourd'hui, le comité d'urgence s'est réuni et m'a fait savoir qu'à son avis, la situation constitue une urgence de santé publique de portée internationale. J'ai accepté cet avis », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus à l’issue de la réunion, lors d’une conférence de presse. Il a notamment appelé à renforcer la surveillance du virus et de sa propagation, soulignant le manque de vaccins disponibles et alertant sur le fait que la situation en Afrique n’est probablement que « le sommet de l'iceberg ». Les faiblesses des systèmes de santé ne permettent en effet pas d’avoir une vue d’ensemble sur « le fardeau que représente le mpox ». Un premier cas importé de ce variant plus dangereux a d’ailleurs déjà été détecté en Suède, poussant la branche Europe de l’OMS à prévenir que d’autres cas pourraient apparaître prochainement dans les pays européens. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) considère toutefois pour l'heure ce risque comme étant très faible.
Le déclenchement de ce plus haut niveau d’alerte a notamment pour but de sensibiliser l’ensemble des pays au danger de la maladie et à les inciter à accroître leur aide dans la lutte pour y mettre fin. Il permettra également à l’OMS d’accéder à des fonds pour des interventions d’urgence. En juillet 2022, face à la flambée du nombre de cas, l’OMS avait déjà décrété une alerte maximale, avant de la lever en mai 2023. Pour autant, celle-ci n’avait pas « conduit à une amélioration significative de l'accès aux diagnostics, aux traitements ou aux vaccins pour les pays africains », avait déploré Boghuma Titanji, professeur adjoint de médecine au Département de médecine de l'Université Emory aux États-Unis, en amont de la décision de l’OMS. « La dépendance excessive à l'égard de l'aide extérieure a souligné une faille majeure dans les efforts de réponse actuels », a-t-il ajouté. De son côté, par la voix de sa commissaire de la santé, Stella Kyriakides, l'Union européenne s'est engagée à intensifier ses actions de soutien à la lutte contre le mpox. « Les menaces sanitaires qui ne connaissent pas de frontières nécessitent des partenariats solides, a-t-elle déclaré sur X.
The EU 🇪🇺 is stepping up action to support a united response at all levels as @WHO declares the #mpox outbreak in Africa a health emergency of international concern.
— Stella Kyriakides (@SKyriakidesEU) August 14, 2024
Health threats that know no borders need strong partnerships. https://t.co/DBet1pFftV
Un total de 38.465 cas ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, lors du déclenchement de la flambée épidémique, pour 1.456 décès. Une augmentation de 160% des cas en 2024 comparé à l'année précédente a notamment été observée, selon des données publiées la semaine dernière par l'Africa CDC. Le taux de létalité du virus est estimé à 3%, les enfants de moins de 15 ans étant désormais les plus touchés : ils représentent 60% des cas. En France, la Haute autorité de santé (HAS) avait réactualisé ses recommandations concernant la vaccination contre la mpox en janvier 2023.
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