Alors qu'Israël a entamé une opération terrestre du Liban, après plusieurs jours de bombardements de son voisin et d'opérations ciblées contre le Hezbollah, «les infirmières libanaises, formées à la gestion des catastrophes, n'étaient pas préparées aux pertes massives de vies humaines dont elles ont été témoins ces dernières semaines », a affirmé la présidente de l'Ordre libanais Abir Kurdi Alame lors d'un échange avec le directeur général du CII, Howard Catton. « Nous avons dû travailler avec plus de 2 800 blessés en même temps et nous occuper des personnes décédées».
40% des hôpitaux dans les zones dangereuses
«Les chiffres augmentent chaque jour. Quatre infirmières sont décédées, d'autres sont gravement blessées et de nombreuses infirmières risquent désormais leur vie pour se rendre au travail : elles craignent pour leur vie», explique Abir Kurdi Alame.
«Aujourd'hui, nous travaillons avec un minimum d'infirmières dans ces régions. Plus de 40 % des hôpitaux se trouvent désormais dans les zones dangereuses . Nous sommes obligés de fonctionner mais dans des situations très dangereuses. » La présidente Alame a indiqué que sur les 11 hôpitaux visés, deux ne fonctionnent plus du tout, et que les autres ont réduit leurs installations et n'ont plus la capacité d'effectuer des opérations : ils ne fonctionnent en fait que dans l'urgence. Elle a précisé que certains des hôpitaux attaqués avaient reçu un avertissement d'évacuation dans les 30 minutes.
Droit humanitaire international
Monsieur Catton s'est dit profondément préoccupé par le fait que le droit humanitaire international (DIH) ne sois pas respecté et appliqué dans le monde, observant que le CII avait fait état d'un nombre croissant d'attaques contre des établissements de santé . Il a demandé à la présidente Abir Kurdi Alame si la normalisation de ces attaques entraînait une perte de confiance dans le droit international.
« Oui, c'est une préoccupation très importante. J'ai discuté avec de nombreux directeurs de soins infirmiers, et ils ont vraiment demandé à notre ordre d'élever la voix et de dire que nous avons besoin d'être au moins en sécurité dans nos installations pour pouvoir fournir des soins. Leurs infirmières partent, et je ne peux pas les blâmer, car elles ont beaucoup de personnes à charge et leurs familles », a répondu la présidente de l'Ordre. Au Liban, les infirmières travaillent actuellement soit en première ligne auprès des blessés, soit dans d'autres hôpitaux débordés par la charge de travail, soit dans des situations de santé primaire pour aider les 1,2 million de personnes déplacées, dont 300 000 dans des abris de fortune, auxquelles le Liban doit faire face.
Une paix "nécessaire"
La présidente de l'Ordre libanais a fait savoir que l'Ordre s'efforçait d'améliorer la situation de la main-d'œuvre dans son pays, en incitant de nombreuses infirmières à la retraite à reprendre le travail. «De nombreux étudiants en soins infirmiers ont également interrompu leurs études pour travailler là où l'on a besoin d'eux», a-t-elle affirmé. «Nous craignons vraiment que la situation ne s'aggrave. Nous craignons de perdre les infirmières qui nous restent, nous craignons que le nombre d'inscriptions à la profession d'infirmière ne diminue, compte tenu de toutes les difficultés auxquelles les infirmières sont confrontées», a-t-elle indiqué. «J'espère que cette situation prendra fin - la paix est vraiment nécessaire. Les solutions politiques ou autres sont les meilleures pour résoudre quoi que ce soit. Mettons fin à la guerre. Mettons fin à tout type de violence. Respectons toutes les lois internationales. Restons fidèles à l'humanité», a-t-elle conclu.
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