« L’année 2023 a été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires », et l’année 2024 pourrait s’avérer pire. À l’occasion de la journée mondiale de l’humanitaire, ce lundi 19 août, l’Organisation des nations unies (ONU) déplore la violation des lois internationales censées réglementer la conduite des conflits armés et limiter les impacts sur les acteurs de l’humanitaire. « Le monde échoue à [les] protéger et, par extension, les personnes qu’ils servent », regrette-t-elle dans un communiqué, pointant de plus l’impunité des auteurs de ces violations qui « continuent d’échapper à la justice ».
Une augmentation inquiétante des attaques contre les acteurs du soin
Son indignation trouve écho chez les organisations de professionnels de santé, qui condamnent d’une même voix avec les humanitaires, « l'escalade de la violence visant les établissements et le personnel de santé. » « Le nombre d'attaques ayant entraîné la mort ou des blessures parmi le personnel de santé a augmenté de 75 % au cours des trois dernières années par rapport aux trois années précédentes », provoquant une hausse de 240% du nombre de morts parmi les personnels de santé, s’alarme le Conseil international des infirmières (CII) dans un communiqué, citant les données globales fournies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les attaques contre les installations et véhicules de soins, leur utilisation à des fins militaires, et l’utilisation abusive des signes de protection, tels que le symbole de la Croix rouge, constituent des violations du droit humanitaire international ; or celles-ci sont « bien trop souvent commises en toute impunité », s’indigne-t-il.
« Si les dirigeants mondiaux continuent de détourner le regard lorsque le droit international humanitaire est violé, lorsque des professionnels de la santé sont pris pour cible, tués ou blessés dans le cadre de leur travail quotidien dans des zones de conflit, alors les auteurs de ces actes poursuivront leurs attaques contre les établissements et le personnel de santé », renchérit Catherine Duggan, présidente de l’Alliance mondiale des professions de santé (WHPA*, qui réunit 5 organisations internationales, dont le CII) et directrice générale de la Fédération internationale pharmaceutique. Le 6 août dernier, le CII exhortait déjà l’ONU à prendre des mesures décisives contre ces attaques délibérées.
La protection de ces professionnels, une "obligation juridique"
En février 2024, une lettre ouverte signée par la WHPA appelait à protéger les établissements et les professionnels de santé dans les zones de conflit. « La protection des établissements et du personnel de santé contre toute atteinte n'est pas seulement un impératif moral, mais une obligation juridique inscrite dans le droit international humanitaire », martelait-elle. Le devoir humanitaire des professionnels de santé, « fondamental », exige « un minimum de respect, d’honnêteté et de paix », réclamaient les 5 organisations, intimant à toutes les parties impliquées dans les conflits à respecter tous les aspects du droit humanitaire. Cette lettre faisait suite à une augmentation significative des attaques contre les systèmes de soin, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et à Gaza.
*Organisation constituée du Conseil international des infirmières (CII), de la Fédération dentaire internationale (FDI), de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP), de l'Association médicale mondiale (AMM), et de World Physiotherapy.
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