Dans le cadre d’un Master 2 de Sciences de Gestion et du Management (spécialité Ressources Humaines), une cadre de santé a mené une étude professionnelle sur la prévention des risques psychosociaux dans son hôpital.
Pour ce travail, elle a obtenu le 1er prix 2010 SSQT (Santé, Sécurité et Qualité de vie au Travail en intégration à une politique de ressources humaines) pour le meilleur mémoire/ rapport de stage (prix remis par l'Association AINF, l'Institut d'Audit Social, et Référence RH, dans les locaux de l'ESSEC, à Paris, le 8 décembre 2010).
L'étude a été réalisée dans un CHU employant près de 6000 salariés, que nous ne nommerons pas, pour des raisons de confidentialité. Elle avait pour objectif de rechercher l’exposition des infirmiers à des risques psychosociaux spécifiques ou non, dans le but de proposer des recommandations afin de les réduire.
Pour cela, dix entretiens ont été réalisés avec des infirmiers et infirmières de l'établissement de santé, pour expliciter les facteurs de risques psychosociaux propres à cette catégorie socioprofessionnelle.
Ces données ont pu être enrichies par les propos d'infirmières recueillis lors de discussions informelles, dans le cadre d'une observation participative sur le terrain.
Les entretiens ont à la fois mis en évidence des tensions pouvant constituer des facteurs de risques psychosociaux mais aussi des facteurs de satisfaction au travail pouvant constituer des facteurs de protection.
La plupart des infirmières interrogées expriment leur difficulté à exercer leur métier tel qu'elles le conçoivent. L'écart entre les contraintes choisies et subies est de plus en plus important. A la course contre le temps s'ajoute l'absence de droit à l'erreur.
Horaires contraignants et changements de planning perturbent le rythme biologique des infirmières, ainsi que leur vie sociale et familiale. Ne se sentant pas toujours soutenues par la hiérarchie, les infirmières regrettent l'absence de groupes de travail et le non aboutissement de leurs projets.
D'autre part, l'engagement dans leur métier est sans doute la ressource qui leur permet de relativiser les contraintes. Les infirmières éprouvent un sentiment d'utilité de leur travail, qu'elles jugent gratifiant.
L'importance du soutien de l'équipe de travail, de l'aide des collègues et de la bonne ambiance au travail est soulignée dans tous les entretiens. Le soutien des cadres de santé apparaît, lui aussi, indispensable. Plusieurs infirmières interrogées regrettent les maladresses ou l'attitude autoritaire de certains cadres.
Cette étude permet de définir quelques plans d'action. La prévention des risques psychosociaux doit s'inscrire dans une démarche institutionnelle. L'engagement de l'ensemble de la Direction est primordial. La création d'un groupe pilote, incluant le service de santé au travail et les partenaires sociaux, paraît nécessaire.
Il faut dans un premier temps éclaircir le sujet et lever le tabou des risques psychosociaux, ainsi que leur déni. Chacun doit être conscient que le travail peut avoir des répercutions sur la santé.
Le Document unique d'évaluation des risques est la transposition par écrit de l'évaluation des risques. Le Code du Travail l'impose à tout employeur. Il doit être considéré comme un réel outil de pilotage de la prévention des risques psychosociaux, car il identifie les risques prédominants à chaque activité, ainsi que le niveau de risque.
Le projet doit comprendre aussi la réalisation d'actions correctives, en privilégiant la prévention primaire, mais aussi en développant des structures d'écoute et d'accompagnement des salariés en difficulté. A moyen terme, les outils mis en place devront être évalués pour améliorer le dispositif.
Pour réduire l'absentéisme et le turn-over, il paraît nécessaire d'améliorer l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants, ainsi que de prévenir l'épuisement professionnel.
Les risques psychosociaux liés à la charge mentale pourront être réduits en réfléchissant à une organisation du travail permettant de recentrer les infirmières sur le soin aux patients et par des techniques d'amélioration de la gestion du stress. Il s'agit, en outre, de réduire les contraintes horaires et de travail.
Il faut veiller à ce que le management soit à l'écoute. Le personnel encadrant devrait être formé sur le thème des risques psychosociaux. Au-delà de la formation, il faut qu'il manifeste une réelle envie d'écouter et de prendre en considération la parole entendue.
Quelle autre organisation qu'un établissement de santé serait mieux à même de prendre en considération la santé de son personnel ? Un hôpital a tout intérêt à prévenir les risques psychosociaux de ses salariés, d'autant que leur engagement passe par une réponse à leurs attentes de bien-être pour mieux vivre au travail.
Axelle VAISSE
Etudiante en journalisme
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