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SAPEURS POMPIERS

Infirmier de sapeur-pompier et prise en charge pré-hospitalière

Publié le 06/03/2014
intervention sapeurs pompiers

intervention sapeurs pompiers

Infirmier exerçant à l’hôpital et infirmier de sapeur-pompier volontaire, je souhaite réagir, dans cet article, à la lutte intestine qui secoue aujourd’hui les instances « dites » représentatives des SAMU et des Services de Santé et de Secours Médical (SSSM) des pompiers (médecins, infirmiers, pharmaciens de sapeurs-pompiers).

Les échelons intermédiaires, dans certains contextes, pourraient être plus appropriés dans la prise en charge pré-hospitalière

Pourquoi ces instances sont-elles « dites » représentatives ? Parce qu'en discutant avec des médecins du SMUR, je n'ai jamais entendu d'échos négatifs ou de véhémence à l'encontre des SSSM et en particulier au sujet des infirmiers de sapeurs-pompiers (ISP). Certains me disent en effet que ces échelons intermédiaires, dans certains contextes, peuvent être plus appropriés dans la prise en charge pré-hospitalière...

Lire ici l'article "Oui, les infirmiers de sapeurs-pompiers sont compétents... "

Dans mon département, les ISP en pré-hospitalier se comptent sur les doigts d'une main et ne sont que très rarement en intervention de secours pré-hospitalier. Mis à part quelques personnes et dans de rares cas, comme la grande majorité des médecins de sapeurs-pompiers (MSP), les ISP n'assurent que des missions internes au Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS), à savoir la médecine d'aptitude, la formation ainsi que le soutien sanitaire aux sapeurs-pompiers en formation ou en intervention. Toutefois, ce ne sont pas les missions internes qui sont remises en cause mais le fait que notre engagement d'ISP viderait les hôpitaux. Les missions pré-hospitalières, où nous n'intervenons que très rarement dans notre département comme je l'ai précisé précédemment, sont elles aussi pointées du doigt. Je vais donc parler de ces deux points....

Notre engagement citoyen, nous le pratiquons sur notre temps de repos

Pourquoi l’engagement volontaire des ISP viderait-il les hôpitaux ?

Alors certes, la plupart des ISP que je connais viennent de l'hôpital et plus particulièrement des services des urgences, de SMUR, de réanimation ou encore de bloc et j'y reviendrai, mais comme les artisans, les employés de mairie ou les boulangers qui s'engagent comme pompiers volontaires, nous n'exerçons cette passion que sur notre temps de repos. Il est vrai que certains pompiers volontaires ont des facilités avec leurs employeurs et peuvent quitter leur emploi le temps d'une intervention mais la plupart doivent cependant récupérer le temps de travail non effectué. J’ai également lu que notre engagement diminuerait notre disponibilité à travailler. Certes, nous nous ajoutons une activité et nous devons articuler notre engagement volontaire avec notre emploi hospitalier et notre vie privée mais ce temps donné n’est imputé que sur notre temps privé.

À ce premier point, ma réponse est donc non, nous ne vidons pas les hôpitaux. Notre engagement citoyen, nous le pratiquons sur notre temps de repos et non en tant qu’ISP, nous n’avons pas de facilités avec notre employeur pour partir lors de notre temps de travail. A noter qu'au-delà de notre disponibilité pour l'hôpital, nous faisons régulièrement des heures supplémentaires. N'y aurait-il pas là un autre problème ? Celui de la diminution des embauches ou du non remplacement des arrêts maladie par exemple...

La prise en charge en pré-hospitalier, un réel problème ?

Selon le Docteur Giroud1, l’infirmière crée un retard à l’intervention médicale car les pompiers appliquent des protocoles de soins définis en interne et qui ne sont pas ceux de la société française de médecine d’urgence qui, à nos yeux, est la référence […] Les infirmiers n’ont pas les outils, les compétences ni la mission de faire des analyses de besoin en matière de santé....

Comme je l'ai souligné précédemment, dans mon département, nous ne sommes qu’une poignée d’ISP à  faire des prises en charge pré-hospitalières, à de très rares occasions et toujours sous régulation du SAMU. De plus, dans les départements où les ISP travaillent sur protocoles, j’aimerais juste rappeler que ces protocoles sont établis et signés par des médecins (de sapeurs-pompiers), parfois co-écrits/co-signés par les SAMU locaux. En outre, les ISP sont formés et recyclés tous les ans à ces protocoles.

Je souhaiterais aussi revenir sur un autre point. La plupart des ISP viennent de services d’urgences, de SMUR, de réanimation, de bloc… Dans ces services, ces infirmiers n’ont-ils pas toute la confiance des médecins hospitaliers ? Ne sont-ils pas des piliers sur lesquels les médecins s’appuient afin d’établir leur « analyse médicale » ?

Les infirmiers ne sont-ils pas des piliers sur lesquels les médecins s’appuient afin d’établir leur « analyse médicale »

Les ISP ne seraient-ils pas en fait la solution à bien des problèmes ?

A titre d'exemple, voici une situation qui montre l'utilité que peut avoir l'ISP lors d'une intervention pré-hospitalière...

Une équipe secouriste pompier intervient chez une dame en état de mal épileptique. Leur bilan au SAMU étant femme ayant 30 secondes de convulsions généralisées toutes les 2 minutes. L’équipe demande, logiquement, l’aide d’une équipe médicale que le SAMU refuse tout en demandant que la victime soit évacuée à plat strict. Étant au 8ème étage d’un immeuble, l’équipe profite d’une demande de renfort pour l’évacuation "à plat strict” pour demander au SSSM une aide médicale. Le médecin-chef décide d’envoyer sur place, un infirmier seul. Arrivé sur les lieux, l’équipe annonce à l’ISP qu’un SMUR a été engagé à l’annonce de son engagement. Après un bilan rapide, l’ISP pose une voie veineuse et appelle le SAMU afin de passer un bilan et demander des consignes comme l’administration d’un anticonvulsivant… Réponse catégorique, vous ne faites rien, vous n’administrez rien et vous attendez l’équipe SMUR qui va arriver ! Alors conclusion ? Qui retarde la prise en charge de la victime dans ce cas particulier ? Est-ce l’ISP sur place en premier mais à qui le SAMU ne laisse rien faire ou bien le SAMU qui n’a pas envoyé le SMUR aussitôt après la demande de l’équipe secouriste ?

Pour finir, dans un contexte de désertification médicale, de mutualisation des moyens hospitaliers et de restriction budgétaire, mais aussi au vu du nombre croissant de transports primo-secondaires et donc des absences prolongées des équipes SMUR de leurs lieux d’interventions, les ISP ne pourraient-ils pas trouver une place dans le secours médical pré-hospitalier français ? Il est clair qu’il n’est pas question de remplacer des SMUR par des ISP mais, lors de certaines interventions, ne pourrait-il exister un échelon intermédiaire permettant soit de récupérer un bilan plus poussé pour aider aux décisions du SAMU, soit un échelon tampon en attendant l’arrivée parfois tardive d’un SMUR ? J’espère qu’une collaboration intelligente pourra exister et être mis en œuvre dans l’intérêt des personnes prises en charge, nos concitoyens. Affaire à suivre...

Note

  1. Le petit Journal du Tarn et Garonne - Propos du Dr Giroud - Novembre 2013

ToMa Infirmier de sapeur-pompier


Source : infirmiers.com