Florence Nightingale, née le 12 mai 1820 à Florence, morte le 13 août 1910 à Londres, est une infirmière britannique, pionnière des soins infirmiers modernes et de l'utilisation des statistiques dans le domaine de la santé. Alex Attewell en dresse le portrait au travers de différents articles. Celui-ci est consacré aux méthodes d'enseignement.
L’éducation imprégnait presque toutes les dimensions de sa vie. Deux préoccupations l’inspiraient : les méthodes d’enseignement devaient avoir un caractère pratique et correspondre aux objectifs susceptibles d’être définis.
Elle s’intéressa vivement à l’école élémentaire du village près duquel se situait la maison familiale des Nightingale, dans le Derbyshire. Elle acquit des ouvrages pour sa bibliothèque tout en s’attachant à d’autres formes d’apprentissage. Elle recommandait que l’on mette à profit la richesse géologique du Derbyshire en utilisant des spécimens de roches et de minéraux pour faciliter l’enseignement. On était bien loin des méthodes sinistres de M. Gradgrind, caricature de l’instituteur victorien dépeint par Charles Dickens.
Son intérêt pour les écoles s’étendait jusqu’aux colonies britanniques. Ce qui l’intéressait particulièrement, c’était l’effet de la scolarisation sur la santé des enfants. En 1863, sous le patronage du duc de Newcastle, elle réalisa une étude statistique sur 143 écoles coloniales d’Afrique du Sud, d’Australie, du Canada et de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). Elle craignait que les méthodes d’enseignement européennes ne conviennent pas aux populations autochtones. Dans une correspondance échangée avec Sir George Grey, gouverneur de la Nouvelle-Zélande, elle expliquait : « Confiner dans une salle de classe, tous les jours et pendant plusieurs heures un certain nombre d’enfants, en les gavant de formules impressionnantes, [serait] fatal à une race soumise à ce traitement pour la première fois. Cela nuirait à la santé de ces enfants, les vouerait à la scrofule et à la tuberculose, et équivaudrait en fait à une lente torture conduisant à la mort » (Keith, 1995). Selon Jocelyn Keith, ses conseils semblent être demeurés lettre morte.
À la fin des années 1860, elle s’intéressa à l’éducation des pauvres qui vivaient dans des hospices. Ses critiques acerbes du régime répressif imposé aux pensionnaires de ces établissements rencontrèrent un large écho. Au lieu de punir les pauvres, soutenait-elle essentiellement, il fallait les initier à des façons de s’aider eux-mêmes. Il était donc important de mettre en place un enseignement pratique qui les familiariserait avec diverses formes de travail manuel. Elle voulait retirer les enfants de ces hospices et leur donner un enseignement dans les établissements de formation à l’industrie, récemment créés.
En raison de sa longue amitié avec M. Benjamin Jowett, directeur du Balliol College de l’Université d’Oxford, elle fut conduite à s’interroger sur l’enseignement supérieur. Dans les années 1870, elle avait appuyé la proposition de créer, à la mémoire d’Adolphe Quetelet, fondateur des statistiques modernes, une médaille récompensant des travaux statistiques. Au début des années 1890, Jowett raviva son désir de promouvoir les statistiques et la présenta au mathématicien Francis Galton. Ensemble, Nightingale et Galton conçurent des plans pour la création d’une chaire de statistiques à Oxford. Dans une lettre à Galton datée du 7 février 1891, Florence Nightingale suggérait que cette chaire aide à développer les statistiques sur l’éducation, la criminologie, les hospices et l’Inde. Ces propositions n’eurent pas de suite et les historiens ont débattu des raisons de cet échec. Il est à noter que l’intérêt manifesté par Florence Nightingale pour les applications pratiques des statistiques aux problèmes sociaux n’était pas partagé par la majorité des universitaires de son temps. Karl Pearson, père des 11 statistiques modernes appliquées, reconnut toutefois certaines vertus aux idées de Florence Nightingale sur ce sujet, de sorte que ses efforts ne furent pas entièrement vains.
Pour conclure
Lors d’une intervention dans les universités de St. Andrew’s et de Glasgow, Florence Nightingale énonça un principe qui correspondait parfaitement à sa vision des choses : « … l’éducation ne sert pas à apprendre à savoir, mais à agir » (Nightingale, 1873, p.576). Il paraît équitable de juger sa contribution à l’éducation à l’aune de l’effet pratique de ses réformes. Une lettre que lui adressa Benjamin Jowett pourrait lui servir d’épitaphe : « Vous avez suscité un grand élan romantique il y a 23 ans lorsque vous êtes revenue de Crimée... et aujourd’hui vous continuez à travailler en silence sans que personne ne sache combien de vies vos infirmières sauvent dans les hôpitaux ; combien de milliers de soldats... sont aujourd’hui vivants grâce à votre prévoyance et à votre diligence ; combien d’Indiens de cette génération et des générations à venir ont été préservés de la famine et de l’oppression, et soulagés du fardeau de leurs dettes grâce à l’énergie d’une femme malade qui peut à peine quitter son lit. Le monde ne sait rien de cela ou n’y pense pas. Mais je le sais et j’y pense souvent » (31 décembre 1879).
Notes sur l'auteur : Alex Attewell (Royaume-Uni)
Après avoir occupé le poste de conservateur adjoint du musée d’un hôpital dans l’ouest de l’Angleterre, il est entré au musée Florence Nightingale de Londres en 1989. Membre associé de la Museums Association en 1993, il est nommé conservateur du musée Florence Nightingale en 1994. Il est souvent appelé à donner des conférences, à participer à des émissions de radio et de télévision et à organiser des expositions temporaires sur le thème qui lui est familier.
Ce texte est tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXVIII, n° 1, mars 1998, p. 173-189. ©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000
Alex ATTEWELL
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