Des classes d'école pourront être fermées à partir de trois cas groupés de syndrome grippal, a précisé mardi le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, au cours d'une conférence de presse sur la grippe A(H1N1).
La conférence de presse a été organisée juste après une réunion -pour la 2ème fois cet été- de la cellule de crise du ministère de l'éducation nationale sur la grippe A(H1N1) et à la suite d'une séance de travail avec la trentaine de correspondants "grippe" qui ont été désignés dans chaque académie.
Luc Chatel, qui est par ailleurs porte-parole du gouvernement, a rappelé que la situation actuelle était une grippe A(H1N1) de "gravité modérée, notamment chez les enfants" et a donc exclu le report de la rentrée scolaire, qui se tiendra le 2 septembre, ainsi que la fermeture préventive des établissements, dans la ligne des recommandations d'experts de l'Union européenne.
Jeudi, le comité de sécurité sanitaire de l'Union européenne a indiqué dans un communiqué que les Etats membres ne voyaient "pas la nécessité, pour le moment, d'ordonner des fermetures massives d'écoles à titre préventif. Toutefois, les Etats membres préconisent actuellement la fermeture locale d'écoles en cas de diagnostic d'infections chez des élèves dans le but de retarder la transmission du virus. L'utilité de cette approche dépend clairement de la rapidité d'action. Du reste, pour garantir leur efficacité, les fermetures d'écoles doivent être assorties d'autres mesures, prévenant notamment d'autres formes de rassemblement d'enfants".
En France, la fermeture de classes pourra être décidée pour des cas groupés, c'est-à-dire lors de la survenue d'au moins trois cas de syndromes grippaux en moins d'une semaine dans une même classe ou dans des classes différentes avec des activités partagées, telles que la cantine par exemple, a précisé le ministre de l'éducation nationale, en soulignant que la définition de ces cas groupés a été fournie par l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Le directeur d'école ou le chef d'établissement doit signaler ces cas groupés sans délai à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) ainsi qu'aux autorités académiques qui informent le préfet. Il doit rechercher les contacts proches des cas groupés dans les 24 heures ayant précédé la situation jusqu'aux mesures d'isolement et conseiller aux personnes contacts proches ayant des facteurs de risque de consulter un médecin rapidement.
La fermeture locale relève de la compétence des préfets de département. La fermeture générale relèverait d'une décision du centre interministériel de crise (CIC), sur recommandation de la ministre de la santé.
La fermeture locale de tout ou partie des écoles est une décision qui n'est "pas automatique", qui "peut être envisagée" et décidée au "cas par cas" en concertation avec les acteurs locaux, dont les collectivités territoriales. Elle doit être guidée par deux critères, "la situation épidémiologique locale et nationale ainsi que la rapidité d'action", commente Luc Chatel, en saluant les bonnes décisions prises à cet égard en fin d'année scolaire face à des cas groupés à Toulouse et dans le Val-de-Marne et dont l'expérience a servi à l'élaboration du dispositif.
La réouverture locale des classes est également décidée par le préfet et est soumise à trois conditions: la fermeture pendant au moins six jours consécutifs, la réintégration après la fin de la période de contagiosité de sept jours, l'aération et le nettoyage complet des locaux.
Le dossier de presse mentionne une circulaire interministérielle (santé, intérieur, éducation) attendue fin août et relative au traitement des cas groupés.
Interrogé par la presse, le ministre de l'éducation nationale a confirmé la fermeture de 11 classes actuellement en Polynésie française.
APPEL A LA SOLIDARITE POUR FAIRE FACE A L'ABSENTEISME DES PARENTS
Luc Chatel a également insisté sur la mise en place du dispositif le plus en amont possible avant que n'apparaissent des cas groupés, dès les premiers cas suspects. Il en appelle ainsi "au bon sens des parents" pour qu'ils n'envoient pas leurs enfants à l'école "comme pour n'importe quelle autre maladie" et pour qu'ils contactent leurs médecins traitants.
A propos de l'impact des fermetures de classes sur l'absentéisme au travail des parents, Luc Chatel en a appelé à la "solidarité familiale, de voisinage ou au sein de la commune". "Qu'est-ce qui se passe quand vous avez une épidémie de gastro-entérites en plein coeur de l'hiver?", a demandé le ministre de l'éducation nationale. La grippe A(H1N1) devrait néanmoins toucher plus de monde que la grippe saisonnière et la fermeture de classes implique de trouver une garde même pour des enfants non malades, note-t-on.
Dans le dépliant de quatre pages "vous informer sur la grippe A/H1N1 et la scolarité de votre enfant" édité pour la rentrée à 12 millions d'exemplaires par le ministère de l'éducation nationale, il est indiqué qu'"aucun mode de garde alternatif n'est mis en place, précisément pour éviter le regroupement d'enfants qui favorise la diffusion du virus".
Dans un communiqué diffusé lundi, l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (Umespe, branche spécialiste de la Confédération des syndicats médicaux français, CSMF) a fait part de ses inquiétudes vis-à-vis des mesures décidées par le ministre de l'éducation nationale "impliquant forcément des fermetures massives d'écoles lorsque la pandémie H1N1 atteindra son apogée".
L'Umespe-CSMF rappelle que "les professions de santé (médecins, infirmiers, paramédicaux) sont souvent des adultes jeunes avec des enfants en bas âge et la fermeture des écoles va entraîner forcément une augmentation de l'absentéisme en milieu hospitalier".
La semaine dernière, le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) a également mis en garde les pouvoirs publics contre l'impact de la fermeture des écoles sur l'absentéisme des soignants, rappelle-t-on (cf dépêche APM CBMHC003).
LE ROLE DES MEDECINS ET DES INFIRMIERES SCOLAIRES
Le ministre de l'éducation nationale a souligné le rôle que pouvaient jouer les médecins et les infirmières scolaires dans "l'information, la formation, la préparation et l'organisation des différents dispositifs de réponse". Une circulaire sur le sujet a été signée le 9 août et sera "diffusée dans les prochains jours".
Les médecins et les infirmières scolaires "sont les mieux placés pour répondre aux demandes des parents (...) faire de l'information, de la sensibilisation, de la pédagogie, fournir des explications en amont". Ils pourraient également "remplir d'autres missions" si les directives de la CIC et du ministère de la santé devaient évoluer. Mais "nous n'en sommes pas là pour l'instant", a précisé à l'APM Luc Chatel.
Interrogé par ailleurs sur les faibles effectifs des médecins et des infirmières scolaires, le ministre de l'éducation nationale a répondu qu'ils représentaient l'un des maillons de la chaîne qu'il fallait activer, mais qu'ils n'étaient pas les seuls.
Luc Chatel a évoqué enfin que l'infirmerie ou un autre local adapté pourrait devenir un lieu d'isolement au sein des établissements scolaires, dans l'attente de leur prise en charge par leurs médecins traitants, pour les élèves ou le personnel ayant développé des symptômes grippaux sur place au cours de la journée.
PAS DE VACCINATION SYSTEMATIQUE DES ENFANTS DANS LES ECOLES
Interrogé par l'APM sur la question de la vaccination des enfants de moins de 18 ans, Luc Chatel a répondu que cela relevait de la compétence et de la responsabilité du ministère de la santé et qu'"à ce stade, il n'était pas prévu de vaccination systématique à la fois collective ou pour des catégories de population ciblées".
Le dépliant de quatre pages sur la grippe A(H1N1) qui sera distribué à la rentrée aux parents d'élèves mentionne qu'"une campagne de vaccination aura lieu à partir de cet automne. Vous serez informé le moment venu de son organisation".
Le ministre de l'éducation nationale a expliqué à la presse que cette formulation ne signifiait pas que la campagne de vaccination serait faite de manière organisée dans les écoles pour tous les enfants mais que les parents pourraient faire vacciner leurs enfants s'ils le souhaitaient sur la base du volontariat, lorsque les vaccins commandés par le ministère de la santé seraient disponibles.
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