La létalité directement liée à la grippe A(H1N1) serait environ 100 fois supérieure à celle observée pour la grippe saisonnière, selon une estimation française publiée dans la revue PLoS Currents Influenza.
La mortalité associée à la grippe a trois causes principales: une décompensation de pathologies sous-jacentes, une surinfection bactérienne et une origine virale directe, conduisant à une pneumonie et un syndrome de détresse respiratoire aiguë, rappelle le Pr Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).
Le spécialiste s'est penché sur la cause directe, le syndrome de détresse respiratoire aiguë.
Il souligne qu'il est difficile actuellement, pour la grippe A(H1N1), de fournir des chiffres précis sur la létalité, qui représente le rapport entre le nombre de décès et le nombre d'infections, en raison des trop fortes incertitudes sur le dénominateur.
Mais "dans des régions plus petites, en particulier dans des îles telles que la Nouvelle-Calédonie ou Maurice, nous pouvons obtenir de premières estimations grossières potentiellement plus pertinentes et faciles à avoir", ajoute-t-il.
Il s'est donc basé sur les 20.000 cas, donc par extrapolation les 30.000 infections, survenus en Nouvelle-Calédonie et sur les trois premiers décès sur les cinq que compte actuellement la collectivité d'outre-mer (COM) depuis la modélisation.
Selon les autorités sanitaires locales, les trois premiers décès en Nouvelle-Calédonie sont survenus chez des patients qui présentaient des facteurs de risque et les deux derniers chez des personnes qui n'en avaient pas de connu, rappelle-t-on.
Le Pr Antoine Flahault n'était pas en mesure mercredi d'apporter des précisions à l'APM sur ses critères de travail relatifs à l'inclusion de décès directement ou indirectement liés au virus de la grippe A(H1N1).
Le spécialiste s'est également appuyé sur des données estimées pour l'île Maurice, 50.000 cas et donc 70.000 infections, dont sept décès (cinq confirmés virologiquement).
A partir des données de la Nouvelle-Calédonie et de l'île Maurice, il a évalué la létalité, après un syndrome de détresse respiratoire aiguë lié à la grippe A(H1N1), à un décès pour 10.000 infections.
Pour la grippe saisonnière, cette létalité est d'un décès par million d'infections.
La létalité directement liée au virus de la grippe A(H1N1) est donc 100 fois supérieure à celle associée à la grippe saisonnière, conclut le chercheur.
Dans une analyse des décès dans le monde rendue publique la semaine dernière, l'Institut de veille sanitaire (InVS) avait estimé que la létalité globale (et donc pas uniquement la létalité directe) pour la grippe A(H1N1) était de l'ordre de celle de la grippe saisonnière, même si d'importantes difficultés méthodologiques rendent hasardeux son calcul, rappelle-t-on.
LE PR FLAHAULT FAVORABLE A UNE UTILISATION PLUS LARGE DE TAMIFLU*
Dans une grande interview accordé au Monde daté de jeudi, le Pr Flahault apparaît favorable à une utilisation de l'oseltamivir (Tamiflu*, Roche) plus large qu'actuellement dans le cadre de la prise en charge de l'épidémie de grippe A(H1N1).
"On entend qu'il devrait être réservé aux cas graves ou compliqués, ce qui m'étonne un peu, car les seuls essais cliniques disponibles n'ont jamais porté sur la prévention des complications ou de la mortalité", indique le spécialiste dans le quotidien du soir.
"Son utilisation a surtout une visée collective car il est efficace pour faire baisser la charge virale, la durée des symptômes et donc la circulation du virus dans la population. Le Tamiflu* est aussi efficace en traitement préventif. Il y a encore peu de résistances, c'est donc le moment de l'utiliser, car après il risque d'être durablement inutile", ajoute-t-il.
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