La France a recommandé dimanche soir une quarantaine volontaire des personnes ne présentant pas de signes cliniques de la grippe A(H1N1) à leur retour d'une zone à risques, uniquement dans certaines situations dans le but de protéger les enfants âgés de moins d'un an car ils ne peuvent pas recevoir des antiviraux s'ils tombent malades.
Cette nouvelle mesure a été présentée lors du point presse quotidien sur la grippe A(H1N1) qui se tient depuis vendredi au ministère de l'intérieur. Le ministère de l'intérieur assure désormais la coordination interministérielle de la crise depuis que la France a suivi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour relever le niveau d'alerte pandémique de 4 à 5, sur une échelle qui va jusqu'à 6.
Alors que la France compte depuis vendredi soir deux cas confirmés et un cas très probable, le Directeur général de la santé (DGS) et Délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire (Dilga), Didier Houssin, a rappelé que les enfants âgés de moins d'un an ne peuvent pas être traités avec les antiviraux de la famille des inhibiteurs de la neuraminidase, aussi bien le zanamivir (Relenza*, GlaxoSmithKline) parce qu'il n'est pas facile de le faire inhaler à des enfants, que l'oseltamivir (Tamiflu*, Roche) parce qu'il n'est pas homologué dans cette tranche d'âge.
Des pourparlers ont commencé sur le sujet entre Roche et l'Agence européenne du médicament (EMEA). Mais en attendant, la France a conseillé de mettre en quarantaine volontaire ou en arrêt d'activité professionnelle certaines personnes asymptomatiques revenant d'une zone à risques, comme le Mexique, dans le but de protéger ces enfants âgés de moins d'un an, a-t-il expliqué.
Cela concerne tout d'abord les personnes qui sont en contact professionnellement avec des enfants âgés de moins d'un an (puéricultrices, infirmières en pédiatrie, en néonatalogie, obstétrique...). Il leur est demandé de suspendre leur activité professionnelle pendant les sept jours (correspondant à la durée maximale d'incubation) suivant leur retour de voyage.
Les mesures visent aussi les enfants âgés de moins d'un an, asymptomatiques et revenant du Mexique. Ces enfants ne doivent pas être en contact avec d'autres enfants de moins d'un an pendant sept jours suivant leur retour de voyage.
Enfin, pour les parents ou les personnes revenant du Mexique et vivant sous le même toit qu'un enfant de moins d'un an, il est préconisé d'avoir une hygiène stricte des mains, de porter un masque chirurgical lors des contacts étroits et d'éviter d'embrasser les enfants sur le visage.
La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a expliqué que ces recommandations émanaient de la Cellule d'anticipation et d'aide à la décision (CAAD), qui réunit des experts en santé publique. Hormis ces mesures spécifiques, la CAAD n'a recommandé ni quarantaine volontaire ni arrêt des activités professionnelles "y compris pour les personnels de soins, médico-sociaux, scolaires, social de loisirs...", a-t-elle souligné.
La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, a également répété qu'il n'avait pas été décidé de généraliser la quarantaine volontaire et a présenté les autres mesures qui ont été adoptées dimanche par la cellule interministérielle de crise qui s'est réunie juste avant la conférence de presse.
PLUSIEURS AUTRES MESURES
A partir de mardi matin, tous les vols en provenance du Mexique arriveront uniquement à l'aéroport Charles-de-Gaulle de Roissy, dans une zone dédiée qui permettra d'avoir des arrivées et des sorties sans rencontre avec des passagers des autres vols et sans contact avec le personnel des aéroports.
Toujours mardi, la ministre de l'intérieur va rencontrer, avec la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, les préfets des zones de défense pour faire un point sur la situation générale et sur les stocks.
Il a enfin été décidé d'envoyer au Mexique un expert en virologie, suivant la demande du pays, et d'étudier ses autres requêtes.
Ces décisions viennent en compléter d'autres prises ces derniers jours.
Ainsi, vendredi, le passage officiel de la France en situation 5a du plan national de préparation à une pandémie de grippe s'est accompagné d'une nouvelle gouvernance, confiée au ministère de l'intérieur.
Cette phase 5a signifie également la distribution progressive aux hôpitaux des stocks de masques et d'antiviraux précédemment centralisés ainsi que le lancement à partir de mardi d'une campagne d'information à destination du grand public dans la presse écrite, à la radio et à la télévision pour informer les Français sur la grippe A(H1N1) et les sensibiliser aux gestes d'hygiène.
Cela passe également par un renforcement de l'information des voyageurs de retour des zones affectées, de la mise en place de fiches individuelles de traçabilité, permettant, si besoin est, d'identifier les passagers ayant été en contact avec des personnes malades, et par la mise en place d'un soutien médico-psychologique (notamment via des cellules d'urgences médico-psychologiques) proposé aux passagers en provenance du Mexique.
Samedi, il a en plus été décidé de déconseiller fortement les voyages scolaires à destination ou transitant par le Mexique ou New York et de faire bénéficier toutes les personnes travaillant dans les zones aéroportuaires au contact des voyageurs de retour du Mexique d'une information sur les gestes barrière de prévention et de les doter de masques FFP2.
Enfin, il a été décidé de poursuivre dans les collectivités territoriales et chez les opérateurs privés le recensement des stocks de masques et de traitements antiviraux déjà réalisé au niveau de l'Etat.
Jeudi soir, l'Union européenne a rejeté une demande française visant à interdire ou restreindre les voyages d'Europe vers le Mexique.
DEUX CAS AVERES ET UN CAS TRES PROBABLE
Vendredi soir, sur TFI, Roselyne Bachelot a annoncé les deux premiers cas avérés en France et un cas très probable chez des personnes revenues fin avril du Mexique et n'ayant donc pas été contaminées sur le territoire français. Ces personnes vont bien, a-t-elle précisé. Les deux cas virologiquement confirmés sont un homme de 49 ans hospitalisé à l'hôpital Bichat à Paris (AP-HP) et une femme de 24 ans prise en charge à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP). Le cas très fortement probable est hospitalisé à l'hôpital Necker à Paris.
La situation épidémiologique française n'avait pas évolué dimanche soir, où Roselyne Bachelot a indiqué cependant au cours de la conférence de presse que l'un des cas confirmés était guéri et sorti de l'hôpital. Dimanche soir, il y avait, sur 528 cas signalés, deux confirmés, huit probables et 28 possibles.
Enfin, le cas de la fillette de neuf ans d'une école du 18ème arrondissement de Paris, dont la presse s'était fait l'écho, a été écarté ces derniers jours.
Les hôpitaux français réapprovisionnés en masques
La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a effectué dimanche une visite à l'hôpital Necker (Assistance publique-hôpitaux de Paris) à l'occasion de l'approvisionnement en masques des centres hospitaliers, en prévision d'une pandémie de grippe A (H1N1).
"Nous avons prépositionné dans les centres hospitaliers le nombre de masques utiles", a déclaré dimanche la ministre de la santé lors d'un point presse tenu dans cet établissement.
"Nous avons distribué la semaine dernière aux centres hospitaliers équipés de service d'urgences 20 palettes de masques pour rafraîchir les stocks qui avaient été dispensés au cours des années 2004 et 2005. (...) Les hôpitaux seront réalimentés en fonction des besoins", a déclaré à l'APM le directeur adjoint du cabinet de la ministre de la santé, chargé de la gestion des crises et alertes sanitaires, François Hébert
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