L'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques interpelle le Président-Directeur de TF1 suite à la représentation encore une fois très stigmatisante de la maladie psychique livrée sur le plateau de "Danse avec les stars" par le couple Fauve Hautot et Sami El Gueddari. Une séquence télévisuelle d'autant plus interpellante lorsque l'on sait que Sami El Gueddari, lui-même "handicapé", défend à chaque prestation son droit à être considéré comme tout un chacun.
Marie-Jeanne Richard, présidente de l'Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), adresse une "Lettre ouverte" à Gilles Pelisson, Président-Directeur Général de TF1, mise en copie au Président de la République, à la ministre des Solidarités et de la Santé, au ministre de la Culture, à la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, mais aussi au Défenseur des Droits et au Président du CSA. La raison ? De nombreuses familles, membres de l'association, ont été scandalisées par un extrait de l'émission "Danse avec les stars", diffusée sur TF1 le 2 novembre dernier.
L'Unafam précise que la séquence concernée place le couple Fauve Hautot et Sami El Gueddari dansant dans un décor de cellule capitonnée et dans une mise en scène extrêmement stigmatisante pour les personnes vivant avec des troubles psychiques.
Ce soir-là, l'émission avait pour thème Halloween. Zombies, vampires sur le plateau mais aussi l'hôpital psychiatrique, une fois de plus représenté par une chambre d'isolement aux décors de murs capitonnés et la célèbre camisole de force. Ce n'est pas la prestation artistique que nous constatons
souligne la présidente de l'Unafam, c'est le message qu'elle envoie. Lui en camisole, elle son "infirmière" en blouse recouverte de sang, surjouant l'aspect terrifiant de la situation
. Et de rajouter que le reportage portant sur les répétitions de la prestation scénique était plus qu'édifiant, triste exemple des clichés véhiculés encore aujourd'hui sur la maladie psychique et ses représentations. La danseuse demande en effet à son partenaire "Je veux te voir les yeux injectés de folie, je veux te voir faire peur". Comme si la folie était nécessairement violente, comme si la maladie psychique était un épouvantail d'Halloween,
écrit Marie-Jeanne Richard. Au-delà de la peur qu'elle entretient pour le grand public, l'image véhiculée est terriblement anxiogène pour les personnes malades et ne peut que renforcer les freins vers la demande d'aide et de soins pour les jeunes en souffrance
.
Ces personnes se battent avec leurs troubles pour mener une vie digne : ne leur imposons pas une double peine en les enfermant dans cette vision caricaturale et forcément dramatique de leur maladie.
Et d'interroger le Président de TF1 : auriez-vous autorisé une scénographie avec une personne atteinte d'un cancer en traitement de chimiothérapie, comme une personne suscitant de la peur, voire de l'effroi ?
L'Unafam rappelle que la loi du 30 septembre 1986 évoque la mission de lutte contre les discriminations, confiée au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel : "La représentation du handicap à la télévision et à la radio compte parmi les préoccupations du Conseil qui a notamment pour misison de contribuer à la lutte contre les discriminations".
L'Unafam l'affirme avec force : avec les plus de 5 millions de personnes touchées par un trouble sévère et leurs proches, nous dénonçons le fait qu'une chaine de télévision à une heure de grande écoute puisse ainsi stigmatiser des personnesen souffrance alors que la France a ratifié la Convention internationale des droits des personnes handicapées.
Vivre dans la société, c'est vivre sous le regard de l'autre. Impossible si ce regard est celui de la peur et de l'effroi.
La présidente de l'Unafam termine sa Lettre ouverte par une requête : Nous comptons sur vous pour être vigilant à l'avenir sur l'image que TF1 véhicule sur les troubles psychiques et ceux qui en souffrent. Nous demandons que vous présentiez un message d'excuses lors de l'ouverture de laprochaine émisison ainsi que sur vos réseaux sociaux
. L'UNAFAM avait déjà condamné une épreuve de Fort Boyard baptisée "L'asile"
à l'été 2018, l'association avait alors porté plainte pour "diffamation" et "injures publiques".
Une séquence télévisuelle d'autant plus interpellante lorsque l'on sait que Sami El Gueddari, lui-même handicapé, défend à chaque prestation son droit à être considéré comme tout un chacun.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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