La clinique de la dignité, de Cynthia Fleury (Seuil)
Face au risque de « devenir indigne », Cynthia Fleury préconise une « dignité en action » comme seule chemin viable pour un avenir commun et solidaire. Avec une clinique qui place le soin à l’échelle de la société.
Avec ce nouvel essai, la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury rappelle que « la notion de dignité s’est imposée comme aussi centrale que celles de liberté et d’égalité » durant les dernières décennies. Elle était au cœur des revendications de mouvements collectifs comme les printemps arabes ou le Black live matters qui revendiquait le droit à une vie digne de la population noire, aussi bien que dans des débats de société sur les questions de discriminations ou le respect de la condition animale. Cette exigence de dignité se fait ainsi de plus en plus prégnante alors que des atteintes à la dignité se sont multipliées et ont été dénoncées dans certains comportements ou groupes sociaux ainsi que dans des institutions tels que l’hôpital, les Ehpad ou les prisons. Cynthia Fleury alerte donc face à une menace de « devenir indigne » de notre société en s’attachant à poser les bases d’une action clinique sur cette aspiration humaine fondamentale. Un appel à se rendre au chevet des vies considérées comme indignes pour en tirer une « analyse réelle et non fantasmatique ». En relevant, évidemment, que « le manque de dignité, réitéré et institutionnalisé, provoque immanquablement des atteintes à la santé physique et mentale ».
De l'indignation à la dignité en action
Des âges de la dignité à ses pathologies en passant par l’emprise croissante d’une indignité qui s’exprime à travers le monde dans notre rapport à autrui comme vis à vis de la planète, la philosophe dresse un large tableau qui incite finalement à passer de l’indignation à la dignité en action. Sa vision clinique s’attache à sonder vies individuelles, histoires et cultures pour mieux rendre opératoire son concept. Il inclue une philosophie du soin dans laquelle la dignité se forge dans la résistance à l’indigne qui l’environne, en sachant que « s’occuper d’autrui - et surtout s’il est un majeur vulnérable et dépendant - coûte physiquement, moralement ». Un soin qui peut paraitre sale, surtout quand il concerne ceux que l’on ne veut pas voir, comme s’ils étaient indignes car à la marge du souhaitable. Cynthia Fleury touche aussi à l’intime d’un sujet vulnérable dont il s’agit de s’occuper par un soin humanisé alors que la banalité de l’indigne s’avère trop souvent acceptée, notamment sur les questions de dépendance ou de déchéance qui s’avèrent de moins en moins individuelles et de plus en plus politiques, du fait du vieillissement de la population. Ce soin clinique ne saurait donc être l’apanage de l’hôpital ou du personnel soignant, et il se doit d’être porté par une constellation d’acteurs garante d’une approche à la fois holistique et individuelle. De quoi faire vivre à l’échelle de toute la société cette clinique de la dignité.
Et aussi…
GÉRIATRIE
Vers un mieux vivre en EHPAD, de Padrig Mahé (L’Harmattan)
Un an après la parution du livre Les fossoyeurs qui révélaient les coulisses mortifères de la chaine d’EHPAD ORPEA, cet ouvrage apparait d’intérêt public. Consultant en EHPAD pour promouvoir et organiser une Offre d’activité et d’animation (OAA), son auteur y délivre des éléments de méthodes pour proposer ce type d’activité tout en mettant en lumière la réalité sensible du vécu de la personne âgée qui en bénéficie. Il incite à davantage de prévenance sur les besoins des résidents et plaide pour une meilleure identification de ressorts humains complexes inhérents au grand âge.
Dans la lignée du professeur Bruno Vellas, coordinateur du gérontopole de Toulouse, Padrig Mahé montre combien l’OAA ne se contente pas d’occuper ces résidents mais leur offre un bénéfice médical en proposant une véritable médecine participative qui apporte une aide aux niveaux de la mobilité, de la cognition, des réactions neurosensorielles ou psychosociales et finalement de la vitalité. Tous les acteurs qui vont vivre en EHPAD ont une place à occuper dans ce qui relève en fait de l’exploration d’une vie intéressante pour des anciens répondant à leurs aspirations. Que proposer à ces résidents ? Des voyages, de la culture, des rencontres, des relations… La palette d’options est très large et chacun est appelé à apporter sa touche, ses envies, afin que l’EHPAD ne contente pas de livrer une prestation hôtelière et une assistance médical qui, sans ce supplément de vie, peuvent en faire un simple et triste mouroir.
TÉMOIGNAGE
Transmission infirmière… pour préparer demain, de Claire Baudin (éditions Jets d’encre)
Voici l’histoire singulière d’une infirmière. Elle débute très classiquement avec un diplôme d’état obtenu en juillet 1990 par Claire Baudin qui entre alors à l’hôpital comme dans un lieu sacré où elle choisit d’abord d’opérer en psychiatrie, ce qui lui permet de découvrir l’art-thérapie. Elle va ensuite évoluer dans différents services et multiplier les postes et les missions, dans l’hôpital comme au dehors, tout en se formant à la psychologie et à la communication non violente. Soignante mais aussi patiente, elle vivra elle-même plusieurs hospitalisations, ainsi que le décès de sa mère, le tout dans un environnement trop souvent inadapté à ses convictions humanistes et à sa foi. Son récit parsemé de coups de gueule s’avère au fil des pages celui de la transformation, non achevée, d’une infirmière devenue danse-thérapeute, et surtout « une femme qui aime, croit, doute, avance, recule… s’arrête. » Elle nous enrichit de cette expérience, toujours en devenir, Claire Baudin ambitionnant pour demain de créer un centre de soin qui valoriserait les relations de corps à âmes.
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?