Nouveau venu dans l’arsenal des forces de l’ordre, le Taser est un pistolet à impulsion électrique qui envoie pendant cinq secondes une charge de 50 000 volts à une personne menaçante en vue de sa mise en sécurité. Quels sont ses effets sur sa santé et quelle doit être la prise en charge médicale à suivre ?
La petite histoire...
L’origine du Taser est liée à Tom Swift, personnage de romans pour enfants, dont les aventures écrites par divers auteurs sous le pseudonyme de Victor Appleton, mettent en scène un jeune inventeur de génie dont plusieurs des inventions imaginaires ont finalement vu le jour. En particulier, dans « L’enfant à la mitraillette » publié en 1911, Tom invente un pistolet à impulsion électrique qui donnera soixante ans plus tard naissance au Taser, acronyme de Thomas A. Swift Electric Rifle. Au cours de ses aventures, Tom Swift a également imaginé une locomotive électrique ou encore la photographie par téléphone des années avant leur invention ou mise en service.
Une arme de 4e catégorie...
Le Taser ou Appareil à Impulsion Incapacitante (AII) est une arme de 4ème catégorie au même titre que le fusil à pompe ou le 357 magnum. Il est classé par le règlement européen comme une arme susceptible d’infliger la torture. Le Taser équipe les forces de l’ordre françaises depuis 2008. En 2006, une instruction ministérielle « déconseille fortement » son emploi sur tout personne cardiaque, femme enceinte, sous l’emprise de stupéfiant ou sous imprégnation de liquides inflammables. Son utilisation n’est possible que lorsque les conditions requises par la loi l’autorise : Légitime Défense (art. 112-5 du code pénal). Le Taser envoie deux dards à 7,60m de distance (50m/sec) équipés de crochet venant se fixer sous la peau. L’arme expédie durant 19 séquences de cinq à onze millisecondes une charge de 2mA avec un pic de 50 000 volts. L’objectif est d’immobiliser brièvement une personne agitée dans le cadre d’une menace envers lui-même ou les autres. L’action permet aux services de secours de pouvoir ainsi la prendre en charge plus facilement et sans blessures.
Quels effets sur la santé de la victime ?
L’envoi de l’onde électrique bloque normalement à court terme le système nerveux central. Il paralyse ainsi la personne visée. Cependant, les effets peuvent être délétères :
- paralysie musculaire (voir défection par relâchement) ;
- traumatismes lors des chutes ;
- hypoxies ou anoxies de durée plus ou moins longues et leurs conséquences ;
- arythmie ;
- infarctus chez la personne cardiaque, connue ou non, porteuse ou non d’appareil de type pacemaker, stimulateur, ou défibrillateur implantable ;
- convulsions lors des atteintes à la tête ;
- tétanie des muscles respiratoires ;
- risques inhérents à l’association choc/alcoolisation ou stupéfiants ;
- risque de fibrillation ventriculaire pouvant nécessiter une cardioversion à l’aide d’un défibrillateur.
Plusieurs centaines de décès sont attribués à l’utilisation du Taser. Cependant, de nombreuses expertises ont prouvé que seuls plusieurs dizaines de décès étaient réellement et directement imputables à l’utilisation du Taser. Les autres décès étant dus le plus souvent à des décompensations de pathologies sous-jacentes ou à des effets collatéraux...
Un rapport d’Amnnesty International affirme qu’entre juin 2001 et août 2008, 334 personnes sont mortes aux Etats-Unis après usage d’un pistolet électrique. Selon l’association, «les décharges infligées au moyen d'un Taser ont entraîné, directement ou indirectement, la mort dans 50 cas au moins».
- Ampère : unité d’intensité d’un courant électrique. Il correspond au transport d’une charge électrique d’un coulomb (unité de quantité de 1 ampère pendant 1 seconde) par seconde au travers d’une surface.
- Calibre : diamètre du projectile.
- Joule : unité qui permet de quantifier l’énergie, le travail et la quantité de chaleur transmise.
- Voltage : de Volt, unité de force électromotrice (différence de potentiel entre deux points d’un circuit parcouru par un courant constant de 1 ampère). Puissance de déplacement.
Quelle prise en charge de la victime ?
Ce syndrome d’hyperexcitation dû a l’impact du Taser doit impérativement faire l’objet d’une prise en charge médicale. Pour ce faire, l'agent des forces de l’ordre détachera la cartouche du pistolet et la victime sera transportée avec les ardillons plantés et les fils et cartouche pendants. Le médecin sera réquisitionné par la gendarmerie pour établir un premier certificat de santé suite à l’électrisation de la victime et pour le retrait des ardillons. Ces derniers seront séparés du module à usage unique contenant les fils conducteurs et éliminés dans le conteneur DASRI piquant/ coupant. Le reste du module sera remis aux forces de l'ordre.
La victime sera donc prise en charge pour électrisation, traumatisme et plaies éventuelles. La suite de la prise en charge repose, si besoin, sur une surveillance cardiaque (ECG, bilan sanguin), un traitement des risques de rhabdomyolyse, un remplissage, une sédation de l’hyperexcitation par benzodiazépine, une hydratation et un refroidissement externe.
Durant la prise en charge médicale, une attention particulière sera portée à l’état psychologique du patient et au risque de récidives d’agressivité. Les forces de l’ordre ou la sécurité devra donc rester à proximité. A l’issue de la prise en charge médicale initiale, la personne bénéficiera de soins si nécessaire alors que s’enclenchera la procédure judiciaire.
Pistolet massif à double canon de 33 cm de long de calibre 44, le flashball tire des balles en caoutchouc compressés, creuses et déformables, avec une puissance de 200 joules équivalent à la puissance d’un pistolet 38 spécial et dont le volume sonore est équivalent à celui un fusil de calibre 12. La force de percutement est équivalente à celle du coup de poing d’un boxeur professionnel en combat pour le titre, et à faible distance de l’adversaire. En s’écrasant contre la zone visée, la balle provoque un point de contact de 67cm de diamètre. Le Flashball est une arme de 7ème catégorie dont la vente, l’acquisition et la détention sont libres (accessibles aux particuliers). Utilisé par les forces de l’ordre depuis 2005, le Flashball - tiré à une dizaine de mètre - a un effet traumatique important, voir létal. Son objectif initial est de stopper net (KO) l’avancée d’un sujet, contrairement au Taser qui est de l’immobiliser. Médicalement, les atteintes sont traumatiques avec, à courte distance, des perforations irréversibles et potentiellement dramatiques (fracture de côte, perforations, perte d’un œil, traumatismes crâniens...). Les traitements seront donc le plus souvent des soins réparateurs.
Webographie
- La revue des SAMU 2007 – Spécial septembre (XXIX) : 286-9 et 290_3 par les Docteurs Kierzek, Becour, Rey-Salmon, Pourriat, Houssaye, Paraire, Rambant, Durigon
- - « Les pistolets Taser : des armes qui peuvent tuer et qui se prêtent aux abus », rapport d’Amnnesty International
James IACINO
Infirmier
Rédacteur Infirmiers.com
jamesiacino@yahoo.fr
Merci au Docteur Eric Jomin pour sa relecture et son aide.
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