Le Pr Guy Vallancien, chef du service d'urologie de l'Institut mutualiste Montsouris (IMM) et auteur d'un rapport sur la chirurgie, a proposé mercredi d'ouvrir les blocs opératoires à de nouveaux métiers, notamment de remplacer les infirmiers de bloc opératoire (Ibode) par des techniciens plus rapidement formés, à l'occasion de la journée nationale de la chirurgie organisée par la Fédération hospitalière de France (FHF).
Selon la FHF, les établissements de santé publics et privés emploient dans leurs blocs opératoires 4.500 Ibode et 2.000 infirmiers diplômés d'Etat (IDE). Les effectifs des Infirmiers anesthésistes diplômés d'Etat (IADE) sont évalués à 6.360, essentiellement dans les hôpitaux.
Plusieurs intervenants ont souligné les problèmes démographiques de la profession d'Ibode. A l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), de nombreux blocs sont fermés en raison d'un manque d'Ibode, a indiqué le nouveau président de la Commission médicale d'établissement (CME) de l'institution, le Pr Pierre Coriat. Guy Vallancien a également indiqué que huit écoles d'Ibode sur les 32 existantes n'ont pas d'élèves.
Pour Guy Vallancien, il est donc nécessaire "de réfléchir à l'ouverture des blocs à d'autres métiers que celui des Ibode".
"Faut-il véritablement des soignants pour s'occuper des opérés au bloc"?, s'est-il interrogé. D'après lui, la relation humaine au bloc opératoire est réduite à son "strict minimum" car la tâche des soignants se résume à accueillir le patient, à vérifier que le dossier est là et "ensuite c'est l'IADE qui conduit le patient en salle de réveil".
Il estime donc que des techniciens pourraient remplacer des Ibode et pourraient être plus rapides à former.
A l'opposition attendue des représentants des Ibode au nom de la sécurité et de la qualité des soins, il répond que les hôpitaux qui effectuent environ 35% de la chirurgie, ont besoin de 6.000 Ibode et 7.000 infirmiers non Ibode dans les blocs opératoires, alors que les cliniques réalisent 65% de l'activité chirurgicale avec 600 Ibode et 7.000 non Ibode.
La question des effectifs nécessaires au fonctionnement des blocs opératoires a été largement abordée lors du débat avec la salle.
S'agissant des anesthésistes, Guy Vallancien a rappelé que dans le privé, ils sont souvent seuls pour deux ou trois salles alors que dans le public, il faut systématiquement un IADE par salle et un anesthésiste pour deux salles. "Qui a raison?" et "si le privé est véritablement hors-la-loi", les pouvoirs publics mettent consciemment "cinq millions de Français en danger", a-t-il observé sous les applaudissements de la salle.
S'il n'y a pas plus d'accidents ou de procès dans le privé, "il faut revoir l'organisation des hôpitaux", a-t-il souligné.
Concernant la rémunération, Guy Vallancien s'est déclaré très favorable à la part variable mais a reconnu que ce ne sont pas les 15% d'augmentation prévus qui attireront les chirurgiens dans le public.
Prenant sa situation en exemple, il a indiqué avoir proposé de ne pas recruter un nouveau chirurgien pour le remplacer quand il partira à la retraite mais plutôt de partager sa rémunération entre les chirurgiens de son équipe.
En accord avec plusieurs intervenants, il a souligné que cela ne devrait pas poser de problème car la productivité des chirurgiens est actuellement "faible" dans le secteur public.
La question de la rémunération des chirurgiens des hôpitaux publics avait déjà été au centre d'un débat sur la crise que traverse cette spécialité lors du 61ème congrès du Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) qui s'est tenu début juin à Lyon .
Par ailleurs Guy Vallancien a proposé de rémunérer les actes de chirurgie et d'anesthésie sous forme de "forfaits" qui comprendraient à la fois la consultation, l'acte et le suivi pendant plusieurs mois. "Cela rendra le système vertueux car on fera le minimum utile pour aboutir au meilleur résultat", a-t-il souligné.
Le thème de la chirurgie intéressant fortement les hospitaliers, la FHF a décidé de lancer un "Tour de France" sur ce sujet. Elle finira son tour des régions sur la stratégie de groupe avec l'Ile-de-France en septembre et devrait commencer ce nouveau périple sur la chirurgie début 2008.
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