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BPCO : les stéréotypes ont la vie dure

Publié le 15/11/2017
fumeuse cigarette

fumeuse cigarette

On ne peut donc plus dire que la BPCO est une maladie masculine. Désormais, 40 % des personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sont des femmes. Un chiffre qui ne cesse de grimper depuis quelques années, notamment en raison de l'augmentation de la consommation de tabac. À l'occasion de la Journée mondiale contre les Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives, le 15 novembre 2017, l'Association BPCO tire la sonnette d'alarme…

Les femmes représentent 40 % des personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), un chiffre qui ne cesse d'augmenter à cause du tabagisme...

Sur les 3,5 millions de personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) en France, 40 % sont des femmes. La Journée mondiale contre les Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives est l'occasion, pour l'Association BPCO, d'alerter le grand public et les autorités sanitaires sur ce problème de santé publique. 

BPCO : un diagnostic parfois tardif

Les femmes françaises sont de plus en plus nombreuses à fumer quotidiennement. Leur nombre est en effet passé de 23 % en 2005 à 27 % en 2010. Par ailleurs, soulignons que 24,3 % des Françaises âgées de 15 à 75 ans fument et 40 % des fumeuses sont âgées de moins de 17 ans. L'augmentation du tabagisme chez les femmes n'est pas sans conséquence sur leur santé. Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à être touchées par la BPCO. Je souffre de BPCO depuis plus de 15 ans, mais il y a encore quelques semaines, je ne le savais pas, raconte Sylviane. Au cours des dernières années, j’ai vu plusieurs fois un spécialiste, qui me disait que je souffrais de « déficience respiratoire bronchique », d’asthme, de bronchites chroniques, et j’enchaînais les traitements. C’est une bronchite particulièrement sévère qui m’a enfin amenée dans le bureau d’un pneumologue récemment… Le verdict est tombé et le mot « BPCO » est prononcé pour la première fois en mai 2015. Pendant 15 ans, ma capacité respiratoire s’est dégradée, silencieusement, progressivement… Malgré mes quintes de toux, mes fausses routes, mes bronchites asthmatiques, personne ne m’avait dit que ce dont je souffrais était la conséquence du tabac et qu’il était vital pour moi d’arrêter. On ne m’a pas non plus proposé de m’y accompagner.

Après l'âge de 35-40 ans, l'apparition de symptômes respiratoires chroniques doit faire poser systématiquement la question d'une BPCO, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. 

Quels facteurs de risques ?

La BPCO est, pour les deux sexes, essentiellement liée au tabac. Les femmes ont d'ailleurs une susceptibilité supérieure à ce toxique et chez les jeunes filles fumeuses, on observe un ralentissement de la croissance pulmonaire dès 5 cigarettes par jour. Mais le tabagisme n'est pas le seul responsable de la maladie. Dans les pays en voie de développement, l'exposition des femmes à la biomasse (fumée de charbon ou de bois) lorsqu'elles cuisinent constitue un facteur de risque que l'on peut retrouver partout dans les pays industrialisés, lorsqu'on se chauffe au bois dans les pièces non aérées. Des études montrent aussi les liens entre la maladie  et l'exposition à des produits de nettoyage ménagers. Le contact professionnel régulier aux désinfections de surface majore le risque de BPCO de 22 à 32%. D'autres sources de contaminations sont aussi possibles dans des secteurs d'activité qui produisent de la poussière ou des particules. Enfin, l'environnement socio-économique a son importance : on observe en effet un lien entre la maladie et le niveau socio-professionnel. La BPCO concerne davantage les personnes les plus précaires, ce qui peut s'expliquer par des expositions plus marquées à des toxiques inhalés dont le tabac ou des facteurs professionnels ou domestiques.   

Le constat général autour de la maladie vient en tout cas ébranler un stéréotype bien ancré selon lequel un patient souffrant de BPCO serait un homme, gros fumeur et d'âge mur. Cette image a la vie dure si l'on en croit les témoignages des spécialistes interrogés sur le sujet. C'est l'une des raisons pour lesquelles cette maladie, déjà sous-diagnostiquée puisqu'au moins 2 personnes sur 3 ignorent qu'elles en sont porteuses, l'est encore plus pour les femmes. Pour elles, les médecins pensent davantage à un asthme et moins à une BPCO, souligne Emilie Zard, médecin généraliste. Après l'âge de 35-40 ans, l'apparition de symptômes respiratoires chroniques doit donc faire poser systématiquement la question d'une BPCO, aussi bien chez l'homme que chez la femme.    

D'ici à 2030, la BPCO risque de devenir la troisième cause de décès dans le monde, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Par ailleurs, hommes et femmes ne sont pas touchés de la même manière ce qui complique encore plus le diagnostic. En effet, les fumeuses ont tendance à développer une maladie pulmonaire différente de celles des fumeurs, où les lésions d'emphysème seraient moins fréquentes et moins étendues que l'atteinte bronchique. De fait, les femmes toussent davantage et ont moins d'expectorations. Selon le professeur Chantal Raherison, pneumologue à Bordeaux, il existe quelques éléments pour penser que les oestrogènes exercent un effet protecteur chez les femmes fumeuses et pourraient notamment expliquer que l’emphysème soit moins important chez elles. Mais la ménopause viendra favoriser la dégradation de la fonction respiratoire. De plus, le retentissement de la BPCO chez la femme est souvent marqué par une précocité de l'atteinte respiratoire et par de l'anxiété, voire un syndrome dépressif associé. Ainsi, il faut être attentif aux risques corrélés à l’anxiété qui sont une mauvaise image de soi, une perte de confiance et un désengagement - voire un isolement – social. Il faut donc agir pour améliorer le diagnostic précoce et la prise en charge de la BPCO, souligne le professeur Raherison.

17 500 malades meurent de cette pathologie annuellement, ce qui représente 3 % des décès en France. C'est cinq fois plus que le nombre d'accidentés de la route.  

Rester actif malgré la maladie

La prise en charge de la BPCO passe notamment par l'arrêt du tabac, une étape vécue différemment par les hommes et les femmes. Comme l'explique Emilie Zard, dans cette prise en charge, le traitement médicamenteux est identique. En revanche, en terme de sevrage, ce n’est pas du tout pareil, précise la généraliste, un homme va vouloir arrêter de fumer du jour au lendemain. On ne peut pas vraiment influencer sa décision, c’est une sorte de déclic. Chez la femme, ce déclic est moins fréquent, parce que derrière tout ça, il y a la crainte de la prise de poids, qu’il faut prendre en compte avec sérieux.

La principale cause de BPCO est la fumée du tabac, due au tabagisme actif ou passif.

Toutefois, avoir une BPCO ne doit pas forcément rimer avec inactivité. Pour Daniel Piperno, pneumologue libéral à Lyon, malgré une maladie respiratoire, il est tout de même possible d'avoir une activité physique régulière : augmenter son temps de marche, prendre les escaliers plutôt qu'un ascenseur… Autant de « petites » choses, de modifications de son mode de vie quotidien, qui contribuent à faire de l'activité physique régulière sans aller jusqu'à faire du sport. L'activité physique, quelle qu'elle soit, est importante car elle peut avoir une action préventive sur les comorbidités et contribuer notamment à la réduction du diabète ou encore à l'amélioration du quotidien d'une personne souffrant d'hypertension artérielle.

Il existe des liens étroits entre la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et les troubles du sommeil, en particulier le syndrome des apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS).

D'ici à 2030, la BPCO risque de devenir la troisième cause de décès dans le monde, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). D'où l'intérêt d'agir vite et dès à présent pour contrer cette épidémie qui est encore évitable...

La BPCO en chiffres*

  • En France, plus de 2,5 à 3 millions de personnes, soit 6 à 8 % de la population adulte de plus de 40 ans, seraient atteintes de BPCO.
  • Chaque année, la Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive est responsable de 100 000 hospitalisation et 1 million des malades souffre au sens clinique de BPCO, avec un impact sur leur vie quotidienne.
  • 17 500 malades meurent de cette pathologie annuellement, ce qui représente 3 % des décès en France. C'est cinq fois plus que le nombre d'accidentés de la route.  
  • 130 000 malades présentent des formes sévères de BPCO qui nécessitent l'administration continue d'oxygène (oxygénothérapie et/ou une ventilation à domicile).
  • En 2030, la BPCO sera en France la 3ème cause de mortalité par maladie, après les affections cardiovasculaires et les tumeurs.

*Source : Association BPCO.

Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse

Article mis à jour le 15 novembre 2017 par Susie Bourquin.


Source : infirmiers.com