1. Organisation générale du corps humain
1.1 Interdépendance des différentes fonctions
Le corps humain est composé de plusieurs milliards de cellules qui s'imbriquent les unes aux autres.
Elles se nourrissent, respirent et ont chacune un rôle particulier qui s'intègre dans une mission d'ensemble, appelée fonction. Mais une cellule isolée ne vaut rien: sans le recours des autres elle ne peut survivre.
Les cellules agissent au sein d'un organe et on regroupe sous le terme d'appareil tous les organes qui concourent à une même fonction. Mais les différents appareils sont étroitement liés et dépendent les uns des autres.
Cette interconnexion entre les cellules et les appareils est la base même du fonctionnement de l'organisme humain. Pour respirer il faut des voies respiratoires et des poumons (appareil respiratoire ), une cage thoracique et des muscles (appareil locomoteur), des vaisseaux sanguins et du sang (appareil circulatoire), des centres nerveux et des nerfs (système nerveux).
Toute anomalie de fonctionnement d'une partie de l'organisme est donc susceptible d'affecter le bon fonctionnement de l'ensemble.
1.2 Anatomie générale
La tête est formée du crâne et de la face. Le crâne est la boîte osseuse, rigide, qui protège l'encéphale, siège de la plupart des centres de commande du système nerveux. La face est aussi une surface osseuse creusée de cavités: elle abrite des organes des sens (yeux, oreilles), des orifices respiratoires ( nez, bouche). La mâchoire inférieure, ou mandibule, est la seule partie mobile.
Le cou est une zone fragile où passent des éléments très importants: voies respiratoires (trachée artère), vaisseaux sanguins (artères carotides, veines jugulaires), centres nerveux (moelle épinière) protégés à l'intérieur des vertèbres de la colonne vertébrale (rachis cervical).
le thorax est une boîte rigide formée par les côtes (cage thoracique). Le gril costal comprend 12 paires de côtes qui partent du rachis dorsal et se réunissent, pour la plupart, en avant sur le sternum; les deux paires de côtes inférieures qui n'atteignent pas le sternum sont appelées côtes flottantes. La cage thoracique contient les poumons, organes respiratoires qui remplissent pratiquement tout l'espace, et, entre ces deux gros organes, le cour. Un grand muscle plat en forme de voile de parachute forme la cavité thoracique vers le bas : le diaphragme. La face arrière du thorax se nomme le dos.
L'abdomen, qui fait suite au thorax, est au contraire une partie souple, tapissé .en avant par de puissants muscles abdominaux. Il contient beaucoup d'organes qui appartiennent à différents appareils: digestif, urinaire... En arrière se trouve le bas de la colonne vertébrale (rachis lombaire, sacrum, coccyx). Le creux lombaire et les fesses font suite au dos. Le sacrum est relié aux os du bassin ; celui-ci forme une paroi rigide protégeant, en particulier, l'appareil génital féminin.
Chaque membre supérieur est formé de trois principaux segments : bras, avant-bras et main, et de trois grosses articulations : épaule, coude et poignet. Les membres inférieurs comprennent la cuisse, la jambe et le pied ; leurs articulations principales sont la hanche, le genou et la cheville.
2. Les grandes fonctions vitales
2.1 La fonction circulatoire
2.1.1 Description
L' appareil circulatoire est un ensemble complexe de tuyaux (les vaisseaux sanguins) qui parcourent l' ensemble de l' organisme. Ils sont chargés de véhiculer le sang qui transporte tout ce qui est nécessaire à la vie des cellules: aliments, oxygène...
La circulation du sang est assurée en permanence par une pompe: le cour.
Pour comprendre la fonction de cet appareil, il faut suivre le trajet d'un globule rouge, cellule du sang spécialisée dans le transport des gaz respiratoires. Le globule rouge se charge en oxygène (02) au niveau des vaisseaux sanguins qui tapissent les alvéoles pulmonaires (cf. 2.2). Il est conduit au cour par un vaisseau puis, à l'occasion d'une contraction du muscle cardiaque, est chassé brutalement dans les artères qui amènent le sang sous haute pression dans toutes les parties du corps. Arrivé dans un organe, il cède son oxygène aux cellules de celui-ci et il se charge de dioxyde de carbone (CO2), déchet gazeux rejeté par la respiration des cellules avant de rejoindre le cour en parcourant des veines où le sang circule à basse pression. Du cour, il est renvoyé vers les poumons où il se débarrasse du déchet respiratoire qu'il transporte avant de se charger à nouveau en oxygène pour un nouveau cycle. Il lui faut en moyenne trente secondes pour effectuer son périple.
L' ébranlement causé par la contraction cardiaque peut être perçu au niveau des artères : c'est le pouls. Il est facilement perceptible sur le trajet des grosses artères: au niveau du cou (pouls carotidien), à la racine des cuisses (pouls fémoral}. Dans les conditions normales, on peut aussi le percevoir sur des vaisseaux plus éloignés du cour : au poignet, dans l' axe du pouce (pouls radial}, sur l' artère du dos du pied (pouls pédieux). Chez le nouveau-né et le nourrisson, le pouls doit être pris à la face interne du bras (pouls huméral).
Le sang qui circule sous la peau est responsable de la coloration et de la température de celle-ci. La qualité de la circulation s'apprécie aux extrémités c'est à dire aux endroits où les artères terminent leur trajet : ongles des doigts, des orteils, lobes des oreilles...
La coloration est également bien visible au niveau des muqueuses, revêtement humide qui tapisse les orifices: intérieur des lèvres, face interne des paupières (conjonctives).
2.1.2 Valeurs normales
Au repos, le cour bat régulièrement avec une fréquence moyenne de 60 à 80 battements par minute chez l'adulte. La fréquence est plus rapide chez l'enfant à la naissance (140 batt./min.) puis diminue progressivement au cours de l' enfance. Le cour s'accélère normalement lorsque l'organisme a besoin de plus d'oxygène : effort, fièvre, digestion... A l'inverse, il se ralentit pendant le sommeil, lorsque la température du corps diminue, ou sous l'effet de l'entraînement sportif. L'amplitude du pouls est habituellement « bien frappé » et perceptible sur le trajet de toutes les artères ; son rythme est normalement régulier mais la fréquence peut être légèrement modifiée par les mouvements ventilatoires.
La pression qui règne dans les artères de la grande circulation peut être évaluée grâce à un brassard à tension artérielle ; le premier chiffre correspond à la pression contemporaine de la contraction cardiaque, le second à la pression qui règne au repos dans les artères. Une tension artérielle à 12/8 correspond à une pression maxima de 12 centimètres de mercure et une minima de 8 cm. Ce sont des chiffres moyens chez l' adulte. Elle augmente naturellement ( comme la fréquence cardiaque) au cours d'un effort, à l'occasion d'un stress... Elle peut rester élevée dans une maladie appelée hypertension artérielle (HTA).
2.1.3 Valeurs anormales
On parle de détresse circulatoire lorsque l' atteinte empêche l' oxygénation normale des cellules. Selon l' origine du trouble, la fréquence peut être anormalement basse (inférieure à 50 battements par minute chez l'adulte) ou élevée (fréquence chez l'adulte supérieure à 100 batt./min.) ; le rythme du pouls peut aussi être très irrégulier.
L' amplitude du pouls peut diminuer (pouls « mal frappé » ou « filant » ) en cas de faiblesse du muscle cardiaque ou d'un remplissage insuffisant du cour ou des vaisseaux sanguins. Le pouls radial peut devenir « imprenable » alors que le pouls carotidien est encore perçu. Cette incapacité de perfuser correctement les territoires périphériques s'appelle le collapsus.
Si la circulation est de mauvaise qualité, une pâleur peut apparaître par endroits ; elle est d' abord visible au niveau des lèvres, des ongles. La stagnation du sang dans le réseau veineux conduit à donner à la peau l'aspect du marbre avec ses traînées bleutées : ces marbrures sont le plus souvent visibles sur le ventre, les cuisses. Dans le même temps, la peau se refroidit.
La pâleur prononcée des conjonctives doit faire évoquer une perte anormale de globules rouges ou de leur contenu : hémorragie importante, anémie (maladie caractérisée par la diminution anormale du pigment rouge qui transporte l'oxygène, l'hémoglobine).
2.2 La fonction respiratoire
2.2.1 Description
L'appareil respiratoire a pour fonction d'assurer les échanges gazeux entre l'air extérieur et le sang. L' air est transporté dans un système de tuyauteries, les voies respiratoires ( ou voies aériennes), jusqu' à des poches où se produisent les échanges gazeux, les alvéoles pulmonaires.
Le nez (narines) et la bouche sont les orifices respiratoires naturels (mais il faut savoir qu'un nouveau- né ne sait respirer que par le nez). L'air inspiré emprunte ensuite le pharynx (fond de la gorge) avant de passer dans le conduit respiratoire situé au niveau du cou (larynx, où se trouvent les cordes vocales et trachée). La trachée se divise en deux grosses bronches amenant chacune dans un poumon différent (droit et gauche) ; puis chaque bronche se ramifie à son tour comme les branches d'un arbre pour déboucher dans de petits sacs élastiques: les alvéoles pulmonaires qui sont tapissées par de fins vaisseaux sanguins.
Le réflexe de déglutition empêche les aliments ( ou la salive) de passer dans les voies respiratoires. En cas de pénétration accidentelle (poussière, sécrétion anormale, fausse-route alimentaire. ..), un autre réflexe, la toux, cherche à éliminer le corps étranger.
Les muscles respiratoires assurent la ventilation de l'air à l'intérieur des poumons comme dans un soufflet. Le muscle le plus important est le diaphragme, grand muscle plat qui sépare le thorax de l'abdomen. Lorsqu'il se contracte, il agit comme un piston qui s'abaisse, attirant l'air vers l'intérieur et gonflant les alvéoles ; c'est l'inspiration. Lorsqu'il se décontracte, il reprend passivement sa forme première, chassant l'air des alvéoles: c'est l'expiration. Au repos, les mouvements respiratoires sont souvent plus faciles à voir au niveau de l' abdomen, partie souple entraînée par les mouvements du diaphragme, qu' au niveau du thorax, partie rigide.
Inspiration et expiration forment ce que l'on appelle la ventilation : c'est la partie visible, mécanique, de la fonction respiratoire. On emploie aussi très souvent le mot respiration pour parler des mouvements ventilatoires (ou respiratoires). Mais il faut savoir que ce terme englobe aussi les échanges gazeux qui se produisent à l'intérieur de notre corps : c'est la partie invisible, chimique, de la fonction respiratoire qui comprend la distribution des gaz (circulation) et leur utilisation par les cellules (respiration cellulaire).
2.2.2 Valeurs normales
La ventilation est sous le contrôle des centres nerveux. Au repos, les cellules n' ayant pas besoin de beaucoup d'oxygène, la fréquence et l'amplitude des mouvements ventilatoires sont à leur niveau de base: 15 à 20 mouvements par minute chez l'adulte en moyenne, contre 40 mvt./min. chez le nouveau- né, et leur rythme est régulier. Lorsque les besoins augmentent, la fréquence s' accélère et le volume d'air respiré augmente (de 0,5 litres à 5 I chez l'adulte), grâce à la mise en action de muscles respiratoires accessoires: muscles de l' épaule, du cou, du thorax, de l' abdomen, qui permettent des inspirations forcées et des expirations actives. La ventilation devient rapide et ample comme après une course à pied.
La coloration de la peau et des muqueuses est liée à la qualité de la circulation et du sang transporté. Un globule rouge bien oxygéné est rouge vif, ce qui donne, dans les parties claires de l'individu, une coloration rosée caractéristique.
2.2.3 Valeurs anormales
On parle de détresse respiratoire lorsque les échanges gazeux sont insuffisants par rapport aux besoins. Les globules rouges mal oxygénés deviennent plus foncés, ce qui donne une coloration bleutée de la peau, appelée cyanose, visible d'abord au niveau des extrémités (ongles, face interne des lèvres...). L'apparition de sueurs, dans ce contexte, signale pour sa part une mauvaise épuration du sang en dioxyde de carbone, déchet respiratoire des cellules.
Quant à la ventilation, elle dépend du trouble à l'origine de la détresse. La fréquence peut s'élever anormalement, ce qui expose à la diminution des volumes ventilés (ventilation rapide et superficielle). Elle peut au contraire être lente, irrégulière (existence de pauses, c'est à dire d'arrêts momentanés de la ventilation pendant 10 secondes ou plus), ou arrêtée.
En dehors des variations de fréquence, la détresse ventilatoire peut se manifester sous forme :
- de bruits anormaux: sifflement, ronflement...
- d'un tirage: creusement exagéré des espaces naturels situés sous le sternum, à la base du cou, ou entre les côtes
- et chez le petit enfant, d'un balancement thoraco-abdominal (thorax et abdomen ne se gonflent plus simultanément mais l'un après l'autre) ou d'un battement des ailes du nez (les narines semblent se dilater au moment de l'inspiration).
2.3 La fonction nerveuse
2.3.1 Description
Le système nerveux est le siège de la fonction la plus complexe de notre organisme. Elle repose sur des cellules particulières, les neurones, qui ont pour particularité de pouvoir recevoir et transmettre des informations (sous forme d'influx nerveux). La partie centrale de ces cellules se trouve dans les centres nerveux : c'est là où s'échangent et se traitent les données. Mais les neurones établissent des liaisons entre eux et avec toutes les parties du corps à l' aide de filaments plus ou moins longs qui s' associent pour former les nerfs. Ce sont eux qui apportent les informations aux centres nerveux comme la vue, l'ouïe, la température, la douleur, la place des articulations dans l'espace. Et c'est par leur intermédiaire que transitent les ordres faisant agir les muscles ou modifiant l'état de fonctionnement d'un organe.
Le système nerveux contrôle et coordonne l' ensemble des fonctions de l' organisme. Il existe un fonctionnement de base permanent sur lequel n'intervient pas la volonté; cette fonction automatique, qui existe aussi bien en phase de veille que de sommeil, s'appuie sur un système que l'on nomme système nerveux autonome (ou végétatif; par comparaison avec les plantes). Une autre fonction est responsable des phénomènes conscients faisant intervenir la volonté, l'intelligence: elle est liée à l' activité du système nerveux central. Mais au sein des centres nerveux ces deux systèmes sont étroitement liés.
Les neurones sont très dépendants de l' oxygène et, à la différence des autres cellules de l' organisme, n' ont pas la capacité de se multiplier ; ce qui explique la gravité potentielle des atteintes de la fonction nerveuse.
2.3.2 Valeurs normales
La fonction nerveuse végétative est constamment active : elle régule le fonctionnement de chaque organe en fonction des informations qui lui parviennent. C'est elle qui assure les variations, en fonction du besoin des organes, de la fréquence et de l'amplitude de la ventilation ainsi que de la fréquence cardiaque et du volume de sang éjecté à chaque contraction. Elle est également responsable des réflexes de sécurité qui déclenchent des actions de défense en cas de danger: protection des voies respiratoires par la déglutition et la toux, retrait brutal d'un membre en cas de piqûre ou de brûlure, fermeture des paupières en cas de menace, variation de la taille des pupilles en fonction de la luminosité ambiante. ..
Le domaine du conscient permet aux individus de communiquer, de réagir de façon volontaire, d ' avoir une activité intellectuelle. Le niveau de conscience est soumis à des variations normales selon un rythme veille- sommeil bien connu ; mais rien n'empêche quelqu'un qui dort de s'éveiller instantanément et de réagir convenablement à un événement.
2.3.3 Valeurs anormales
La complexité du système nerveux explique l'impossibilité de dresser un tableau simple des anomalies qu'il peut présenter. Dans le domaine du secourisme, où prédominent les troubles de l'oxygénation des cellules, l'atteinte de la fonction nerveuse se signale en général d'abord par une altération de la conscience ou un comportement anormal : désorientation, agitation, convulsions, somnolence anormale, perte de connaissance...
Les systèmes nerveux central et végétatif étant très dépendants, l' altération de la conscience s'accompagne toujours d'un certain degré d'atteinte des mécanismes autonomes de régulation; il en est ainsi des réflexes de protection, du tonu5. musculaire, qui sont d'autant plus touchés que la perte de connaissance est profonde. Ces perturbations influent sur le fonctionnement des autres appareils vitaux, pouvant être à l' origine de cercles vicieux très dangereux. Par exemple, la diminution du tonus musculaire de la langue, qui accompagne une perte de connaissance, peut entraîner l'obstruction du pharynx chez une personne laissée sur le dos ; le trouble ventilatoire diminue l'apport en oxygène et la perturbation des échanges gazeux cellulaires va rapidement agir en perturbant le système nerveux et la fonction circulatoire.
Dr Thomas HERVE
BSPP
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