PARIS, novembre 2003 (Reuters Santé) - La fibrinolyse pratiquée dans une unité neurovasculaire permet de diminuer de 20% le nombre de handicapés secondaires à un accident vasculaire cérébral ischémique, à condition d'être pratiquée dans les 3 heures qui suivent un tel événement, d'où l'importance majeure pour un patient à risque et son entourage de reconnaître les signes d'alerte, afin de favoriser une prise en charge précoce, a expliqué cette semaine le Pr Pierre Amarenco (hôpital Bichat, Paris), lors d'une conférence de presse à Paris.
Cette réunion a été organisée par la Société Française de Neurologie et la Société Française de Pathologie Neurovasculaire.
L'attaque cérébrale est liée à un caillot de sang qui obstrue une artère du cerveau. Le résultat est la chute de la pression sanguine dans cette partie du cerveau, qui n'est plus irriguée et donc ne peut plus fonctionner.
"La fibrinolyse ou thrombolyse utilise un produit qui agit comme un 'Destop' débouchant ainsi l'artère en une heure. Grâce à ce traitement on obtient 30% de guérison en plus", souligne le spécialiste.
Selon lui, le public le plus large possible doit connaître les symptômes d'alerte de l'attaque cérébrale. "Il faut également multiplier parallèlement les services d'accueil spécialisés pour les patients concernés, car pour 1.000 malades pris en charge dans les unités neurovasculaires, on peut éviter 50 décès ou dépendance en moins, comparativement à une prise en charge classique. Les Agences régionales d'hospitalisation (ARH) sont en train de réfléchir à l'organisation de la prise en charge de l'AVC", commente le Pr Jean-Michel Vallat (CHU de Limoges).
Actuellement, la France dispose de 15 unités neurovasculaires réparties dans plusieurs centres hospitalo-universitaires (CHU), contre 80 en Allemagne. Il en faudrait, en réalité, entre 200 et 300, aussi bien dans tous les CHU que dans les centres hospitaliers généraux, afin de favoriser la proximité géographique.
"En effet, atteste le Pr Amarenco, le traitement thrombolytique ne peut être utilisé que dans ces unités spécialisées car la prescription est délicate. Aujourd'hui, moins de 1% des patients peuvent en bénéficier, alors qu'idéalement, 50% devraient recevoir ce type de traitement en urgence. Or, actuellement, seuls 50% des malades ayant subi un AVC ischémique arrivent dans les trois heures dans les services d'urgence, en particulier en Ile-de-France". Au-delà d'un tel délai, la fibrinolyse ne peut plus être réalisée dans la mesure où il existe un risque hémorragique important.
LES CINQ SIGNES D'ALERTE
Les signes d'alerte sont caractérisés par leur survenue soudaine, décrit le Pr Amarenco. Ils peuvent être minimisés lorsqu'ils sont brefs, ce qui fait que le patient les néglige souvent. Ils peuvent être, à l'inverse, permanents et susceptibles de s'aggraver.
Cinq signes doivent être reconnus par les patients à risque et leur entourage :
- Perte de la force d'un bras, d'une jambe, de la moitié de la face ou de la totalité d'un côté du corps;
- Perte de la sensibilité d'un bras, d'une jambe, de la face ou de tout le côté d'un corps;
- Difficulté soudaine à trouver les mots ou à les exprimer : cela perturbe la phrase qui peut être incompréhensible pour l'entourage ou les mots qui sont totalement transformés;
- Trouble soudain de l'équilibre et de la marche, qui peut conduire à la chute;
- Perte soudaine de la vision d'un oeil.
Dans ces 5 cas de figure, il n'y a pas une minute à perdre ! Il faut appeler en urgence le 15 ou son médecin généraliste ou se rendre directement dans l'hôpital le plus proche./ajr
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