Les protéines du latex provenant du caoutchouc naturel sont des allergènes connus et semblent figurer parmi les principales causes de maladies allergiques professionnelles affectant le personnel hospitalier.
Pourtant, une récente synthèse des données publiées n'a pas mis en évidence de risque accru de sensibilisation induite par des immunoglobulines E spécifiques (IgE) parmi les soignants exposés au latex naturel par rapport à la population générale ou non exposée, rapportent le Pr Jean Bousquet, du CHU de Montpellier, et ses collègues.
En raison des nombreuses critiques émises sur cette étude, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a nommé un groupe de travail pour conduire une nouvelle analyse des données disponibles et évaluer le risque allergique associé aux gants en latex chez le personnel hospitalier, ainsi que l'impact des mesures correctrices mises en place.
Les données proviennent principalement d'études transversales parmi les soignants et la population générale.
L'analyse indique qu'une allergie au latex est présente parmi 4,01% à 4,63% des soignants, contre 0,43% à 2,31% de la population générale. En parallèle, des résultats positifs à des prick-tests au latex ont été observés chez 6,9% à 7,8% des professionnels de santé et pour 2,1% à 3,7% de la population générale.
Il apparaît une augmentation significative du risque pour certaines maladies allergiques (symptômes et/ou mesures des IgE) parmi les soignants exposés au latex : une multiplication par 2,46 pour une dermatite des mains, par 1,55 pour un asthme ou une respiration sifflante, par 2,73 pour une rhinoconjonctivite et par 1,27 pour au moins un symptôme allergique.
Globalement, ces arguments épidémiologiques tendent à confirmer que les personnels hospitaliers exposés au latex naturel sont confrontés à un risque accru de sensibilisation et de symptômes allergiques, mais les études prospectives destinées à évaluer l'incidence se montrent insuffisantes pour confirmer ce risque.
Le groupe de travail a aussi voulu évaluer l'effet de la substitution de gants poudrés par des gants faiblement ou non poudrés. La poudre utilisée (de l'amidon de maïs, qui sert de lubrifiant) n'est pas un allergène, mais constitue un vecteur des allergènes du latex.
Les données disponibles suggèrent alors une réduction des symptômes allergiques, mais les études réalisées sont trop peu nombreuses ou conduites selon une méthodologie insuffisamment rigoureuse pour conclure au sujet d'un éventuel effet protecteur des gants faiblement ou non poudrés sur le risque de sensibilisation au latex et/ou de maladies allergiques.
L'utilisation des gants faiblement poudrés "doit être étudiée de manière approfondie dans le futur s'ils continuent à être utilisés à la place des gants en latex classiques", concluent les experts./ld/mr
(Journal of Allergy and Clinical Immunology, août 2006, vol. 118, n° 2, p. 447-454)
INFOS ET ACTUALITES
Allergies à l'hôpital : le bénéfice potentiel des gants en latex non ou faiblement poudrés doit être mieux évalué
Publié le 22/08/2006
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Source : infirmiers.com
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