Pour tenter de trouver des solutions à la crise de la psychiatrie, les députées Sandrine Rousseau (Les Écologistes) et Nicole Dubré-Chirat (Renaissance) ont été désignées fin 2023 comme co-rapporteuses d’une mission sur les urgences psychiatriques. En amont de la présentation de leur rapport à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, prévue fin juin, elles interpellent le gouvernement sur « l’urgence à agir » face aux difficultés que rencontre ce secteur. Elles lui demandent notamment de se saisir des conclusions de la mission pour « en faire un plan national « psychiatrie » d’ampleur », à l’image du « plan cancer » et de sa stratégie décennale. Celui-ci a entre autres « permis de faire des avancées considérables dans la prise en charge et la levée du tabou autour de cette maladie », soulignent-elles.
Une "grande fragilité" et des pratiques dangereuses pour patients et professionnels
Depuis janvier, les deux députées sont allées à la rencontre des professionnels de terrain dans toute la France, précisent-elles dans un communiqué. « Une situation de grande fragilité de la psychiatrie a été observée ainsi que des pratiques mettant en danger aussi bien les patients que les professionnels (contention, manque de lits, manque de personnels) », relèvent-elles ainsi. Alors que les coûts liés à la santé mentale et aux traitements chroniques par psychotropes représentent le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, elles s’interrogent notamment sur les raisons expliquant « l’abandon de cette filière ».
Les dizaines d’heures d’audition réalisées ont permis de parvenir à une série de préconisations, qui seront présentées à la commission des affaires sociales. Celles-ci doivent pouvoir répondre à l’ensemble du secteur (personnes migrantes ou détenues, enfants de l’aide sociale à l’enfance, jeunes…), sans se focaliser uniquement sur l’hôpital. Quatre axes sont ainsi listés :
- Éviter les passages aux urgences qui peuvent représenter des expériences traumatiques pour les patients et les professionnels
- Lorsque l’entrée dans les soins passe par là, améliorer les conditions d’accueil aux urgences
- Structurer et fluidifier le parcours patient intra et extra hospitalier afin de le rendre plus lisible et accessible
- Agir sur les conditions de travail et la formation pour rendre la psychiatrie attractive
Un dernier déplacement des députées est prévu ce vendredi 17 mai à Blois et Tour, suivi d’un échange en visioconférence avec des équipes médicales de Toulouse en juin. À noter que le Conseil national de refondation dédié à la psychiatrie débutera également le 12 juin, a annoncé le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Les deux députées, quant à elles, entendent d’ores et déjà déposer un certain nombre d’amendements allant dans le sens du grand plan national pour la psychiatrie lors du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
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