C’est une autre goutte d’eau qui vient faire déborder le vase. Le prochain reportage de Cash Investigation, « Hold-up à la Sécu : à qui profite la fraude ? », dont la diffusion est prévue jeudi 8 décembre, entend démontrer que les professionnels de santé sont responsables de 72% des montants de fraude. Et que, parmi eux, les infirmiers libéraux (IDEL) en représentent la plus grande part. De quoi faire bondir les syndicats de la profession, qui ont réagi en amont de la diffusion de l’émission.
Pour justifier ses propos, l’équipe de Cash Investigation s’appuie sur les chiffres de la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM), qui note effectivement que « près des 2/3 des fraudes détectées […] se concentrent chez les professionnels de santé ». Les infirmiers représentaient à eux seuls un préjudice de 39 millions d’euros en 2019 et en 2021 (17 millions en 2020), loin devant les pharmaciens (18 et 19 millions d’euros en 2019 et 2021 respectivement, et 9 millions en 2020). Certains infirmiers libéraux « gonflent artificiellement les factures des assurés et notamment des patients les plus âgés et vulnérables », précise d’ailleurs l’équipe dans un communiqué annonçant le sujet de l’émission.
Une réalité plus complexe, selon les syndicats
Ces affirmations ont fait d’abord réagir Convergence Infirmière. « Ces arguments traduisent une méconnaissance totale de notre profession et de nos problématiques », dénonce ainsi le syndicat dans son propre communiqué, rappelant, à juste titre, que les IDEL sont les professionnels de santé libéraux les plus nombreux, gonflant mathématiquement le nombre de fraudeurs potentiels. Mais ces fraudes seraient en réalité dues essentiellement à une nomenclature inadaptée, « source inépuisable d’erreurs » avec ses plus de 100 actes inscrits et qui donnerait lieu à des interprétations divergentes selon les Caisses primaires d’Assurance maladie (CPAM).
Des arguments que l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil) reprend à son compte, qui souligne que nombre d’indus réclamés aux professionnels de santé « résultent d’erreurs administratives ou de saisies ». « Il est ainsi aisé de leur part d’avancer le chiffre de 72% de fraudes par les professionnels de santé, alors que la majorité de ces demandes d’indus sont attaquées en justice, et les caisses sont le plus souvent déboutés ! », s’agace-t-elle. Cash Investigation, lui, va jusqu’à accuser certaines CPAM de laisser « perdurer des erreurs pendant des mois, voire des années, avant de "taper" sur les infirmières et les infirmiers libéraux concernés. » L’ONSIL s’inquiète enfin du retentissement qu’un tel reportage pourrait avoir sur la confiance des assurés. « Il eut été judicieux de consulter les représentants de ces professions pour avoir également leurs versions », regrette-t-elle.
Nouvel appel à la grève
Le reportage de Cash Investigation apparaît d’autant plus intolérable pour ces syndicats qu’il vient s’ajouter à une longue liste de vexations, à commencer par l’introduction dans le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale d’un texte permettant la perception des indus par extrapolation sur la totalité de l’activité du professionnel de santé, et non pas uniquement sur les incohérences détectées. S’y ajoute un immobilisme du gouvernement, dénonce CI, qui nourrit le sentiment d’une « déconsidération institutionnalisée » de la profession. Dans ce contexte, CI appelle les IDEL à faire de nouveau grève des nouveaux soins les vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 décembre et « à cesser toute nouvelle prise en charge durant les vacances scolaires, à partir du vendredi 16 décembre et jusqu’au dimanche 1er janvier inclus. »
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