En 2017, Nagah a accouché sans personnel soignant ce qui a entraîné, selon son avocate, la chute de son enfant. Le couple, traumatisé, s'est vu refuser une indemnisation.
Ismail, 31 ans, a décidé d’attaquer l’hôpital dans lequel sa femme, Nagah, a accouché en 2017 à Saint-Denis. Ce père de deux enfants reproche à l’établissement de santé de ne pas avoir pris en charge correctement son épouse qui s’est retrouvée toute seule au moment de l’accouchement, sans personnel soignant, et au cours duquel le bébé est tombé. J’ai dû ramasser mon fils tombé à terre. Je pense que cette image ne me quittera jamais
, confie-t-il.
Au bout de quelques heures, Nagah, 23 ans, est hospitalisée pour accoucher. C’est sa deuxième grossesse.Les heures passent, les contractions s’intensifient et la jeune maman demande une péridurale, en vain. Toutes les salles de naissance étant occupées, la jeune femme est contrainte d’attendre dans cette salle de prétravail. Elle souffrait beaucoup et je ne savais pas quoi faire
, se remémore son mari. Le couple patiente jusqu’au moment où Nagah sent qu’elle est sur le point d’accoucher. Une soignante passe l’examiner mais repart rapidement. Sauf que le bébé commence à sortir. Paniqué, Ismail part chercher de l’aide, sans succès, et à son retour voit son bébé tomber.«J’ai tenté de le rattraper mais je n’ai pas réussi». Il marque une pause pour contenir son émotion. J’ai ramassé mon fils en sang. C’était horrible
, ajoute-t-il, se sentant coupable de ne pas avoir pu le récupérer à temps. Nagah, elle, a perdu connaissance. J’ai senti le bébé tomber, entendu sa tête cogner sur quelque chose - une barre de fer composant le lit, selon son mari - et je me suis évanouie
, témoigne la jeune femme. Pris en charge par une sage-femme et un pédiatre de garde, le nouveau-né, dont le cordon ombilical s’est déchiré dans la chute, est soumis à une batterie de tests. Son examen clinique est normal et il n’a aucune séquelle.
Mais ses parents, eux, sont sous le choc. Quelques jours après l’accouchement, Ismail se rend dans un commissariat et porte plainte pour négligence. Le policier qui m’a reçu ne me croyait pas
. Selon le parquet de Bobigny, l'enquête est toujours en cours.
Le rapport du médecin de l’ARS est accablant
, commente leur avocate Me Myriam Harir. Le médecin en charge des investigations y reconnaît sans détour l’expérience traumatisante vécue» par le couple et «la gravité de l’événement indésirable dont [il] a été victime
. Dans le détail, le médecin pointe les nombreux manquements qui ont entouré la prise en charge de la jeune patiente. Son enquête a également confirmé l’absence du personnel soignant au moment de l’expulsion
, occupé auprès d’autres parturientes. Il y avait énormément de travail ce jour-là (…) En 90 minutes (…) il y a eu sept accouchements
, expliquera plus tard un médecin interrogé dans le cadre d’une expertise. Reste que le nombre de sages-femmes présentes était inférieur à celui attendu
, relève l’ARS dans un courrier adressé aux parents et que Le Figaro a pu consulter.
Fort de ce constat, le couple décide alors de se tourner, sur les conseils de l’ARS, vers la Commission de conciliation et d’indemnisation des médicaux (CCI) pour obtenir réparation. Indépendante de l’hôpital, cette institution présidée par un magistrat permet notamment de résoudre des conflits entre usagers et professionnels de santé par la conciliation.Mais lorsque les deux parents reçoivent le courrier de la commission fin 2019, au bout d’un an et demi, c’est la douche froide. Celle-ci répond qu’elle n’est pas compétente
pour apprécier leur demande d’indemnisation au motif que l’enfant n’a pas de séquelle.
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