18 mois de prison avec sursis : c’est la peine demandée par le parquet lundi 1er juillet contre une infirmière de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) pour homicide involontaire. Elle avait injecté à une patiente 1000 fois la dose prescrite d’adrénaline, conduisant à son décès.
Les faits remontent à septembre 2017. Une patiente de 47 ans est reçue au service rhumatologie de l’hôpital de jour Sainte-Marguerite. Lors de son traitement pour une polyarthrite rhumatoïde, la patiente subit un choc allergique suivi d’un choc anaphylactique. Un interne, supervisé par un médecin sénior, la prend rapidement en charge et prescrit une injection d’adrénaline de 20 microgrammes. L’infirmière, arrivée au sein de l’établissement quelques mois plus tôt, a toutefois commis une erreur en administrant 20 milligrammes d’adrénaline, soit 1 000 fois la dose prescrite. Transférée en réanimation, la patiente est décédée quelques jours plus tard, le 9 septembre.
Une prescription orale à l'origine de l'erreur
Devant le tribunal correctionnel de Marseille, l’infirmière aujourd’hui à la retraite a maintenu avoir entendu l’interne parler en milligrammes. Pourtant, a précisé le chef de service, ce dosage « ne peut pas exister », la dose conseillée lors d’un arrêt cardiaque étant d’un milligramme. De son côté, la prévenue a indiqué ne pas savoir quel dosage pouvait être mortel, n’ayant jamais utilisé d’adrénaline auparavant dans sa carrière. « On me disait "Dépêche-toi, dépêche-toi" », s’est-elle également défendue. « Ce n'est pas digne d'un infirmier », a déploré le compagnon de la victime, lui-même infirmier formateur en cancérologie, pointant la quantité « astronomique » d’adrénaline injectée. « Il n’y a pas d'éléments qui laissent à penser que les médecins se protègeraient et mettraient la faute sur le dos des infirmières », a estimé le procureur, réclamant une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis. « Si l’infirmier a un doute sur la prescription, il la vérifie auprès de son auteur », a-t-il ajouté.
Ce n’est pas la première fois qu’une infirmière est condamnée pour s’être trompée dans l’administration d’une prescription donnée oralement. En janvier dernier, une peine de deux ans de prison avait été infligée à une infirmière, elle aussi de l’AP-HM, pour avoir injecté une surdose de morphine à un patient âgé. Récemment diplômée, elle avait avancé notamment une formation insuffisante pour expliquer son erreur.
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