Le projet de réforme des études d’infirmières dans le système universitaire Licence Master Doctorat (L.M.D) va-t-il être abandonné ? Depuis quelques semaines, de nombreuses rumeurs circulent sur Internet. Infirmiers.com a mené sa propre enquête.
Comme de nombreux autres pays européens, la France a signé les accords de Bologne (19 Juin 1999 avec accords définitifs en avril 2002) qui prévoit que toutes les formations universitaires doivent intégrer le système universitaire Licence Master Doctorat (L.M.D), faute de quoi des pénalités devront être versées pour non respect de ces accords. Cet accord concerne les formations aux professions médicales et certaines formations paramédicales (comme par exemple les orthophonistes).
A ce jour, en France, la formation infirmière est une formation professionnelle supérieure non universitaire sanctionnée par un diplôme d'Etat délivré par le Ministère de la Santé. Depuis plusieurs mois un projet de réforme des études est en cours d’élaboration afin d’universatiriser la formation infirmière dans un cursus LMD.
Or tout semble avoir été remis en question suite à une récente rencontre avec le ministère.
Il est clair que dans le cadre des négociations en cours, il n’y aura pas obtention d’une licence complète à la fin de la formation des études en IFSI. Les étudiants qui le désireront devront compléter leur parcours pour en acquérir une. Les travaux actuels devront permettre de dire comment se fera la jonction diplôme d'Etat-licence avec concrètement combien d'ECTS (European Credits Transfer System) C'est-à-dire combien de points seront attribuées à cette formation en IFSI et combien il en faudra pour obtenir une véritable licence. Cette négociation se fera en partenariat avec les universités, le Ministère de la Santé et les associations professionnelles infirmières avec aboutissement après les élections…
Des passerelles aussi devraient permettre aux étudiants infirmiers de poursuivre leur parcours universitaires vers d’autres formations.
Mais un certain nombre de questions restent ouvertes :
- Avec le passage à l’université, certains ont peur que la profession perde sa spécificité « professionnelle ». Allons-nous retrouver une discipline purement « médicale » en laissant de coté les « sciences humaines » ?
- Comment les enseignants actuels vont-ils pouvoir enseigner dans des universités alors qu’ils ne disposent pas eux même de diplômes universitaires ?
Il est vrai aussi que la revendication pour une licence est très liée à une revendication salariale (nomination en cadre A) qui doit être mesurée avec tous ses effets sur le coût de la santé !!! La prochaine réunion sur cet épineux sujet aura lieu le 19 mars prochain au Ministère de la santé.
Infirmiers.com a pu obtenir des réactions sur ce dossier. Nous les avons repris en intégralité. Par ailleurs, la Coordination Nationale Infirmière appelle a un rassemblement le 14 mars à Paris (voir communiqué ci-dessous)
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Pour l’ANFIIDE
Les portes de l’université se ferment à la filière infirmière : Chronique d’une promesse non tenue ! Christophe Debout - Président de l’ANFIIDE
Bien que la décision officielle n’ait pas encore été communiquée, les déclarations de Monsieur BOUDET lors de la réunion du groupe élargi validation des acquis issus de l’expérience (VAE) infirmière laissent présager que le reformatage de la filière infirmière sur un modèle universitaire de type Licence-Master-Doctorat (LMD) ne soit plus à l’ordre du jour du gouvernement.
Cette annonce est en totale contradiction avec les orientations qui ont guidé les concertations menées sur ce thème entre le ministère de la santé, celui de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et les représentants du groupe professionnel infirmier depuis de nombreux mois.
L’investissement des organisations professionnelles et syndicales a été important et soutenu autour de ce dossier tant nous le jugeons essentiel à l’évolution de la profession infirmière au service des besoins et attentes de la population. Il nous paraît également essentiel de rattraper le retard accumulé par la France dans l’application des accords de Bologne à la filière infirmière en comparaison des autres pays de l’Union Européenne.
Notre déception sera à la mesure de notre degré d’investissement si cette décision est confirmée.
Nous ne manquerons pas de dénoncer : le manque de cohérence dans la conduite de ce dossier, la duperie inhérente au projet de VAE infirmière, les injonctions paradoxales formulées à l’égard du groupe professionnel infirmier ainsi que les engagements ministériels non tenus.
Cette nouvelle volte face n’est pas sans nous rappeler le sort accordé au projet de première année commune des professions de santé. Là encore, ce projet avorté laissera les besoins et les problèmes sans réponse et fera croître le sentiment de frustration chez les infirmières.
Comment espérer attirer vers la filière infirmière et fidéliser les professionnels en exercice alors que nos décideurs tirent vers le bas ce groupe professionnel ?
Peut être devons nous voir dans cette décision une stratégie cachée visant à organiser une pénurie dans ce secteur afin de pouvoir ensuite plus facilement déqualifier. N’est ce pas là la réplique à plus grande échelle de ce que nous avons connu pour les soins infirmiers au bloc opératoire et pour les soins à domicile ?
Dans ce contexte, nous devons actionner sans délai le levier que nous offre la période électorale dans laquelle nous entrons. Les 460 000 infirmiers et les 80 000 étudiants en soins infirmiers sont autant de citoyens électeurs potentiels. Nous ne manquerons pas d’intégrer ces questions dans les débats politiques. Le vote des infirmiers doit être éclairé sur les intentions des candidats sur les thèmes qui façonneront leur exercice et leurs parcours professionnels.
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Pour le CEFIEC,
Le CEFIEC a contacté le ministère pour connaître sa version « officielle ». Il attend sa réponse pour se positionner.
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Pour la Coordination Nationale Infirmière :
Notre profession est en passe d’être définitivement rétrogradée à un niveau dangereux pour nous mais aussi pour les patients. Les dernières décisions politiques concernant le sort des 460 000 infirmier(e)s que nous sommes sont scandaleuses.
La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) va se concrétiser et permettre à des personnes d’obtenir le Diplôme d’Etat d’infirmier sans le BAC et avec un cursus nettement en dessous du nombre d’heures requis jusqu’ici et validés par les accords européens. L’intégration de la formation infirmière à l’Université, aux normes européennes « Licence-Master-Doctorat »(LMD) est abandonnée par le Ministère malgré le travail de centaines de professionnels sur ce dossier et des promesses faites depuis 2 ans. Ainsi, la VAE sans le cursus LMD nous fait perdre à jamais l’espoir de reconnaissance du niveau Bac+3 que la profession réclame depuis plus de 10 ans et l’espoir d’une vraie RECONNAISSANCE PROFESSIONNELLE.
Ce que notre Ministre nous avait pourtant promis pour cette année fut encore une fois un leurre et un mensonge !
Alors que les autres pays ont maintenant une formation universitaire qui va jusqu’au doctorat et qui garantit des soins de qualité et une reconnaissance juste du niveau d’études (Angleterre, Espagne, Portugal, Canada…), la France choisit de brader notre Diplôme, de bâcler une sous-formation accessible aux plus nombreux pour former des infirmières rapidement et à moindre coût.
Si nous laissons faire cela, c’est la fin d’une profession et c’est un coup de poignard sans précédent aux 460 000 infirmier(e)s français. Au regard des responsabilités et des compétences que requiert notre travail aujourd’hui, ce choix implique la mise en danger scandaleuse de nos patients et l’assurance d’une qualité de soins déplorable. Infirmiers, réagissez !!! Vous taire, c’est cautionner ce choix !
On se fiche de nous !!! Si nous ne faisons rien maintenant, il sera trop tard.
1er salaire : 1350 euros brut … après 40 ans… 2300 euros brut.
1 euro brut de l’heure en supplément de nuit…Pas d’augmentation depuis 10 ans !
Nous exigeons des négociations immédiates, l’obtention du niveau Bac+3, une formation LMD, une augmentation de salaire en rapport avec nos responsabilités.
[color=red">Rassemblons-nous le 14 mars 2007, place de la Bastille à 12 H[/color">
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Pour la FNI :
LMD infirmière utopie pour les uns et partage de la misère pour les autres ! Entre les deux mon cœur balance…
La période préélectorale est propice à de nombreuses prises de positions dans l’urgence… ainsi après de long mois de silence, la FNI s’étonne d’être convié à une réunion sur le LMD… Elle a aussi sur ce point reçu un courrier signé du Ministre le 1er décembre 2006. Ce courrier « à la manière de … » ressemble étrangement à une mise en œuvre qui aurait le goût des groupes de travail VAE, la qualité de concertation qu’on connait des groupes de travail VAE …mais qui se dénommerait ici LMD… On change de nom mais pas un modèle de pilotage qui gagne !!! Et pourtant…
Pourtant, la FNI après contact avec des partenaires universitaires ne peut que prendre acte de la confusion qui règne au Ministère sur ces sujets éminemment porteurs d’enjeux pour l’évolution de la profession… elle prend acte de l’amalgame systématique fait par les services du Ministère entre la mise en œuvre du LMD …. Universitarisation des formations de santé dans le cadre des accords de Bologne dans un souci d’harmonisation des cursus au niveau européen … et de la VAE …exception franco-française.qui ne s’applique pas vraiment aux professions réglementées. Et qui pour l’instant laisse sceptique nos homologues européens…
ï° Si la FNI ne peut prétendre avoir l’expertise pour définir les contenus pédagogiques de la formation initiale, elle ne peut laisser perdurer cette vision scandaleuse d’un infirmier « technicien de base » véhiculé par des visions technocratiques et qui ne mériterait pas le niveau « licence »…bien loin des réalités infirmières de terrain et des responsabilités qui en découlent…
….les infirmiers ne pensent-ils pas ? Prendre en charge au quotidien des suivis de patients complexes, nécessitant connaissance des pathologie et des thérapeutiques, surveillance et raisonnement clinique, anticipation et coordination relèverait donc de pures qualités innées jusqu’à maintenant ?
ï° Si la FNI ne peut prétendre, avoir une vision globale de la profession d’infirmière, elle entend avoir à « dire » du métier d’infirmier de proximité, de premier recours, qui relève aujourd’hui dans de nombreux pays face aux enjeux de santé publique à venir (maladies chroniques, vieillissement de la population, prévention…) d’une reconnaissance bien au-delà du niveau licence en regard des compétences requises …
…Les infirmiers français soignent-ils autrement en France ? Sont-ils plus incultes que leurs homologues européens et anglo-saxons qu’ils ne puissent prétendre à une formation du même niveau? Les patients et leur légitime besoin de sécurité et de qualité des soins infirmiers relèvent-t-ils là aussi d’une exception franco-française ?
ï° Si la FNI ne peut prétendre avoir une vision globale du système de santé, elle ne peut s’empêcher de constater que bien loin de la qualité et de la sécurité des soins, c’est la vision « la moins couteuse » pour le principal employeur d’infirmiers (l’hospitalisation publique et l’hospitalisation privée) qui prédomine pour ce choix.
…les infirmiers français et les patients doivent-ils faire les frais d’un employeur « prêt de ses sous » prêt à sacrifier les formations soignantes nécessaires à la qualité des soins?
Prétendre à un niveau licence en regard des contenus de formation que nous connaissons et des responsabilités que nous assumons au quotidien n’a rien d’utopique… le contraire relève en revanche d’un total déni des compétences infirmières et du rôle social que nous jouons au quotidien.
La FNI ne se laissera pas entrainer dans un discours misérabiliste qui consiste à laisser penser que les infirmiers ne sont pas au niveau …Pour ne pas les intégrer dans un cursus universitaire et les payer à leur juste valeur !
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Guy ISAMBART
Rédacteur en Chef Infirmiers.com
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