7 Français sur 10 se disent inquiets des risques de maltraitance pour eux-mêmes ou leurs proches, second risque jugé le plus élevé après la maladie grave. Les résultats de l’enquête commandée au Credoc par Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, pose un constat préoccupant. Il témoigne de l’ampleur du sentiment d’insécurité qui gagne dans un contexte de moindre tolérance aux atteintes physiques et psychologiques. Le chiffre varie, du reste, en fonction du statut social des répondants : 79% des personnes qui se sentent seules « tous les jours ou presque » témoignent de cette crainte contre 65% des personnes qui ne se sentent «jamais» seules.
Le sentiment de fragilité joue également un rôle majeur puisque 77% des personnes qui se sentent en situation de vulnérabilité témoignent de leurs inquiétudes pour elles ou leurs proches (vs 66% des personnes qui ne se considèrent pas vulnérables) et 72% des personnes en prise avec un handicap ou une maladie chronique sont inquiètes des mêmes risques de maltraitance pour elles ou leurs proches.
6 Français sur 10 estiment qu’on ne parle pas assez des faits de maltraitance envers les personnes âgées ou en situation de handicap
Un constat qui explique sans doute que le sujet soit fréquemment occulté lors de l’entrée en institution. Une précédente étude du Crédoc révélait en effet que 42% des proches de personnes âgées bientôt concernées par l’entrée en structure d’accueil n’osaient pas aborder la question. Sans surprise, à l’heure où parait le tome 2 de l’ouvrage « Les fossoyeurs » de Victor Castanet, les Ehpad sont cités par un Français sur 2 comme un lieu à risque de maltraitance, devant le domicile et les établissements d’accueil pour les personnes en situation de handicap.
Les EHPAD, le domicile et les établissements d’accueil des personnes en situation de handicap sont perçus comme les lieux où la maltraitance est la plus fréquente
Le Credoc souligne d’ailleurs la forte sensibilité de la population à la maltraitance des personnes vulnérables « dans un contexte de prise de conscience et de médiatisation de différentes formes de maltraitance (mesures sanitaires drastiques dans les Ehpad ayant conduit à l’isolement des personnes âgées dépendantes, scandale Orpéa et accusations de "maltraitance institutionnelle" de résidents, etc.) ». Le Centre de recherches relève également que les seuils de tolérance des violences et autres atteintes aux personnes s’abaissent comme en témoigne l’augmentation des signalements de discriminations auprès de la Défenseure des droits, ou encore la hausse des plaintes pour violences sexistes. Les chercheurs invitent enfin à considérer « l’aspiration plus forte des jeunes générations à exprimer des identités singulières de genre, de sexualité, de religion, d’apparence physique...», ce qui renforce leurs inquiétudes sur « les mauvais traitements qui peuvent leur être associés ».
65% des Français jugent que les pouvoirs publics ne font pas assez pour lutter contre les formes de maltraitance envers les personnes vulnérables.
La maltraitance apparait comme un sujet qui interpelle et appelle une action plus forte des pouvoirs publicsEn réponse à la maltraitance, la police et la gendarmerie sont identifiés comme des interlocuteurs privilégiés (61% des répondants). Mais le régalien est aussi par ailleurs sévèrement jugé puisque 65% des répondants estiment que les pouvoirs publics ne font pas assez pour lutter contre les formes de maltraitance envers les personnes vulnérables. A titre de comparaison, 57% estiment que les pouvoirs publics ne font pas assez pour le pouvoir d’achat…
L’action ministérielle engagée
Jean-Christophe Combe qui a souhaité faire de la lutte contre la maltraitance des adultes vulnérables une dimension majeure de son action, a engagé quatre missions depuis sa nomination : la saisine de l’inspection générale des affaires sociales sur les circuits d’alerte, dont le rapport est attendu en mai ; la saisine de la Conférence nationale de santé, qui vient d’ailleurs de publier le compte-rendu du webinaire dédié à ce sujet (lien document) ; la saisine du Haut-Conseil de santé publique, qui produira un état des lieux des connaissances scientifiques à la fin de l’année 2023, et enfin, la saisine de la Haute Autorité de Santé, qui proposera de nouveaux outils pour évaluer le risque de maltraitance sur majeurs vulnérables, et pour mieux combattre les maltraitances en établissements, à l’horizon fin 2023.
En attendant, une publication de la Direction de la cohésion sociale avance déjà un bilan intermédiaire des actions menées suite à l’affaire Orpéa. « A ce jour, 1400 contrôles ont déjà été réalisés et ont donné lieu à près de 1800 recommandations, prescriptions ou injonctions et 11 saisines du procureur de la République, y précise en introduction Jean-Christophe Combe, expliquant que l’ensemble de ces mesures s’ajoute à celles déjà prises par le gouvernement pour recruter davantage de professionnels mieux rémunérés, faire face à l’inflation, préparer les Etats généraux de la maltraitance (annoncés en février) et le Conseil national de la refondation dédié au « bien vieillir», prévu au printemps. Dans ce contexte, le ministre insiste sur sa volonté de « donner la parole à toutes les instances représentatives des personnes concernées, aux professionnels et aux parties prenantes associatives ». Et de souligner que « Les propositions qui en émaneront (et qui seront recueillies jusqu’à l’été 2023) viendront nourrir la construction de la stratégie qui sera lancée à l’automne autour de trois objectifs majeurs : mieux voir, mieux libérer et entendre la parole, mieux combattre toutes les maltraitances ».
*Pour en savoir plus :
La perception de la maltraitance par les Français (étude sur 3000 personnes de 15 ans et plus interrogées en ligne en novembre 2022).
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