Les soignants aiment leur métier mais ils sont globalement malheureux au travail, révèle le dernier Baromètre Santé 360° Odoxa-MNH. Manque de reconnaissance, insatisfaction, difficultés majeures au quotidien… Le tableau reste sombre.
Le Baromètre Santé 360° Odoxa-MNH commence par un constat positif : 93% des soignants aiment leur métier, contre 83% de la population générale et 63% (le double de la population générale) l’aiment extrêmement
.72% (+4 points par rapport aux autres actifs) envisagent de l’exercer encore de nombreuses années. 95% d’entre eux ont le sentiment de faire un travail utile
(13 points de plus que les autres travailleurs
). Enfin, les trois-quarts des soignants sont convaincus que leurs compétences sont bien employées dans leur travail
et qu’ils ont l’occasion de les développer
et plus d’un tiers en sont certains
. Là encore, leur satisfaction dans ces domaines est bien supérieure à celle des autres actifs français (respectivement, +4 et +10 points).
60% des infirmiers et aides-soignants insatisfait(e)s au travail
Un travail intéressant, qui a du sens, qui pourrait donc être épanouissant… Et pourtant, les bonnes nouvelles s’arrêtent à peu près là. En effet, près des trois-quarts des professionnels de santé estiment que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur
(73% vs 27%) et que leurs perspectives d’évolution ne sont pas motivantes
(73% vs 27%). Leur satisfaction est aussi pratiquement deux fois inférieure (27% vs 44% et 46%) à celle de la population générale. Un manque de reconnaissance, une insatisfaction, doublés de difficultés parfois majeures rencontrées au quotidien qui expliquent que les professionnels de santé sont bien moins heureux au travail que les autres actifs
note l’enquête. L’insatisfaction concerne un peu plus d’un professionnel sur deux (50%vs49%) et elle est particulièrement forte parmi les paramédicaux : 60% des infirmiers et des aides-soignants se disent insatisfait(e)s au travail.
Seule dimension jugée satisfaisante dans ce sombre tableau général : le rapport avec les patients, jugé plutôt satisfaisant (à hauteur de 62% des professionnels), malgré les violences et les incivilités qu’ils subissent trop souvent.
Les soignants se sont énormément mobilisés pour les patients, moins pour prendre soin d'eux.
A l’occasion de la présentation du dernier Baromètre Santé Odoxa-MNH à SantExpo, Médéric Monestier, Directeur général de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH), livre son analyse sur le vif de la situation des infirmiers.
Ressources humaines : les risques peu pris en compte selon les sondés
Dans le champ des ressources humaines, le mécontentement est fort concernant la prise en compte des risques professionnels, qu’il s’agisse des troubles musculosquelettiques (TMS) ou des troubles du sommeil (51% de mécontents contre 19% de satisfaits), de la prise en compte du stress au travail et des risque psychosociaux
(55% de mécontents contre 17% de satisfaits).
Les paramédicaux, encore plus exposés aux menaces et aux agressions
Les professionnels de santé subissent massivement, et beaucoup plus que les autres actifs, des agressions verbales, des menaces et même des agressions physiques dans l’exercice de leur métier. 87% des professionnels de santé ont subi des insultes et 79% des incivilités, 62% ont déjà subi des menaces et 42% des agressions physiques dans l’exercice de leur métier. C’est, respectivement, 20 et 14 points de plus que les autres Français au travail. Et pour les infirmiers et aides-soignants, c’est encore pire : 64% ont déjà subi des menaces et 55% des agressions physiques dans le cadre de leur travail.
Ce sentiment que les métiers de l’hôpital et de la santé sont plus difficiles que les autres est d’ailleurs unanimement partagé : c’est le sentiment de 92% des professionnels de santé. 91% des soignants pensent que ces métiers sont moins reconnus/considérés
qu’auparavant et 95% des professionnels de santé pensent que ces métiers sont moins attractifs qu’auparavant.
84% des infirmiers et 79% des personnels hospitaliers ne conseilleraient pas à leur enfant de devenir infirmier à l’hôpital.
Une majorité de Français et surtout l’écrasante majorité des professionnels de santé n’encourageraient pas leur enfant à exercer une profession de santé, surtout à l’hôpital. Ainsi plus de 8 professionnels de santé sur 10 ne leur conseilleraient pas de devenir infirmier (80%) ou aide-soignant (82%) à l’hôpital.
Des priorités différentes de celles des autres actifs
Des solutions existent toutefois, assure l’enquête, avec des priorités clairement identifiées par les soignants lorsqu’ils recherchent un emploi. Elles sont claires et rejoignent le plus souvent celles de leurs concitoyens. Le salaire, l’équilibre vie professionnelle-vie privée, les conditions de travail, le sens de l’emploi proposé ou encore, dans une moindre mesure, la proximité de son travail avec son domicile et les avantages extra-salariaux sont autant d’éléments qui comptent. Ils constituent le top-7
des priorités des professionnels de santé comme des autres actifs.
Cependant, le classement plus fin de leurs priorités diffère parfois assez singulièrement de celui de leurs concitoyens : par exemple, si le salaire compte pour eux-aussi (critère le plus souvent cité en numéro 1 et dans les trois premiers cités), il compte moins que pour les autres actifs : 10 points de citations de moins parmi les trois premiers cités (70% vs 80% auprès des actifs français). C’est plus vrai encore sur la proximité géographique avec le domicile. Alors que c’est la 2ème priorité des actifs – 26% la citent en pole position – elle n’est que 5ème auprès des professionnels de santé.
Inversement, les soignants placent à un plus haut niveau encore que leurs concitoyens le sens du travail proposé
qui arrive en 4ème position des critères qu’ils citent le plus (43% le place en 1ère, 2ème ou 3ème position, soit 6 points de plus que les autres actifs). Enfin, il est une priorité qui a plus de poids encore aux yeux des professionnels de santé: les conditions de travail proposées (locaux, matériels à disposition, etc.). C’est la 3ème priorité la plus citée par les professionnels de santé. 52% la citent dans leur top-3
, soit 11 points de plus que les autres actifs, et 18% en font même leur priorité n°1, soit pratiquement le double des autres actifs (10%).
Des pistes désormais connues et urgentes à explorer pour permettre à la fois d’améliorer la satisfaction au travail des professionnels de santé actuellement en poste tout en renforçant l’attractivité de ces métiers auprès des générations futures.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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