C'est un outil de communication pédagogique, structurant et valorisant pour toutes les équipes opérationnelles d'hygiène qui oeuvrent dans les établissements de santé. La Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) est à l'origine du « référentiel métier et compétences des spécialistes en hygiène, prévention et contrôle en milieu de soins », un document qui vise à asseoir le statut professionnel des métiers de l'hygiène.
Comme le Programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins (PROPIAS Juin 2015)1 lui en a confié la mission, la SF2H s’est donc lancée dans l’élaboration d’un référentiel métier « hygiéniste ». Pour la guider, une certitude : si au niveau international et européen des efforts de clarification ont été faits pour définir nos métiers et la formation qu’ils requièrent, il n’y avait en France aucun équivalent. Décrire en un document court un métier polymorphe et pluri professionnel était une réelle gageure
. La démarche du groupe de travail de la SF2H a consisté à se demander comment un professionnel en hygiène hospitalière doit s’y prendre pour exercer de la façon la plus optimale son art.
Pierre Parneix, Président de la SF2H l'explicite ainsi. Nous souhaitons que chaque hygiéniste puisse se questionner sur ses pratiques et les ressources dont il a besoin, qu’elles soient extérieures ou issues de son développement personnel, pour mener à bien ses missions. Nous souhaitons que les professionnels intéressés par notre métier en appréhendent mieux les contours et la richesse. Nous voulons aussi attirer l’attention des décideurs et recruteurs sur l’importance à accorder à ces fonctions, à la manière d’en définir les profils de poste mais aussi les effectifs nécessaires et la complémentarité des professionnels d’une équipe opérationnelle en hygiène et prévention des infections associées aux soins. Ce document doit aussi servir de support pour bâtir les formations spécialisées de demain de nos différents métiers
.
Ce référentiel fait désormais office de référence en matière de missions à mener, d'activités à exercer en lien avec des compétences précises (coeur de métier) qui s'appuient sur une formation harmonisée et évaluée qui ne l'est pas moins. Le Pr Anne-Marie Rogues, chef du Service d'hygiène hospitalière du CHU de Bordeaux, qui a coordonné le groupe de travail de la SFH2, rappelle que la spécificité de l’exercice des spécialistes en hygiène, prévention et contrôle de l’infection en milieu de soins est de gérer le risque infectieux pour prévenir les infections associées aux soins (IAS) et de contribuer à la maîtrise de la résistance aux anti-infectieux
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Si au niveau international et européen des efforts de clarification ont été faits pour définir nos métiers et la formation qu’ils requièrent, il n’y avait en France aucun équivalent.
Rappelons qu'en France, depuis l’obligation promue en 1999 par décret en Conseil d’état2 de constituer une équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) en établissement de santé, plusieurs textes en précisent les organisations, encadrent ses missions et la positionnent dans la démarche plus globale de sécurité des soins aux patients. Si la composition et le rattachement de ces équipes ont évolué dans le temps, et de façon variable selon les structures sanitaires ou médico-sociales, les missions sont restées communes aux divers contextes d’exercice.
Les membres de l’EOH sont des experts du risque infectieux associé aux soins concernant les patients et les professionnels de santé :
- ils prennent en charge la gestion de ce risque dans la structure de soins (ou d’intervention) et sur l’ensemble du parcours de soin ;
- ils coordonnent la formation et l’information dans ce domaine auprès des professionnels, des patients (ou résidents) et des usagers ;
- ils participent activement au pilotage du processus « risque infectieux » dans le cadre de la certification de la structure de soins ;
- ils contribuent ainsi à l’amélioration des pratiques professionnelles, à la vigilance sanitaire et permettent de renforcer la sécurité et la qualité de la prise en charge des patients (ou résidents) et des professionnels de santé ;
- ils sont régulièrement à l’interface entre leur établissement, les structures d’appui régionales et l’autorité de santé régionale (ARS).
Les activités qui leur permettent de remplir leurs missions sont variées : surveillance et prévention des IAS et de la diffusion des bactéries multirésistantes aux antibiotiques, contrôle du risque infectieux environnemental et lié aux dispositifs médicaux, déclaration d’infections inattendues ou inhabituelles et investigation d’épidémies, évaluation des pratiques professionnelles, conseil pour la prise en compte du risque infectieux lors du choix de produits ou d’équipements ainsi que lors de l’aménagement et la construction de locaux, formation et information.
Leurs actions sont guidées par les objectifs définis dans le programme national de prévention des IAS1 qu’ils adaptent au contexte local.
« La richesse du métier tient à sa pluridisciplinarité, à la nécessité de travailler en équipe et avec de nombreux services et partenaires institutionnels, d’adapter ses pratiques professionnelles à l’évolution de la science médicale en actualisant ses connaissances et en développant la recherche dans le domaine du risque infectieux associé aux soins ».
Pour construire ce document de référence, la SF2H s'est associé à un expert consultant en gestion et développement du professionnalisme, Professeur associé à l’université de Sherbrooke (Canada), en la personne de Guy LeBoterf. Pour lui, en effet, il y a une distinction entre « être compétent » et « avoir des compétences ». Être compétent, c’est être capable de mettre en oeuvre une pratique professionnelle pertinente par rapport aux exigences et au contexte d’une situation à traiter en mobilisant une combinatoire appropriée de ressources (connaissances, savoir-faire, comportements, aptitudes…) alors qu'avoir des compétences, c’est avoir les ressources (connaissances, savoir-faire…) pour agir de façon pertinente en situation
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Avoir des compétences est donc une condition nécessaire mais non suffisante pour agir avec pertinence dans une situation à traiter. De fait, le référentiel prend comme point de départ les principaux types de situations professionnelles que doit savoir traiter un hygiéniste dans une structure de soins. A chacune de ces situations, nommées en termes « d’activité clé » à réaliser, correspond la description d’un « savoir-agir » qui décrit des critères de réalisation souhaitable d’une activité pour atteindre un résultat attendu. C’est en fonction de ces critères qu’un hygiéniste devra agir de façon pertinente
.
A l'occasion du Congrès national de la SF2H du 6 au 8 juin à Montpellier, le référentiel a réellement pris son envol. Les professionnels du secteur doivent maintenant se l'approprier et le partager à leur tour.
Les 9 situations professionnelles retenues et leur savoir-agir correspondant
- Gérer une épidémie d’infections associées aux soins (IAS).
- Traiter un signalement de colonisation ou d’infection associée aux soins.
- Réaliser une surveillance épidémiologique des infections associées aux soins.
- Elaborer, promouvoir et accompagner la mise en oeuvre d’un référentiel de mesures de prévention des infections associées aux soins.
- Elaborer et conduire un programme de prévention des infections associées aux soins intégrant la maîtrise de l’antibiorésistance.
- Réaliser l’évaluation d’une pratique de soins.
- Elaborer et conduire un plan de prévention des risques infectieux liés à l’environnement : air, eau, surfaces.
- Conseiller les décideurs pour prendre en compte le risque infectieux pour tout projet de construction, d’aménagement ou d’équipement.
- Concevoir et conduire des activités de formation
Les 6 ressources nécessaires aux divers savoir-agir
- Connaissances scientifiques : « Connaître »
- Connaissances méthodologiques et techniques : « Connaître »
- Connaissances sur le contexte de travail : « Connaître »
- Savoir-faire méthodologiques et techniques : « Etre capable de »
- Savoir-faire méthodologique de management et de gestion : « Etre capable de »
- Savoir-faire relationnels : « Etre capable de ».
Notes
- Instruction DGOS/PF2/DGS/RI1/DGCS/2015/ 202 du 15 juin 2015 relative au programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins (Propias) 2015
- Décret n°99-1034 du 6 décembre 1999 relatif à l'organisation de la lutte contre les infections nosocomiales dans les établissements de santé et modifiant le chapitre Ier du titre Ier du livre VII du code de la santé publique (deuxième partie : Décrets en Conseil d'Etat). Abrogé par le décret du 20 juillet 2005
• « Référentiel métier et compétences des spécialistes en hygiène, prévention et contrôle en milieu de soins », mars 2018, SFH2
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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