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COURS IFSI

La relation soignant-soigné : la vulnérabilité

Publié le 15/08/2023

Nous sommes tous, à un moment donné de notre vie, vulnérable. Cela est plutôt  inconfortable. Cela peut simplement correspondre à une perte momentanée de repères. ce qui est plutôt déstabilisant. Mais, en soins infirmiers, qu’est-ce que la vulnérabilité ?

tristesse

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D’une manière générale, la vulnérabilité est une forme d’altérité qui fausse les objectifs d’une interaction. Dans les rapports sociaux, c’est parfois se mettre sous le joug d’une personne s’estimant supérieur. Nous nous sentons diminués par le jugement. Notre réactivité peut être même différée. Cette apparence incertaine peut être analysée dans son contexte. L'intérêt de la relation soignante provient des analyses de pratiques invitant les sujets soignants-soignés à verbaliser une relation interpersonnelle pour faciliter une prise en charge efficiente.

Emprunté au latin. tardif vulnerabilis signifiant « qui peut être blessé », « qui blesse », dérivé de vulnerare (v. vulnérer), la vulnérabilité expose la sensibilité d’une personne qui la rend plus fragile, malgré elle, de façon provisoire ou permanente.  Les causes de la  vulnérabilité  sont nombreuses et dépendent souvent  des circonstances de la vie, de la condition de la vie: perte affective, décès, accident, maladies, stress, précarité. Le corps, le psychisme peuvent être vulnérables. La vulnérabilité peut favoriser des situations addictives. La personne vulnérable renvoie l’image d’un faible, ce qui peut  suggérer le rapport dominant-dominé face à une situation jugée fragilisée. La vulnérabilité isole l’individu qui tente de se protéger contre les attaques blessantes.

En soins infirmiers, la vulnérabilité est un processus qui responsabilise le soignant qui instaure une relation de confiance.

Pour Hélène Chaput et Danièle Boujon-Ladrech1, “la fragilité est une cause structurelle de rupture et de crise qui touche les personnes dans leur corps, leur relation aux autres et leur adaptation au monde qui, de familier, peut devenir hostile. Pour le soignant, cibler la fragilité mobilise une attention, des compétences et des capacités à nommer, analyser et transmettre un processus d’accompagnement de la personne”. La mise en œuvre des interventions au profit des personnes à risque de “dépendance” s’évalue sur le plan de l’efficience. Dans la relation de soin, le patient et le soignant ont en partage une certaine forme de vulnérabilité. D'après  E. Lemoine  et  L. Lange2,”le patient nécessite le savoir, la pratique et l’expertise du soignant. Ce dernier a besoin de connaître, si ce n’est le récit de son histoire, du moins les ressentis du patient pour pouvoir le soigner, le soulager. Aussi, dépendent-ils, à des niveaux différents, chacun de l’autre....Reconnaître que nous avons la vulnérabilité en partage, c’est pouvoir reconnaître la dignité d’autrui, sans condescendance ni pitié, dans un regard d’égal à égal. Un regard qui renvoie à l’autre sa dignité, qui le renvoie à l’estime de soi. Se regarder de visage à visage, dans cette commune vulnérabilité, fait percevoir qu’il n’y en a pas un qui serait plus digne que l’autre. Et c’est à partir de là, et non de ma hauteur, que je peux aider à l’autonomie de celui qui apparaît plus vulnérable que moi”. Selon S. Boarini3, par la vulnérabilité, la conscience d’être un, d’être soi se découvre “mise en jeu”. Il en va de la qualité de la relation que chacun a avec l’être vulnérable, comme avec lui-même. Avec la vulnérabilité, nous sommes devant l’humanité comme elle, nous somme des êtres humains. Être invulnérable reviendrait à perdre l’humanité non pas seulement parce que les dieux seuls sont invulnérables, mais parce que l’humanité ne pourrait pas se connaître, se reconnaître et se construire. Les héros sont vulnérables. C’est le talon qui fait d’Achille un héros, et s’il le fait mourir, il le fait aussi participer à l’humanité commune”.

Tous les hommes ne sont pas vulnérables de la même façon ; aussi faut-il connaître leur point faible pour les protéger4.

Notes

  1. Chaput, Hélène et Boujon-Ladrech, Danièle. Prendre en compte la fragilité dans la pratique soignante. Soins Gérontologie. V. 20, n°111. pp. 19-22. janvier 2015.
  2. Lemoine, E. et Lange, L. et al. Relation soigné soignant : réflexions sur la vulnérabilité et l’autonomie Éthique & Santé. V. 11, n°2. pp. 85-90. juin 2014.
  3. Boarini , S. La vulnérabilité. L’humanité, au risque de la vulnérabilité Éthique & Santé. V.10, n°1. pp. 43-47. mars 2013.
  4. Sénèque, De la colère, Livre III
Christine PaillardChristine Paillard
Docteure en sciences du langage, diplômée en ingénierie pédagogique et licenciée en sciences de l’information et de la communication, elle accompagne les étudiant.es infirmier.ières (Ifsi, IPA) à l'acquisition de compétences informationnelles, linguistiques pour remobiliser une démarche documentaire scientifique,. Elle propose d'analyser des concepts et leur application dans le champ infirmier, à partir de son Dictionnaire des concepts en soins infirmiers, utile pour les Analyses de pratiques professionnelles et pour le Mémoire de fin d’études et l’exercice de la profession soignante.
Christine Paillard, documentaliste et lexicographe en sciences infirmières

Source : infirmiers.com