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ESI

Apprendre à communiquer en toutes situations

Publié le 30/10/2013
crédit photo promotion bahia ifsi annecy

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Autour d’un projet de simulation de masse en situation de catastrophe, la communication ne se limite pas à la communication de crise. Essentielle dans les professions de santé, des étudiants en soins infirmiers ont pu en faire une expérience concrète en mettant en œuvre des compétences qui leurs seront utiles dans leur future vie professionnelle. Explications.

Quand des étudiants en soins infirmiers gèrent la communication de crise

Un groupe d’étudiants en soins infirmiers de troisième année de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) d’Annecy (promotion BAHIA 2010-2013) a pu être initié aux techniques de la communication de crise au travers d’un exercice de simulation de masse en collaboration avec le Service d’incendie et de Secours de la Haute Savoie (SDIS 74).

Au-delà de l’aspect organisationnel et de la contextualisation même de l’exercice, l’équipe de pilotage du projet « cata 2013 » a souhaité accorder une importance toute particulière à la communication autour de cette manœuvre. En effet, l’un des postulats de départ était qu’il y avait un défaut de culture de communication chez les soignants ; postulat confirmé par Nadia Péoc’h (2011) : il y aurait d’un côté le monde des chercheurs associé au monde scientifique, à celui de la preuve et des idées. Et de l’autre le monde des praticiens, travailleurs de l’ombre et du soin. Longtemps entretenu, ce clivage tend à s’estomper. Fort de ce constat, l’équipe pédagogique a fait le pari de miser sur un apprentissage, certes épisodique dans la formation initiale, mais qui aurait probablement des effets sur le long terme.

Les missions du groupe

Un groupe, composé d’une dizaine d’étudiants, était chargé d’assurer la communication autour du projet. De plus, il avait la responsabilité d’une mission transverse de création de « jeux de rôles de communication de crise ». Citons par exemple, la réalisation d’un faux journal télévisé à destination des manœuvrants sapeurs-pompiers ou encore l’organisation d’une fausse conférence de presse polyglotte.

La concrétisation

En partenariat avec le service communication du SDIS 74, plusieurs actions ont pu voir le jour. En amont, des organismes de presse (majoritairement régionaux) ont été contactés au moyen d’un communiqué. L’idée était de promouvoir le projet. La réalisation de nombreuses interviews poursuivait le même objectif ; chaque semaine, pendant le trimestre précédent l’exercice, une de ces interviews fut publiée sur le site internet de l’Ifsi.

Les étudiants du groupe « communication » ont interrogé une quinzaine d’acteurs du projet (cadres de santé formateurs, sapeurs-pompiers, étudiants…) sur leurs rôles, missions et attentes.

En amont, ils ont également préparé l’après exercice. En effet, il s’agissait de recueillir du matériel iconographique afin d’illustrer les supports de promotion comme les futures publications. Ces derniers constituent de plus des supports pédagogiques en vue des retours d’expériences.

L’exercice fut donc lancé par un faux flash télévisé. Pendant toute la durée de l’exercice, de jour comme nuit, ce groupe a continué à alterner communications fictives et communications réelles. D’un côté, ils ont pu mettre en exergue leurs talents d’acteurs en qualité de faux journalistes dans les décombres au plus près des sauveteurs et organiser une fausse conférence de presse pour placer le commandement dans une situation proche de la réalité de terrain. D'un autre côté, l’accueil de la « vraie » presse, la réponse aux interviews, l’investigation journalistique et le tri des données photographiques furent également accomplis.

Au-delà de la clôture officielle de l’exercice, le travail s’est poursuivi. Nous pouvons mettre en avant la réalisation d’un livre imagé et de films à usage interne ainsi que le tri et la mise à disposition d’un grand nombre de supports multimédia.

Restituer des images au plus près de la réalité fictive du terrain...

Ingénierie de formation

Après un certain nombre d’apports théoriques sur le thème des catastrophes et de leurs réponses lors des deux années précédant l’exercice, pas moins de sept temps de travaux dirigés de préparation sur les semestres 4, 5 et 6 ont été nécessaires. La philosophie de l’équipe pédagogique était de diriger un accompagnement mettant en avant la créativité et l’autonomie des apprenants. Le contenu de ces temps pédagogiques était varié. L’approche des deux axes, « communication fictive et réelle », était différente. Pour la première, les étudiants ont travaillé sur les techniques de communication en lien avec la pédagogie de la simulation. Pour la seconde, ils ont fait appel aux apports théoriques de l’unité 6.1 du semestre 1 (méthodes de travail) notamment sur les cours magistraux des outils de communication et de créativité ainsi qu’un audio-vidéo-cours sur la rédaction d’un article professionnel.

La particularité que nous avions identifiée était la charge potentielle de travail en aval de l’exercice. Il est important de signaler que cette période coïncide avec le rendu et les soutenances de travaux écrits de fin d’études. Dans le respect de l’autonomie prônée, le cadre de santé formateur a insisté pour ériger comme principe de base de « travailler en amont pour alléger l’aval ». Même si un certain nombre d’actions a été réalisé par les étudiants, le relais est à ce jour pris par les chargés de formation en santé ou sapeurs-pompiers.

La communication en mode « gestion de crise »...

Intérêts et limites d'un tel exercice

Ce fut une expérience riche à plusieurs titres. L’aspect qui nous semble, à ce jour, le plus important est l’apprentissage de l’anticipation et la notion de travail d’équipe par une répartition efficace des tâches cohérentes avec les besoins. Les attributions du groupe étaient variées, étendues dans le temps et en lien avec les missions des autres groupes fonctionnels (grimage , ressources humaines, logistique). Cela a permis de conforter les apports des unités 3.3 (rôle infirmier, organisation du travail et interprofessionalité) du semestre 3 et du semestre 5, d’autant plus que les étudiants ont pu interagir avec le service communication des sapeurs-pompiers de la Haute-Savoie.

Nous espérons, par ailleurs, que ces temps pédagogiques innovants auront permis aux étudiants, au travers d’une expérimentation réussie, de prendre goût à la valorisation et d’appréhender positivement l’intérêt du partage de l’expérience.

En dehors de ces intérêts, nous avons également identifié quelques limites. Activité chronophage, la difficulté rencontrée pour mettre en œuvre les actions nécessite un investissement personnel non négligeable des apprenants. Premièrement, les différents partenaires à contacter n’étant pas forcément disponibles sur les temps dédiés, des rencontres ont dû avoir lieu hors temps « école ». Deuxièmement, l’élaboration de supports de communication (montages vidéo, retouches photographiques…) n’est pas le cœur de métier. Il repose sur des prédispositions individuelles des apprenants. Même si cela fait appel aux talents personnels de chacun, la tâche à effectuer demande plus de temps que pour des professionnels du son et de l’image. Enfin, nous pouvons noter que l’investissement personnel des étudiants est un des éléments essentiels à la réussite d’une telle démarche. Une implication forte des apprenants est donc un pré-requis et une nécessité.

Pour conclure

Bien que le scénario choisi s’intéresse à la gestion d’une catastrophe, le périmètre de travail ne s’est pas limité à la seule communication de crise. Sur les deux ans de préparation, l’importance de la communication fut démontrée à plusieurs titres. Les étudiants ont pris conscience qu’une préparation minutieuse est nécessaire et qu’elle concerne l’ensemble des phases d’un projet. C’est un aspect essentiel. Ceci aura sans doute permis de contribuer à développer certaines compétences. Par leur travail en équipe, au quotidien, les soignants sont dans la conduite de projet.

Bibliographie/Webographie

Crédits photo : Promotion Bahia 2010-2013 IFSI Annecy

Thomas BIELOKOPYTOFF Cadre de santé formateur IFSI d’Annecy tbielokopytoff@ch-annecy.fr twitter @thomas_djop

Laurent THUEZ Cadre de santé formateur IFSI d’Annecy lthuez@ch-annecy.fr

Jean-Claude CORDEAU Infirmier en chef SSSM SDIS 74 cordeaujc@sdis74.fr

Commandant Marc SCHMIDLIN Officier sapeur-pompier SDIS 74 schmidlinm@sdis74.fr

Cet article fait suite aux cinq précédents sujets dédiés à cette expérience de simulation de masse menée par l'IFSI d'Annecy :


Source : infirmiers.com