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Simulation de catastrophe : quid des acteurs...

Publié le 11/06/2014
un travail collaboratif

un travail collaboratif

élaboration de fiches techniques

élaboration de fiches techniques

Le jeu d’acteur "pertinent" dans le cadre des séquences de simulation de situations de crises, demande l’élaboration et la réalisation de scénarii précis et exhaustifs. Démonstration lors d'un exercice de simulation de masse mené conjointement par l'Ifsi d'Annecy et le SDIS de Haute-Savoie.

Dans le cadre d’un travail collaboratif entre l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) d’Annecy et le Service Départemental d’Incendie et de Secours de la Haute Savoie (SDIS 74), les étudiants de la promotion Bahia (2010-2013) ont participé en qualité « d’acteurs réalisateurs » à l’accomplissement d’un exercice de simulation de masse.

Un groupe d’étudiants (groupe « plastrons ») était dédié à la conception et la réalisation de cas cliniques en lien avec les pathologies associées aux séismes. Afin de « coller » à la réalité, la présence d’acteurs « victimes » et d’acteurs « figurants » (autorités administratives, impliqués, administrateur de garde…) était indispensable. Dans l’art militaire, le plastron se définit comme « Petit groupe d'hommes qui représentent l'ennemi, dans une manœuvre » (TLFi, 2014). Dans le cas développé ici, nous définissons le plastron comme un groupe d’apprenants chargé de représenter un nombre important de blessés et impliqués lors d’une situation de catastrophe.

Afin de « coller » à la réalité, la présence d’acteurs « victimes » et d’acteurs « figurants »  était indispensable

Les missions du groupe « plastron »

Des fiches techniques élaborées : paramètres cliniques, para cliniques, approche psychologique et socio-culturelle des victimes ou impliqués...

Baptisés « les metteurs en scène », ce groupe avait comme objectifs d’établir des fiches de scénarii cliniques individuels afin que les stagiaires sapeurs-pompiers puissent réaliser un bilan lésionnel, faire un tri et prendre en charge les victimes, mais également de former l’ensemble des acteurs sur les rôles qu’ils auraient à jouer.

Le postulat imposé dans le cadre d’un tel événement était le suivant : les fiches techniques devaient prendre en compte des paramètres cliniques et para cliniques mais également une approche psychologique et socio-culturelle des victimes ou impliqués. En effet, le jeu d’acteur associé au grimage a pour but de mettre les apprenants au plus proche de la réalité afin d’éprouver les prises en charge techniques et exceptionnelles ainsi que la réaction et la résistance face au stress.

Organisation pédagogique

Un travail collaboratif : qui est qui, qui fait quoi, et où et comment...

Plus de 20 heures de travail ont été nécessaires à la réalisation d’une centaine de fiches « plastrons ». Pour cela, une méthodologie de travail de groupe s’est mise en place rapidement sur le modèle de la gestion opérationnelle et de commandement proposée par le SDIS (situation, anticipation, objectifs, idées de manœuvre, exécution, logistique et commandement). Ce travail s’est échelonné sur sept séances. Les deux premières permirent de définir cinq sous-groupes chargés respectivement de réaliser des fiches au regard des pathologies ciblées et de leurs variantes (plaies simples, plaies graves, comportements inadaptés, blasts, brûlures, malaises, décès et indemnes). Chaque sous-groupe avait la consigne de respecter les éléments basés sur des retours d’expériences d’événements exceptionnels. Une fiche plastron « type » informatisée fut également réalisée afin que chacun puisse par la suite travailler à partir d’un outil commun.

Les séances 3 à 5 permirent aux étudiants de réaliser l’ensemble des 100 « plastrons », travail basé sur une recherche documentaire, notamment au niveau de la sémiologie. Les deux dernières séances furent dédiées à la validation des fiches par le binôme formateur-sapeur-pompier ainsi qu’au travail de coordination avec l’ensemble des autres groupes de travail (logistique, grimage, communication et ressources humaines). La collaboration avec le groupe grimage fut particulièrement importante, chaque fiche « plastron » faisait référence à une fiche de grimage. En effet, c’est notamment par la lecture de la scène et de la cinétique des événements traumatiques que les sauveteurs déterminent leurs actions.

Les séances 3 à 5 permirent aux étudiants de réaliser l’ensemble des 100 « plastrons », travail basé sur une recherche documentaire, notamment au niveau de la sémiologie

Des leviers d’apprentissages

Outre les enseignements basés sur les soins d’urgence (Unité d’Enseignement (UE) 4.3 S4) de nombreux liens avec les apprentissages ont pu être faits. Citons par exemple l’UE 6.1 S1 sur les méthodes de travail, l’UE 1.1 S2 sur la psychologie, la sociologie et l’anthropologie, l’UE 2.1 S1 et 2.2 S1 en lien avec le travail important fait autour de la « clinique », ou encore l’UE 2.4 S1 sur les processus traumatologiques). Notons également qu’un travail important a été réalisé au niveau de la dynamique de groupe. Les concepts de communication, de collaboration et de travail d’équipe ont pris tous leur sens. Enfin, l’investissement à long terme sur l’ensemble des unités optionnelles permit aux étudiants d’expérimenter la conduite de projet dans sa globalité

Des acteurs forts pertinents

Faire la victime, pas si évident... et pourtant, il faut savoir jouer pour être crédible...

Forts de leurs connaissances cliniques, les étudiants en soins infirmiers sont des acteurs de choix pour mener à bien la simulation. De plus, leurs expériences de stages au cours de la formation, permettent de se baser sur un référentiel de situations diverses expérimentées voire analysées. Ces acquis étaient un atout pour jouer des scénarii appropriés, variés et adaptés aux contextes. Tous les éléments indispensables au « juste jouer » (Thuez, Cordeau, & Bielokopytoff, 2013) furent réunis afin de renforcer l’analyse des stagiaires sapeurs-pompiers.

Tous les scénarii ne peuvent être imaginés quant à la réponse des intervenants. L’improvisation est impérative afin de réajuster la situation

Les limites

Les limites observées sont d’ordre technique, psychologique et adaptatif. Tout d’abord, tout ne peut être joué. Comme chacun le sait l’être humain ne peut modifier ses paramètres para cliniques à la demande. Par exemple, lors d’un scénario d’hémorragie sévère avec hypovolémie les paramètres hémodynamiques étaient cités par l’acteur. Le trac fut parfois un frein à la pertinence attendue. Enfin, tous les scénarii ne peuvent être imaginés quant à la réponse des intervenants.

L’improvisation est impérative afin de réajuster la situation. Cette réponse repose uniquement sur la volonté de l’acteur et sa capacité à se mettre en scène.

Conclusion

La simulation de masse impose des scénarii « massifs » et pertinents fondés sur des retours d’expérience des équipes de secours intervenant dans le cadre des catastrophes. L’imagination cohérente et pertinente des étudiants en soins infirmiers fut mise en exergue dans ce type d’exercice.

Bibliographie

Crédits photo : Promotion Bahia 2010-2013 IFSI Annecy

Auteurs Crédit photographique : promotion BAHIA (2010-2013) I.F.S.I. d’Annecy

Agnès BOCQUET Cadre de santé formatrice Ifsi d’Annecy  abocquet@ch-annecy.fr

Laurent THUEZ Cadre de santé formateur Ifsi d’Annecy  lthuez@ch-annecy.fr

Jean-Claude CORDEAU Infirmier en chef S.S.S.M. SDIS 74  cordeaujc@sdis74.fr

Vincent AYOUL  Infirmier chef S.S.S.M. SDIS 74  ayoulv.@sdis74.fr

Cet article fait suite aux cinq précédents sujets dédiés à cette expérience de simulation de masse menée par l'IFSI d'Annecy :


Source : infirmiers.com