A l’occasion du Colloque « Soigner les professionnels de santé vulnérables », une enquête sur le burn-out des professionnels de santé a été présentée. Les résultats de cette enquête ne sont pas surprenants, mises à part les conduites addictives qui en découlent... ou pas.
Les professionnels de santé sont en souffrance, nous ne cessons de vous en faire part de semaine en semaine. Mais ils sont sujets désormais à des conduites addictives et souhaitent bénéficier d’une prise en charge spécialisée.
Un colloque dédié aux professionnels de santé vulnérables
L’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), rassemblement d’un groupe d’experts œuvrant pour la défense de la santé des professionnels de santé vulnérables, et le Centre National des Professions Libérales de Santé (CNPS), structure de représentation syndicale qui défend les professionnels de santé dans leur mode d’exercice libéral, ont collaboré à l’organisation du premier colloque national « Soigner les professionnels de santé vulnérables ». Cet événement, qui s’est déroulé le 3 décembre 2015, a rassemblé des personnalités du monde de la santé souhaitant partager leurs expériences et les actions engagées en faveur de la protection des soignants vulnérables. Il a fait l’objet d’une présentation de la récente enquête “souffrances des professionnels de santé” menée en novembre 2015 par Stéthos International.
Soigner les conditions le travail des soignants est un préalable incontournable pour leur équilibre. Il est urgent que l’institution s’en donne les moyens.
Anne Perraut-Soliveres, cadre supérieur infirmier
Développer un parcours de soins dédié aux soignants
Les résultats de cette enquête montrent que près de la moitié des professionnels de santé estime avoir été en situation de souffrance dans leur carrière. Ils sont ainsi 80% à souhaiter être pris en charge dans un centre qui leur est spécifiquement réservé, de préférence éloigné de leur lieu d’exercice. Au cours de cette journée, les spécialistes ont confirmé la nécessité de développer, pour les soignants en grande souffrance, un parcours de soin dédié, sans mixité avec les autres patients, dans un endroit éloigné de l’environnement de travail. Comme l’a rappelé Pierre Carayon, professeur émérite de médecine à l’Université de Franche-Comté, Nous sommes une profession à risque, pour elle-même et pour les patients, avec ses spécificités. Pour ces raisons, j’insiste depuis toujours sur la nécessité de créer des structures dédiées pour une prise en soin parfaitement adaptée
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Un soignant en situation d’addiction a un réel besoin, non seulement d’une prise en charge initiale souvent intensive, mais également d’un suivi solide et rigoureusement organisé
Pascal Gache, médecin addictologue libéral à Genève
Burn-out et conduites addictives
En 2015, près de 50% des professionnels estiment être ou avoir été concernés par le burn-out, 14% par des conduites addictives. Parmi les 1905 professionnels de santé ayant répondu à l’enquête, 1383 sont médecins, issus en majorité du secteur libéral (moyenne d’âge : 54 ans). Sur le total des répondants, près de 50% sont et/ou ont été en situation de burn-out ou à fort risque de burn-out. Mais les conséquences de cette situation sont plus graves encore, puisque nombre d’entre eux se trouvent désormais, ou se sont trouvés à un moment donné en situation de dépendance. Ils sont en effet 7% à être et/ou avoir été dépendants ou à fort risque de dépendance à l’alcool (environ trois fois plus d’hommes que de femmes) et 8,5% aux psychotropes/anxiolytiques. Au final, 14% sont et/ou ont été concernés par des problèmes d’addiction.
Les personnes interrogées ont également été invitées à donner leurs préférences quant au mode de prise en charge dont ils souhaitent bénéficier. Ils sont 80% à préférer aller dans une structure dédiée aux professionnels de santé, au sens large du terme, et éloignée de leur lieu d’exercice. Seul un quart des professionnels de santé accepterait d’être pris en charge dans les structures actuelles, celles destinées à leurs patients. Ils sont, en outre, un peu moins de la moitié à souhaiter aller se soigner dans un centre spécifiquement réservé à leur seule profession. Ces choix peuvent être interprétés comme le souhait de ne pas croiser les patients dans leur parcours de soin et de ne pas rester trop confiné entre représentants d’une seule et unique profession.
Même si ces résultats reflètent assez fidèlement l’impression générale de fatigue et de morosité des personnels soignants, ils posent toutefois ouvertement la question des conduites addictives de ce type de population, l’enquête ne prouvant apparemment pas que ces conduites soient le fait unique d’un malaise au travail.
Bruno BENQUE Rédacteur en chef cadredesante.com bruno.benque@cadredesante.com
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