I. Anatomie et physiologie de l’escarre
1. Définition
L’escarre est une « plaie de pression » Eskarré : croute en grec.
C’est une lésion cutanée consécutive à une hypoxie tissulaire d’origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et une saillie osseuse.
2. Physiopathologie et ses differents stades
L’hypoxie tissulaire se définie comme une carence d’apport d’oxygène à des tissus. Tous les tissus corporels ayant besoin d’oxygène pour vivre, l’hypoxie entraîne le dépérissement irrémédiable des tissus.
L’hypoxie ne se voit pas directement, on s’en aperçoit lorsque l’escarre apparaît.
- L’apparition de la plaie est brutale
L’escarre est une plaie qui se développe en profondeur avant de s’ouvrir vers l’extérieur.
- L’évolution est rapide
Entre l’apparition de l’érythème (rougeur) et l’escarre, il peut en se passer que quelques heures.
- Les differents stades :
- L’érythème disparaît normalement à la levée de la pression.
- L’érythème est persistant, il y a desepidermisation, phlyctène.
- Nécrose tissulaire s’installe, c’est une plaque noire aussi appelée « dénidement »
- Nécrose avec perte de substance importante, plaie ouverte profonde après élimination des tissus nécrotiques.
- Visualisation de l’os, fistule avec ou sans signe infectieux.
3. Les zones à risque
- Sacrum
- L’ischion
- Le talon
- L’occiput
- Le trochanter
II. Les facteurs responsables
1. La pression et un support inadapté
- Si la pression est continue et excessive en durée et en intensité.
- 2 heures d’immobilisation au fauteuil, 3 heures au lit, mènent à la nécrose.
- La compression tissulaire a des répercutions sur la micro-circulation.
- Le danger peut être un support inadapté, trop dur ou trop mou.
2. Les troubles de la sensibilité et de la mobilité
Troubles de la sensibilité = non-perception de la douleur.
Troubles de la mobilité = impossibilité de mouvement, l’échappement à la pression est impossible.
Ces troubles concernent :
- les patients atteints de maladies neurologiques
- les patients diabétiques ou anciens diabétiques
- les patients atteints de troubles de la conscience ou de démence
- les patients immobilisés en post-opératoire.
Le danger c’est l’immobilité.
3. Les autres pathologies et leur traitement
Les athéromes sont des problèmes d’athérosclérose.
- Le diabète
- Le cholestérol
- L’hypertension (HTA)
- Les problèmes d’artérite.
La corticothérapie au long cours augment l’altération cutanée.
4. Les mauvaises positions
Cela entraîne des frottements ou des étirements de la peau. Il peut également y avoir des cisaillements qui sont des glissements des couches cutanées les unes sur les autres.
5. L’état cutané
- La macération
- incontinence urinaire ou fécale
- transpiration excessive
- Mauvaise installation des dispositifs médicaux
- sondes
- tubulures
- raccords
- sécheresse cutanée -> déshydratation
- maigreur et dénutrition
III. Soins infirmiers
1. Les moyens de prévention
a. Evaluation du risque cf. tableau
Echelle de Norton
état général | état mental | activité autonomie | mobilité alité | incontinence |
---|---|---|---|---|
BON : 4 | BON : 4 | SANS AIDE : 4 | TOTALE : 4 | AUCUNE : 4 |
MOYEN : 3 | APATHIQUE : 3 | AVEC AIDE : 3 | DIMINUEE : 3 | PARFOIS : 3 |
MAUVAIS : 2 | CONFUS : 2 | ASSIS : 2 | TRES LIMITE : 2 | URINAIRE : 2 |
TRES MAUVAIS : 1 | INCONSCIENT : 1 | TOTALEMENT ALITE : 1 | IMMOBILE : 1 | URINAIRE ET FECALE : 1 |
La grille de Norton permet d’évaluer le risque d’une escarre.
Quand il est
Quand il est
b. Le soulagement de la pression
- La technique
- Matelas normale
- Sur-matelas
- Matelas statique
- Divers support
- Matelas à eau
- Matelas à air
- Matelas à plots de mousse
- Matelas fluidisés
- Coussins de gels
- Carrés de mousse
- Gouttières en mousse
- Peaux de mouton
- Chaussures de décharge
- Les moyens humains
- Le positionnement du patient et le changement de position, toutes les 3 heures, dans le lit, le fauteuil et en marchant. Alterner la station allongée, assise et debout.
- Le positionnement du patient
- La position allongée se nome le décubitus. Pour les positions assises, elles doivent être sur un angle de 30° et pas de 60°.
c. Maintien du bon état cutané
- L’hygiène
- Toilette complète minutieuse et rigoureuse tous les jours et toilette du siège aussi souvent que nécessaire.
- Change des draps et du linge
- Change des « protections anatomiques » aussi souvent que nécessaire
- La nutrition et l’hydratation
- boisson 1.5 à 2l par jour
- Apport calorique suffisant avec complément éventuel et apport protidique.
- L’effleurage des zones à risque
- Masser la peau sans appuyer, à mains nues ou avec des gants à usage unique, pour favoriser la micro-circulation cutanée.
- Sur la peau propre et sèche, effleurer avec les doigts à plats ou avec la paume de la main, sans pression des éléments sous-cutanés.
- Utiliser de l’huile, de la pommade, des crèmes mais SURTOUT PAS D’ALCOOL NI DE PRODUITS COLORES.
- Effleurer pendant 1 à 2 minutes par jour pour chaque zone et à chaque changement de position.
- Les contres-indications de l’effleurage
- dermatoses (lésions cutanées)
- zones inflammatoires
- érythèmes (escarre constituée)
2. La prise en charge
- Observer très attentivement et très précisément
- Transmettre dans le dossier de soins pour assurer un suivi
- Prodiguer les soins selon le stade de l’escarre (protocoles institutionnels) et selon le stade de cicatrisation.
- Il y a 3 stades successifs de cicatrisation de l’escarre :
- stade vasculaire ( détersion - nettoyage - naturelle, à l’eau et au savon)
- stade de granulation (prolifération et bourgeonnement)
- stade d’épidermisation ( remodelage et rapprochement des bords)
3. L’éducation
Elle s’adresse à la famille et porte sur :
- Le maintien de l'hygiène, observation, et effleurage de chaque point d’appui
- Change du linge et des draps
- Gestion de l’incontinence
- Hydratation et apport protidique
- Changement de position et bonne installation au lit et au fauteuil.