Le moral des soignants est toujours au plus bas. C’est ce que révèle le baromètre 360 Medics qui dresse un portrait inquiétant de notre système de santé, et de ses acteurs du soin, s’enfonçant de plus en plus dans la dépression et le mal-être.
Pour sa deuxième édition, 360 medics1 s’est penché sur le lien entre moral des soignants et qualité des soins à travers le burn-out des professionnels de santé et les incidents de sécurité sur les patients : 1 soignant sur 2 a déjà subi un burn-out et dans quasiment 1 cas sur 10, ce burn-out conduit au moins à 1 incident médical de sécurité sur un patient.
Un chiffre inchangé en 12 mois et qui est même en augmentation de 6% chez les aides-soignants.
C’est le constat alarmant qui ressort du baromètre 360 Medics réalisé auprès de professionnels de santé en exercice et d’étudiants en santé entre le 1er octobre et le 4 novembre 2018. S’il est important de prendre en charge le burn-out des soignants, il est devenu plus que nécessaire de mettre en place des politiques de santé prévenant celui-ci
, estime le Dr Grégoire Pigné, président de 360 medics. 41 % des soignants (étudiants et professionnels en exercice confondus) jugeaient leurs conditions de travail insatisfaisantes
en 2017. Un an après, ils sont à 68 %. Ce sont majoritairement les aides-soignants qui témoignent le plus de ce sentiment (77%) contre 74% pour les infirmiers.
Manque de reconnaissance, burn-out, violence…
Hormis les conditions de travail, la reconnaissance de celui-ci n’a pas évolué d’une année sur l’autre puisque 90 % des soignants sondés sont en manque de reconnaissance. Ce qui aboutit à une perte de confiance en soi
, témoigne un infirmier exerçant en Occitanie, à l’hôpital public. Seules évolutions positives : le comportement des patients et l’épuisement ressenti. En 2017, 87% des soignants indiquaient avoir fait face à un comportement violent de la part d’un patient, ils sont 83% cette année (90% d’infirmiers, 95% d’aides-soignants, 79% de médecins.
Quant à l’épuisement moral ou physique, 87% le ressentent, soit 13% de moins que l’année dernière.
En revanche, la situation des aides-soignants se dégrade : Ce ne sont que 5 % de ces derniers qui indiquent ne ressentir aucun type d’épuisement.
Le comportement des patients, l’organisation du travail qui impacte vie professionnelle et personnelle et le manque de reconnaissance, arrivent en tête des raisons de l’épuisement chez les infirmiers et les aides-soignants. Des facteurs du mal-être que l’on a retrouvé au premier plan des revendications infirmières lors de la mobilisation du 20 novembre dernier
.
47% des infirmiers ont déjà souffert de dépression
9% des professionnels de santé indiquent que le burn-out a conduit à un incident médical de sécurité […] 10% chez les infirmiers et 7% chez les aides-soignants.
Et pour 66%, le risque existe
si ce n’est pas encore arrivé. Ce ne sont pas nous les premières victimes ! Ce sont les patients ! Vous n’imaginez pas toutes les erreurs ou les retards de prise en charge à cause de ça
, alerte un infirmier qui exerce en hôpital public dans les Hauts-de-France.
Je suis épuisée et je ne suis même pas encore diplômée. J’ai peur pour la suite
À la question : Souffrez-vous ou avez-vous-vous déjà souffert de dépression (burn-out) liée à votre travail ?
, le score atteint 47% chez les soignants, en général, et chez les infirmiers. Contre 52% chez les aides-soignants. Par ailleurs, 50 % des soignants estiment que la société n’est pas consciente de leurs difficultés, et qu’ils sont livrés à eux-mêmes.
Une étudiante en soins infirmiers en Bourgogne-France-Comté raconte : Nous ne sommes pas écoutés. Aujourd’hui, je suis épuisée et je ne suis même pas encore diplômée. J’ai peur pour la suite.
Le climat de malaise des étudiants en santé n’est pas le même partout en France : La Provence-Alpes-Côte d’Azur et les DROM sont les deux régions où les étudiants sentent que la société n’est pas consciente de leurs difficultés avec respectivement 54% et 83%.
Du côté des soignants en exercice, c’est en Normandie qu’ils sont les plus insatisfaits de leur condition de travail avec un score de 75% versus 69% au niveau national.
En Ile-de-France, 10% des soignants estiment que leur travail est reconnu à sa juste valeur, soit 2 points de plus que sur l’ensemble de la France
. C’est également en Ile-de-France que l’épuisement des professionnelles de santé seraient le moins prégnant avec 84% de répondants ressentant un épuisement moral et /ou physique
. À l’inverse, ce sont ceux qui exercent dans les DROM qui seraient les plus touchés par l’épuisement physique 18% et ceux travaillant en Nouvelle-Aquitaine par l’épuisement moral 21%
.
Pour le Dr Grégoire Pigné, la conclusion est du côté des soignants : On améliorera la qualité des soins apportés aux patients que si on se préoccupe des difficultés des soignants ; ils ne peuvent plus être une variable d’ajustement du système de santé.
Note
- L’enquête a été réalisée sur la base d’un questionnaire auto-administré sur le web auprès de la communauté d’étudiants en santé et de professionnels de santé en exercice du 1er octobre au 4 novembre 2018. 6 195 répondants ont été pris en compte.
Inès KheireddineJournaliste infirmiers.com ines.kheireddine@infirmiers.com @Ineskheireddine
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