Dans son billet, Christophe Peiffer évoque la notion d'empathie, un rappel bien utile dans le cadre de la relation soignant/soigné.
Merci à Christophe Peiffer pour le partage de son billet.
Étymologiquement, « empathie » provient du terme Einfühlung, qui fait référence à la projection d’une personne dans la situation de l’autre. Depuis lors, cette définition a évolué grâce aux travaux effectués dans différents champs de recherche tels que la philosophie, la psychologie et les neurosciences. D’après Jean Decety, neurobiologiste, professeur à l’université de Washington et directeur du laboratoire Social Cognitive Neuroscience à Seattle, l’empathie ne peut s’envisager que lorsque la personne fait l’expérience d’une réponse émotionnelle face à l’émotion d’autrui. De plus, la personne doit être capable d’effectuer une distinction entre soi et autrui et de réguler ses propres réponses émotionnelles.
Voici donc une définition de l’empathie : « Trait de personnalité caractérisé par la capacité de ressentir une émotion appropriée en réponse à celle exprimée par autrui, d’effectuer une distinction entre soi et autrui (c’est-à-dire être conscient de la source de l’émotion et pouvoir décoder l’émotion d’autrui) et de réguler ses propres réponses émotionnelles ».
On partage ?
La première caractéristique de l’empathie est donc la réponse émotionnelle ou réponse affective. Toujours d’après Jean Decety, en situation d’empathie, l’émotion que l’on ressent est similaire à l’émotion que vit autrui. Pour autant, l’émotion ressentie se situe quand même dans un juste milieu entre l’absence de réponse émotionnelle (froideur) et une réponse émotionnelle trop intense qui peut mener à un sentiment de détresse.
À noter toutefois qu’il convient de faire une distinction entre la sympathie et l’empathie. La sympathie se différencie de l’empathie par le fait qu’elle n’implique pas une émotion similaire ou appropriée, mais plutôt le sentiment d’être « touché » et de ressentir le besoin d’agir pour soulager la souffrance d’autrui. Contrairement à la sympathie, l’empathie implique une proximité émotionnelle plus forte chez celui qui fait preuve d’empathie vis-à-vis des émotions vécues par l’autre.
Ça c’est moi, ça c’est toi
Il ne suffit pas de ressentir une émotion pour parler d’empathie. Il faut également que la personne soit capable de faire la distinction entre ses propres émotions et celles d’autrui. Pour cela, il est nécessaire d’avoir la connaissance de la source de l’émotion et de prendre la perspective de l’autre. Par exemple, pour la source de l’émotion, si vous voyez un tennisman qui se tord la cheville lors d’un match de tennis, vous pouvez « avoir mal pour lui », mais vous ne ressentirez pas pour autant la douleur physique à la cheville. Même chose pour la gent masculine lorsqu’elle voit un individu du même sexe tomber malencontreusement à cheval sur une poutre ou une rambarde. Pour les émotions c’est pareil. Lorsque nous ne sommes pas conscients que l’origine de ce que nous ressentons est liée à une autre personne, il y a de fortes chances que notre réponse émotionnelle soit de type automatique et notre tendance sera alors d’imiter et de nous synchroniser avec les expressions, les vocalisations, postures et les mouvements de l’autre. Par exemple si je vois mon amie qui pleure et est en détresse, je ressens alors instantanément et aussi fortement qu’elle de la détresse et j’ai du mal à savoir pourquoi. Mon but sera alors de diminuer ma propre détresse par quelque moyen que ce soit et je ne serai plus en capacité de pouvoir lui apporter une aide appropriée.
En ce qui concerne la prise de perspective de l’autre, l’idée est de mettre en sourdine son propre point de vue tout en décodant ce que l’autre est en train de vivre. Plus facile à dire qu’à faire, je vous l’accorde. Pourtant, c’est là l’un des piliers du coaching et de toutes les autres formes d’accompagnement.
Gérer ? Non, réguler
La régulation émotionnelle fait référence à l’ensemble des processus (affectifs et cognitifs) mis en oeuvre par un individu afin de modifier ses réponses émotionnelles spontanées. Ainsi, un individu compétent dans la régulation de ses émotions est capable de gérer son stress et ses émotions lorsque celles-ci sont inadaptées au contexte. Il sera en outre capable de gérer les émotions et le stress d’autrui. C’est là qu’est toute la différence entre la gestion et la régulation.
Pour la petite histoire, de nombreuses études ont montré que face à une situation dont l’impact émotionnel est conséquent, les processus de régulation des émotions sont plus efficaces que les processus de suppression. En d’autres termes, mieux vaut apprendre à « voir les choses sous un autre angle » (comme nous pouvons le faire en coaching) plutôt que tenter de « faire disparaître » une émotion qui, de toute façon, ressortira tôt ou tard sous une autre forme. Par exemple, avant de prendre la parole en public, les stratégies du genre « J’ai pas peur, j’ai pas peur, j’ai pas peur » ont pour conséquence une augmentation de la peur de parler en public.
Ainsi, pour revenir à la notion d’empathie, une régulation émotionnelle adéquate permet de moduler l’émotion négative pour la maintenir à un niveau d’activation émotionnelle optimale.
Pour finir
En conclusion de ce billet, il est important de noter que ces trois composantes ne sont pas indépendantes les unes des autres mais au contraire fonctionnent ensemble et s’influencent mutuellement. Il y aurait bien d’autres choses à raconter sur l’empathie, le sujet étant loin d’être épuisé et épuisable. Si le sujet vous intéresse je vous invite à prendre les références du livre cité ci-dessous dont ce billet a été largement inspiré1.
Note
- LUMINET O., Psychologie des émotions, Ed. De Boeck
Christophe PEIFFER http://www.leblogdesrapportshumains.fr/
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