En 2016, plus de 14000 atteintes aux personnes ont été déclarées par les établissements de santé en France. Plus de 8000 infirmiers ont été victimes de ces violences , verbales et physiques.
En 2016, 8 415 infirmiers ont été victimes de violence au sein de leur établissement de santé, selon le rapport annuel de l’Observatoire national des violences en milieu de santé 2017 (ONVS). En tout, 14 508 atteintes aux personnes ont été dénombrées, principalement causées par des patients (70%) à l’encontre des personnels et 4 197 atteintes aux biens. Les violences verbales représentent 14 872 atteintes (66%) et les violences physiques 7 769 atteintes (34%). L’ONVS souligne par ailleurs que 17 % des faits sont liés à un trouble psychique ou neuropsychique (TPN).
Les infirmiers, premières victimes des violences
47 % des victimes de violence en 2016 étaient des infirmiers, soit 8 415 professionnels, sur un total de 17 837 personnes touchées. Ils sont suivi des autres personnels soignants (45%), principalement des aides-soignants , et des médecins (8%). Dans la majorité des cas, les auteurs de violences sont des patients (11 170) ou des visiteurs et accompagnateurs (2 715). Les violences sont principalement dues à des reproches relatifs à la prise en charge du patient (60,6%). Autre motif évoqué : un temps d’attente jugé excessif (11,7%) ou une alcoolisation (9,9%).
Urgences, psychiatrie et EHPAD, principaux lieux d’atteintes
Les atteintes aux personnes et aux biens sont principalement perpétrées au sein des services de psychiatrie (20%), urgences (13%) et ULSD/EHPAD (11%). À noter qu’en psychiatrie et en EHPAD, un grand nombre d’atteintes aux personnes sont liées à un un TPN. Comme l’indique l’ONVS, pour la psychiatrie, où 31 % des atteintes sont liées à un TPN, il s’agit très souvent de comportements liés à certaines maladies mentales comme la schizophrénie
. Quant à la gériatrie (41 % d’atteintes liées à un TPN), il s’agit également de comportements liés à une maladie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer
.
En 2016, la psychiatrie recense à elle seule 23 % des atteintes aux personnes d’ordre physique. Il apparaît que la fin de la journée est le moment le plus propice aux violences selon les soignants. L’ONVS remarque que lorsque les personnels de santé exerçant en psychiatrie subissent des coups, il existe une gêne avérée à déposer plainte
. Pourtant, pour certains professionnels de la psychiatrie, la loi du dehors doit entrer à l’hôpital psychiatrique
et les actes de violence ne doivent pas rester anodins.
Dans 37 % des cas, les atteintes aux personnes perpétrées sont des injures, insultes et provocations sans menace. Viennent ensuite la violence volontaire (31%), le chahut, l’occupation des locaux (13%) et la menace physique (9%). L’ONVS souligne que certains services sont le lieu d’expression principal des violences verbales avec une escalade pouvant déboucher sur des coups. Ces situations se retrouvent notamment dans les services où l’attente du patient est forte, chargée en émotion et en angoisse (pédiatrie, urgences) ou lorsque le patient estime que la prise en charge ne correspond pas à ses besoins
.
Quelles mesures pour contrer les violences ?
L’un des moyens permettant la mise en place de mesures efficaces pour faire face aux violences dans les établissements est la déclaration systématique de tout acte violent. Pour ce faire, il convient notamment de sensibiliser les personnels soignants et non soignants qui sont parfois peu enclins à déclarer les actes dont ils sont victimes.
L’ONVS rappelle par ailleurs que le meilleur cadre d’action pour la sécurité est constitué par la « convention santé-sécurité-justice » qui est encore trop peu mis en œuvre. La signature de ces conventions permet de renforcer les liens de proximité par la désignation d’un correspondant local police/gendarmerie des professionnels de santé, réaliser des diagnostics de sécurité et facilite les démarches avec les services de sécurité de l’État et la transmission de l’information judiciaire, comme les suites données par exemple.
Les établissements sont également invités à mettre en œuvre ou à renforcer une démarche de prévention globale de manière à créer une gestion pérenne de la culture du risque et de la lutte contre toutes les sortes de menaces et de violences. L’analyse des causes et leur compréhension peut s’avérer efficace pour les faire reculer.
Rappelons que de son côté, l’Ordre national des infirmiers (ONI) propose aux infirmiers de déclarer en ligne les événements dont ils sont victimes. Il s’agit ainsi, pour l’ONI, de disposer de statistiques pour agir auprès des autorités en attirant leur attention sur ces violences. Il a également conçu une fiche pratique « Quels sont vos droits ? Que faire en cas d’agression ? » qui fournit des conseils sur la conduite à tenir lors de violences subies, qu’elles soient verbales ou physiques.
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse
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