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AU COEUR DU METIER

La recherche paramédicale à l'honneur à Angers !

Publié le 30/11/2016
recherche infirmière

recherche infirmière

C'est l'événement à venir : les jeudi 1er et vendredi 2 décembre 2016 débute la troisième édition des Journées Francophones de la Recherche en Soins (JFRS) à l'initiative du CHU d'Angers . C'est autour du thème "Les nouvelles technologies en santé, un outil au service de la recherche" que les professionnels de santé - praticiens, cliniciens, chercheurs ou enseignants - issus de l'espace francophone mais aussi international, partageront leurs expertises, enrichiront leurs approches et valoriseront leurs projets en matière de recherche. Les promoteurs de ces JFRS 2016 nous expliquent qu'ils ont voulu cette édition comme un rendez-vous essentiel, facteur d'émulation et de progrès. Donnons-leur la parole !

500 professionnels paramédicaux seront rassemblés dans la cité angevine autour du thème des nouvelles technologies en santé au service de la recherche en soins.

Infirmiers.com - Vous avez été précurseurs en matière de valorisation de recherche paramédicale . Déjà la 3e édition des JFRS... Comment vous sentez-vous à la veille de cet événement désormais ancré dans la culture soignante ?

Yann Bubien - Directeur général du CHU d’Angers. Nous sommes prêts, ravis et fiers de cette 3e édition. Nous espérons très sincèrement que la qualité des échanges permettra de consolider l’essor d’une recherche en santé portée par des professionnels paramédicaux.

La recherche paramédicale est une voie d'avenir , car elle fait progresser la prise en charge des patients et renforce considérablement la qualité de leurs parcours de soins."

Infirmiers.com - De nombreux soignants s'inspirent à présent de l'existant, initient des programmes de recherche, les partagent. Comment analysez-vous ces démarches constructives dont la finalité est de faire avancer les soins et leur qualité ?

Catherine Delaveau - Coordonnatrice générale des soins. Les professionnels paramédicaux sont des acteurs de santé responsables et motivés. Le nombre de projets de recherche déposés chaque année au PHRIP est important et témoigne de l’intérêt et de la compétence de ces professionnels pour la recherche. Il faut soutenir cet élan. Des études antérieures montrent qu’il existe un lien fort entre l’utilisation de la recherche et la pertinence des soins. Instaurer une culture recherche dans les organisations de soin est ainsi un gage fort de qualité des soins. L’engagement des professionnels dans la recherche correspond à la fois à une réponse adaptée à la demande croissante de responsabilité que font usagers aux professionnels de santé, quels qu’ils soient mais cela traduit aussi un fort besoin de reconnaissance du professionnalisme des professionnels paramédicaux par des décideurs politiques en charge de l’organisation prospective du système de santé français. Il y a aussi une grande part de plaisir. S’investir dans la recherche c’est un moyen de garder élevé son niveau de satisfaction au travail… de réfléchir en continu à la qualité des soins et aux moyens de la préserver.

Grâce aux nouvelles technologies, nous assistons à l'émergence de dispositifs de plus en plus personnalisés et interactifs. Et le virage ne fait que commencer !

Infirmiers.com - L’idée d’un système de santé de plus en plus connecté se transforme en réalité. Votre thématique 2016 "Les nouvelles technologies en santé comme outil au service de la recherche" en atteste. Votre sujet est cependant très vaste, quels axes avez-vous souhaité privilégier et sur quels experts allez-vous vous appuyer ?

Laurent Poiroux - Infirmier - Cadre Supérieur de Santé. Nous avons sollicité des professionnels de toute profession de santé – des universitaires – des associations - des industriels. Voici quelques-uns des axes que nous avons priorisés :

  • une intégration des usagers dans les prises de décisions les concernant grâce aux nouvelles technologies, notamment dans le champ des maladies chroniques (Hélène Lefevbre, Benoît Brouard) ou du handicap (Yannick Ung)
  • une égalité de recours au soin via les nouvelles technologies (Damien Richir) ;
  • la création des réseaux de chercheurs dans la francophonie (Catherine Augustiniak) ;
  • une formation initiale qui intègre les nouvelles technologies (ateliers du jeudi 1er décembre) ;
  • un débat éthique qui permette des réflexions garantissant le respect des droits des usagers et les valeurs essentielles des soignants.

Infirmiers.com - Robots, applications, DATA center... qui dit nouvelles technologies dit aussi "virtuel". Alors à l'heure où l'hôpital se déshumanise, les objets connectés ont-ils une âme ?

Laurent Poiroux - Ils ont l’âme du soignant qui les utilise. Ils sont un lien à double sens entre l’usager et le professionnel : recueil de données de santé et envoi de conseil ou de rappels, par exemple. Ils sont au service d’un projet de soin centré sur les souhaits et les besoins du patient mais qui ne grève pas sa sécurité. Ils sont de formidables moyens de promouvoir de nouvelles perspectives de recherche pour favoriser le maintien en santé des usagers (éducation, suivi et prescription ciblées de soins paramédicaux…).

L'impact des nouvelles technologies sur les soins infirmiers est déjà une réalité et ce, à de multiples niveaux : objets et équipements connectés, système d'aide à la décision par vidéo...

Infirmiers.com - En matière de recherche paramédicale, les infirmiers sont fers de lance. Si nombre d'entre eux sont titulaires d'un Doctorat, la reconnaissance de leurs parcours d'excellence n'est pas toujours au rendez-vous. Comment l'améliorer et rendre visible leurs expertises et surtout leur trouver des prolongements concrets ?

Laurent Poiroux -  Avec plus de 630 000 professionnels, les infirmiers sont en effet, de loin, le groupe des professionnels de santé paramédicaux le plus nombreux en France. Il est logique qu’il soit le plus actif. Par ailleurs, les besoins de santé de la population ne cessent d’évoluer. Les professionnels de santé vont avoir à faire face à des patients aux besoins et aux demandes de plus en plus complexes (polypathologie, maladies chroniques, dépendance…) auxquelles viennent se rajouter des problématiques médico-sociales telles que l’isolement ou l’inégalité des possibilités d’accès aux soins. Il semble que les infirmiers soient les professionnels paramédicaux les plus enclins à appréhender cette globalité et cette complexité. En ce sens, ils sont effectivement le fer de lance d’une recherche paramédicale en pleine effervescence. Les attentes, à cet égard, pour un système de santé plus performant et plus efficient sont importantes. Il est vrai aussi que le nombre d’infirmiers doctorants ou titulaires d’une thèse de doctorat est croissant. On estime leur nombre entre 200 et 250 professionnels. On est donc encore loin des presque 2% de la population infirmière souhaitée par Linda Aiken dans son article « Nurses for the future » paru dans le New England journal of Medicine en 2011 pour impacter l’efficience du système de santé français. Les missions qui pourraient leur être données sont nombreuses. On attend d’eux qu’ils soient des acteurs de l’innovation en termes d’organisation ou de pratiques des soins. A travers leur activité de recherche, ils devraient pouvoir fournir des recommandations susceptibles de guider la pratique des professionnels de terrain. On attend aussi d’eux qu’ils s’investissent activement dans l’universitarisation et la réingénierie des formations initiales et post-diplômes. Le statut d’enseignant-chercheur proposé par la mesure 15 de la Grande Conférence de Santé qui s’est tenue en février dernier est à ce titre une très bonne orientation. Il faut la soutenir.

Catherine Delaveau - Il faut très clairement que les établissements de santé, en tout cas les CHU, encouragent et soutiennent ce genre de parcours. Il est souhaitable qu’en fonction des besoins de santé spécifiques ou prévalents sur un territoire de santé, des professionnels infirmiers s’engagent dans une activité de recherche de haut niveau pour proposer des solutions d’organisation ou de prise en charge innovantes, pertinentes et efficientes. Il faut réfléchir vite au statut, à la reconnaissance de ces professionnels infirmiers du 21e siècle. Il en va de même pour les professionnels de niveau master 2 qui seront en charge de coordonner les parcours de soins innovants.

Il semble que les infirmiers soient les professionnels paramédicaux les plus enclins à appréhender la globalité et la complexité des parcours de soins des patients. En ce sens, ils sont effectivement le fer de lance d’une recherche paramédicale en pleine effervescence.

Infirmiers.com -  Enfin, la recherche paramédicale s'appuie-t-elle aujourd'hui suffisamment sur la pluridisciplinarité, s'enrichit-elle d'interlocuteurs extérieurs à l'hôpital pour développer des programmes mixtes, ouverts, où la synergie hôpital/ville n'est pas un vain mot ?

Yann Bubien - La recherche réalisée par des professionnels paramédicaux (plutôt que la recherche paramédicale, d’ailleurs) est un moyen pertinent de créer des connaissances spécifiques, généralisables et utilisables par tous. Utiliser et produire des données scientifiques probantes centrées sur l’amélioration des prises en soin est une démarche volontaire de participation à la qualité du projet de soin dans sa globalité. S’investir dans des prises en charge interdisciplinaires et assumer la spécificité et la pertinence de son regard, de ses apports n’est pas une option. C’est un devoir que chaque soignant doit assumer s’il veut comprendre et répondre aux besoins de santé nombreux, complexes et interdépendants des usagers du système de santé. Les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) sont des opportunités de répondre aux besoins de santé des patients d’un territoire donné. Dans ce cadre, l’organisation du soin est une priorité, mais les possibilités de faire des recherches sur les établissements de santé d’un même territoire est également une opportunité de recherche ciblée pertinente. Pour un CHU comme celui d’Angers, travailler avec les acteurs de la ville est une réelle nécessité. Nous avons rencontré les infirmiers libéraux et nous allons, entre autres sujets, discuter de collaboration sur des organisations qui soient davantage centrées sur le parcours de soins dans sa globalité. Là encore, les thèmes de recherche sont nombreux. Ils correspondent d’ailleurs aux orientations proposées par le Ministère de la santé.

"Les JFRS sont l'occasion d'expliquer que la recherche en soin est une opportunité, un espace de liberté pour structurer des idées, des projets, et les mener à bien" Isabelle Fromantin, infirmière PhD , expert en Plaies et Cicatrisation à l'Institut Curie (Paris), présidente du comité scientifique des JFRS 2016.

Des projets de recherche toujours plus nombreux et des prix à la clé !

Cette année encore, plus de 70 posters scientifiques ont été reçus et examinés par le Comité Scientifique des JFRS. Un nombre qui illustre à la fois le succès de la manifestation et l’importance que les candidats accordent à cette reconnaissance. L’objectif de ces posters est de présenter de façon pédagogique des projets de recherche en soins en cours ou aboutis, en lien ou non avec la thématique du congrès : promouvoir l’investissement de l’équipe et de l’établissement, expliquer la démarche, valoriser les enjeux et résultats. Une cinquantaine de posters a été retenue par le Comité Scientifique et sera exposée durant les deux journées, au Centre des Congrès. Quatre d’entre eux recevront un prix dans les catégories Prix Scientifique, Prix de l'Innovation, Prix du Jeune chercheur et Prix du public. Infirmiers.com est, comme à chaque édition, partenaire de cette manifestation qui rassemble en moyenne plus de 500 professionnels paramédicaux dans la cité angevine. Infirmiers.com parraine d'ailleurs le prix Innovation et le remettra le 1er décembre en fin d'après-midi.

Pour les retardataires : Bulletin d'inscription et programme en ligne sur jfrs-blog-chu-angers

Propos recueillis par Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com@FabregasBern


Source : infirmiers.com