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DOCUMENTATION

Infirmières – Les évolutions de carrière sont en marche

Publié le 14/03/2011

Il se dessine désormais une alternative à la fonction de cadre pour tout infirmier désirant donner une nouvelle impulsion à son parcours professionnel. Voici quelques exemples de ce qui sera bientôt possible de faire.

Les besoins de santé de la population sont en perpétuelle évolution. Le système de santé connait lui aussi une mutation, sous l’effet du progrès technique ainsi que de facteurs économiques et démographiques. Dès lors, les tutelles se doivent d’ajuster en permanence l’offre de soins pour l’adapter à la demande et évoquent la création prochaine de nouveaux métiers en santé. Nous allons faire ici un peu de prospective afin d’imaginer ce que pourrait être l’éventail de ces nouveaux métiers dans les 10 prochaines années.

Accompagner l’hyper spécialisation hospitalière

Nous allons commencer ce tour d’horizon par le secteur hospitalier. Celui-ci est touché par une pénurie de médecins qui ira crescendo jusqu’en 2025, en raison, entre autres, d’un fort taux de départs en retraite, mal anticipé par les tutelles.

De plus, l’hyperspécialisation médicale hospitalière contraint le personnel médical à réaliser des gestes techniques répétitifs et chronophages qui pourraient être délégués. C’est ainsi que vont apparaitre des métiers dits « intermédiaires » entre le médical et le paramédical, qui apparaissent comme autant de perspectives d’évolution de carrière pour les soignants.

Dans les services traitant les maladies chroniques, les patients seront bientôt suivis par des infirmières cliniciennes. Elles auront en charge, entre autres, la prévention et l’éducation à la santé, mais aussi le suivi des traitements de longue durée en oncologie, diabétologie ou rhumatologie. Elles prescriront elle-mêmes les médicaments nécessaires à la continuité de ces mêmes traitements ou au confort antalgique des malades.

Dans les pôles médico-techniques, de nombreux actes techniques dévolus aujourd’hui à la pratique médicale seront pratiqués par des personnels non médecins. Certaines fibroscopies et échographies diagnostiques simples, les gestes de petite chirurgie ou de cathétérisme vasculaire sont concernés par ce champ d’activité. De la même façon, de « super-IADE » auront les compétences pour pratiquer l’anesthésie de façon autonome. En radiothérapie, la fonction de dosimétriste, qui consiste à définir les conditions de l’irradiation des malades, sera dévolue à un « super-manipulateur ».

Sous l’effet du progrès technologique, les appareillages médico-techniques sont de plus en plus complexes et soumis à des réglementations de tous ordres. Demain, les établissements de santé auront besoin de véritables gestionnaires de parcs, hyperspécialisés en imagerie, monitoring, voire en Système d’Information Hospitalier (SIH). En lien avec l’ingénieur biomédical, leur fonction touchera à la fois la maintenance, le contrôle qualité, l’application médicale et la veille technologique et législative.

La nécessaire transformation des services d’urgence.

Le fonctionnement des services d’urgences devrait également subir un sérieux lifting. Pour contrecarrer l’afflux toujours grandissant de patients, de nouvelles compétences infirmières seront nécessaires. Il s’agira ici, pour ces soignants, de réaliser des consultations de première intention, puis d’aiguiller le malade vers le médecin urgentiste ou le service d’hospitalisation. Ces compétences relèveront aussi de la prescription d’examens d’imagerie ou de laboratoire, voire du retour au domicile du patient après lui avoir prodigué les soins primaires.

Il est nécessaire ici de rappeler que tous ces métiers ne seront accessibles qu’aux paramédicaux ayant suivi un cursus de niveau master et qu’ils seront exercés en étroite collaboration avec du personnel médical. Il en sera de même, d’ailleurs, pour la médecine de ville ou de proximité.

Les infirmières cliniciennes au secours des campagnes ?

Car la pénurie médicale sévit aussi en milieu rural. Les jeunes médecins, comme l’attestent les dernières études, se concentrent autour des grandes et moyennes agglomérations.

Dès lors dans les campagnes, leurs confrères fraîchement retraités ne sont que très rarement remplacés, ce phénomène annonçant une désertification médicale prochaine. Parallèlement, la population vieillit et sollicite de plus en plus le système de santé.

A l’avenir, les métiers intermédiaires joueront un rôle primordial.Les infirmières cliniciennes prendront en charge, comme dans les services d’urgences hospitalières, les consultations et les soins de première intention.

Elles délivreront des traitements pour les affections mineures et orienteront les patients vers les médecins spécialistes. Leur rôle sera aussi de promouvoir la prévention et l’éducation en santé.
Elles élargiront, d’autre part, leur champ d’action pour les Hospitalisations à Domicile (HAD) ou dans les Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD). Elles piloteront le suivi des traitements, la gestion  administrative.

Les TIC, outils des professionnels au service des patients

Dans 10 ans, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) auront aussi une importance grandissante pour la prise en charge des patients, surtout dans les campagnes. Ainsi, le Dossier Médical Personnel (DMP) aura été généralisé et la télémédecine aura étendu sa sphère d’influence en même temps qu’elle aura multiplié ses applications. Aussi, de nouveaux métiers apparaîtront, aux confins de l’informatique, de la communication et de la santé. Et les besoins seront énormes.

Le DMP, par exemple, outil partagé entre les médecins, les paramédicaux et les patients, sera l’objet de formations et d’information afin qu’il soit maîtrisé par tous. Il constituera, d’autre part, une formidable base de données pour des études statistiques, notamment en épidémiologie. Des professionnels, issus des filières soignantes, auront alors en charge la synthèse et l’exploitation des ces données, en collaboration avec les organismes de veille sanitaire. Ils participeront ainsi à de vrais projets de santé publique.

Le fort potentiel de la télémédecine.

Quant à la télémédecine, difficile de prédire aujourd’hui ce que sera son impact dans le système de santé ! On peut tout de même essayer d’imaginer les applications qui seront dévolues aux métiers intermédiaires. En milieu rural, des centres de consultations à distance et de télésurveillance verront le jour.

Des infirmières cliniciennes y centraliseront les informations émanant du DMP que le patient aura mis à jour et ajusteront, le cas échéant, son traitement. Dans ce centre, des « cyber-soignants » surveilleront en temps réel l’électrocardiogramme de Mr DURAND, la courbe de glycémie de Mme DUPONT ou, on approche de la science fiction de la courbe de douleur provenant de la sonde cérébrale branchée sur Mr GERMAIN.

Ces « cyber-soignants » auront une fonction couplant les compétences infirmières et biomédicales qui leur permettront d’évaluer l’état de fonctionnement de leur appareillage tout autant que d’interpréter les données médicales reçues.

Des expériences en cours

Ces nouveaux métiers ne sont pas que le fruit de l’imagination d’auteurs plus ou moins délirants, dont celui de ces lignes ! La plupart d’entre elles ont déjà été expérimentées depuis plusieurs années et validées par les tutelles, notamment par l’Observatoire national des métiers de la santé. Elles mettent déjà en place les formations qui seront nécessaires pour pouvoir accéder à « l’ascenseur paramédical ».

Certes, des questions se posent concernant le mode de rémunérations ou le niveau d’assurance professionnelle en relation avec ces nouveaux métiers. Il n’empêche que le processus est enclenché, la loi Hôpital, Patient, Santé et Territoire (HPST) voulant favoriser les initiatives de coopérations. Vous avez peut-être, dans vos pratiques quotidiennes, des épisodes de transferts de tâches que vous aimeriez voir valorisés. C’est certainement le bon moment pour franchir le pas et réaliser un projet en ce sens.

La Haute Autorité de Santé (HAS) a d’ailleurs mis en ligne sur son site un guide pour vous y aider.
N’hésitez pas, en tout cas, à nous faire part de vos idées par le biais des commentaires à apporter à cet article. L’expérience de terrain vaut souvent mieux que la vision lointaine du ministère.


Bruno BENQUE
Rédacteur infirmiers.com
bruno.benque@gmail.com




Source : infirmiers.com