A la veille de l'ouverture des 40èmes Journées Nationales d'Etudes des Puéricultrices, à l'initiative de l'Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiants (ANPDE) qui se dérouleront à Marseille les 17, 18 et 19 juin 2015 Sébastien Colson, président de l'association répond aux questions d'Infirmiers.com. Pour lui, « il est déterminant de montrer et d'affirmer que notre profession de puéricultrice, tout comme les autres professions de l'enfance, est mobilisée dans le développement de ses compétences et ce, dans l'intérêt de la santé de l'enfant et de sa famille. »
Infirmiers.com – Sous quels auspices s'ouvrent, demain à Marseille, vos journées d'études ?
Sébastien Colson - Près de 900 puéricultrices sont inscrites à ce jour pour la 40ème Edition de nos Journées Nationales d'Etudes des Puéricultrices organisées par l'Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiants (ANPDE). Un record pour le congrès annuel de la profession qui démontre, une fois encore, la volonté des professionnels à se former, échanger, partager et acquérir de nouvelles compétences. Parmi les six grands thèmes qui seront abordés durant les trois jours en plénière, retenons celui des troubles du comportement de l'enfant et de l'adolescent, en présence, notamment, de Serge Tisseron et de Marcel Rufo, la Santé et l'environnement, les Pratiques innovantes des puéricultrices ou la Recherche en Sciences Infirmières. En parallèle, nous proposons un panel de 28 ateliers, qui affichent quasi complet à ce jour. Notre volonté est de proposer des thèmes qui correspondent à tous les secteurs du métier de puéricultrice, autant sur l'exercice hospitalier que celui en Protection Maternelle et Infantile, en Etablissement d'accueil de jeunes enfants, ou en libéral.
I. C. – D'une année sur l'autre, la question de la réingénierie n'avance pas... Quelles en sont, selon vous, les raisons ? Plus trivialement, qu'est-ce qui coince ?
S. C. - La réponse à cette question, malheureusement, nous ne l'avons pas. Le signe plutôt positif, c'est que le ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes a accordé récemment son Haut Patronage pour le congrès à Marseille. Nous espérons donc la présence d'un représentant du ministère pour nous apporter quelques informations, d'autant que la réingénierie des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture vient de débuter, pilotée par Michèle Lenoir-Salfati, Sous-directrice des ressources humaines du système de santé. Cela dit, nous allons profiter de notre congrès pour adresser un courrier de demande de rendez-vous à l'ensemble des ministères concernés et aux conseillers santé de Matignon et de l'Elysée. Il nous faut vraiment évoluer, tant sur la formation que sur l'exercice.
I. C. - Autre sujet où la profession infirmière a du mal à percevoir la valeur-ajoutée qu'on devrait lui concéder : la loi de santé. Qu'en est-il de la place des puéricultrices, qu'ont-elles à défendre… ou pas ?
S. C. - Nous avons fait un travail très important pour porter la voix de la profession. Grâce à l'intervention du rapporteur Olivier Véran à l'Assemblée Nationale, la PMI a pu être réinsérée dans le projet de loi et dans la stratégie nationale de santé. D'ailleurs des groupes de travail sont également en cours sur la loi sénatoriale relative à la protection de l'enfance et sur l'avenir de la PMI. Nous faisons confiance à l'ensemble de la classe politique pour supprimer cet amendement sur la suppression de l'ordre des infirmiers , qui serait totalement incohérent s'il perdurait. Certes, l'ordre a été créé en 2006, mais il ne faut pas oublier qu'il a réellement fonctionné en 2009. Il faut laisser du temps et surtout éviter d'être ridicule à l'échelle internationale. Autre question très importante pour notre profession : la vaccination. Les puéricultrices ont d'ores-et-déjà une mission dans le suivi vaccinal de l'enfant, mais de récents rapports démontrent de leur nécessaire évolution de compétence pour vacciner également les enfants (hors 1ère injection). Cependant, l'évolution de l'exercice des puéricultrices doit être pensé au-delà de ce seul acte de soin. Les recommandations du rapport ONDPS sur la santé de l'enfant aborde les questions de fonds sur l'évolution de l'exercice au regard des besoins de la population pédiatrique. Concernant la pratique avancée , nous y avons toujours été favorable. Cependant, la place des spécialités est exclue. Il s'agirait de pratique avancée du métier d'infirmier. Or, en 2010, la DGOS nous avait réuni pour travailler sur l'état des lieux des pratiques avancées des trois spécialités infirmières (IADE, IBODE et puéricultrices). Nous nous posons donc beaucoup de questions sur l'articulation entre notre spécialité et la pratique avancée, en espérant qu'on ne viendra pas créer une nouvelle strate professionnel dans la santé de l'enfant et de sa famille. Enfin, nous avons également tout intérêt à introduire la reconnaissance de la recherche pour les infirmiers. Il s'agit d'un des thèmes de notre congrès. Aujourd'hui, nous avons un appel à projet de recherche ministériel qui permet aux « auxiliaires médicaux », même si je ne cautionne pas ce terme, de faire de la recherche et d'être investigateur. Mais la loi ne permet pas à un auxiliaire médical d'être l'investigateur de sa propre recherche biomédicale ou interventionnelle (l'investigateur doit être médecin, si cela concerne la maieutique, l'investigateur est sage-femme ou médecin). Il nous faut introduire cette notion dans la loi de santé, pour être cohérent avec l'universitarisation, le LMD et avec nos collègues internationaux.
Il nous faut vraiment évoluer, tant sur la formation que sur l'exercice.
I.C. Le 12 mai dernier, vous faisiez partie des associations professionnelles réunies à l'occasion de la Journée internationale de l'infirmière pour montrer, ensemble, la cohésion infirmière, indispensable pour défendre les intérêts de la profession... Est-ce une nouvelle initiative pour faire (enfin ?) du lobbying et exister plus encore ?
S. C. - Nous sommes plus de 600 000 infirmiers en France d'après les dernières statistiques de la Drees. Plus on est nombreux et plus il est difficile de se rassembler. Il existe de nombreuses organisations associatives et syndicales infirmières et un ordre. Nous fédérer nous rendra certainement plus fort, et notre impact politique ne s'en verra que renforcé. Après, il faut également que les différentes spécificités de la profession infirmière apprennent à se connaître et à élaborer des stratégies communes, dans un contexte où l'on nous pousse plus à la division qu'à la fédération. Mais nous y arriverons ! Le collège infirmier français (CIF) en est déjà une preuve.
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !
I.C. - Dites-nous quelques mots sur l'avenir de l'ANPDE : son bureau, ses objectifs et ses perspectives…
S. C. - Nous avons une équipe très jeune qui vient d'arriver. Nous parvenons à représenter tous les secteurs d'activités de la profession. Cependant, au regard de notre charge de travail professionnel, il est parfois difficile de répondre à toutes les sollicitations et de produire des recommandations. Nous sommes bénévoles et nous sensibilisons les puéricultrices et étudiants adhérents ou qui souhaitent adhérer, car nous avons besoin de ressources. De plus, le fait de gagner des adhérents nous donnera encore plus de force politique : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! Nous souhaitons poursuivre nos objectifs : être force de proposition dans tous les domaines de la santé de l'enfant et de la famille touchant notre exercice et notre formation, développer la communication des puéricultrices sur leurs projets novateurs pour les mettre en lumière, défendre la cause étudiante qui souffre de ce programme de 1983 (tout comme les formateurs), développer la recherche et l'évaluation en sciences infirmières spécialisées en puériculture… Nous préparons d'ores et déjà les futurs congrès de 2016 au Futuroscope de Poitiers dont l'un des thèmes sera la e-santé, et 2017 à Paris pour les 70 ans de la profession. Paris marquera la passation de la présidence de l'ANPDE… Avis aux amateurs !
Propos recueillis par Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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