Une plaie cicatrise plus vite si elle est maintenue dans un milieu humide. Tout l’art (délicat) du soignant réside dans sa capacité à préserver le "taux d’humidité" nécessaire à la cicatrisation en évitant l’asséchement ou la macération. Explications. Merci à la Fédération Nationale des Infirmiers pour ce partage.
Maintenir une plaie dans un milieu humide permet d’optimiser sa cicatrisation. C’est ce que le docteur George D. Winter s’est appliqué à démontrer dans les années 1960. Ses travaux révèlent que les cellules responsables de la cicatrisation (fibroblastes, kératinocytes, etc.) ont besoin d’eau pour se développer. Cette découverte est venue bousculer une croyance encore très répandue selon laquelle il faut assécher une plaie pour lui permettre de mieux cicatriser
, souligne Luc Miossec, infirmier libéral et président départemental de la FNI Finistère.
Evaluer, nettoyer, adapter
Dans un premier temps, il convient d’évaluer la plaie et la quantité d’exsudat. La composition de ce dernier contribue au maintien d’un milieu humide favorable aux cellules nécessaires à la cicatrisation. Toutefois, un exsudat présent en trop grande ou trop faible quantité peut altérer le processus. Il faut donc raisonner en fonction de la quantité d’exsudat pour réaliser le soin et choisir le bon pansement, explique Luc Miossec. Par exemple, il faut empêcher que les sécrétions délétères, notamment en début de cicatrisation, restent trop longtemps au contact de la plaie. Il est donc nécessaire d’absorber
.
La coloration du tissu peut donner une première indication. Des tissus un peu blanchâtres sont souvent le signe d’un exsudat trop abondant et d’un risque de macération. Le pansement absorbant, une fois posé, est également un bon indicateur car il laisse, parfois, voir par transparence l’exsudat absorbé.
Moins de pansements changés
Absorber ? Maintenir l’humidité ? Le choix du pansement est stratégique. Et doit tenir compte de l’évolution de la plaie aux différentes phases de la cicatrisation. Ces dernières sont au nombre de trois : la détersion (les tissus ou cellules abimés ou morts sont éliminés), la granulation ou bourgeonnement (la peau cicatrise par l’action des fibroblastes qui apparaissent alors en grande quantité) et l’épidermisation (la peau se recrée). Il n’est pas toujours utile de changer de pansement à chaque phase. D’ailleurs moins on fait un pansement, mieux c’est
, indique Luc Miossec. À chaque fois que l’on défait un pansement, on risque d’apporter un germe ou d’abimer les cellules nouvelles lors du nettoyage. Il n’est pas rare que des chirurgiens laissent un pansement trois semaines dans le cas d’une opération de l’hallux valgus, par exemple. Aujourd’hui les pansements sont conçus de telle manière qu’ils permettent le maintien en milieu humide tout en étant imperméables aux bactéries et à l’eau
.
L’infirmière doit donc faire en sorte de prévoir la quantité d’absorption suffisante pour ne pas avoir à refaire le pansement trop souvent selon les cas. À nous de voir de quelle manière évolue la plaie. Sur des plaies qui coulent beaucoup, il sera possible de mettre des alginates ou des hydrofibres sur plusieurs épaisseurs pour absorber un maximum d’exsudat. Ceci étant, certains cas nécessitent encore de changer les pansements plusieurs fois par jour.
Et de conclure : L’objectif étant de préserver le confort du patient
.
L’infirmière doit faire en sorte de prévoir la quantité d’absorption suffisante pour ne pas avoir à refaire le pansement trop souvent selon les cas
Rappel : l’antiseptique, c’est pas automatique
Après avoir été évaluée (taille, profondeur, infection potentielle, etc.), la plaie est nettoyée avec de l’eau et du savon, rincée et séchée. L’antiseptique est de moins en moins utilisé, précise Luc Miossec. Certes, il permet de lutter contre les germes mais il détruit les cellules de cicatrisation. Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) vont, depuis quelques années, en ce sens. C’est notamment le cas pour les plaies chroniques type escarres, ulcères... Antiseptique et antibiotique ne présentent pas vraiment d’intérêt localement. D’ailleurs en postopératoire, le recours à la Bétadine n’est plus la règle.
Gersende Guillemain
Note
Cet article est paru dans la revue de la FNI Avenir & Santé du mois de février 2019 (n° 470).
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