L’accident avec exposition au sang (AES) et aux liquides biologiques est un risque professionnel majeur pour les professionnels de santé et notamment pour les infirmiers libéraux. Dans ce contexte, l’Union Régionale des Professions de Santé infirmière PACA a mis à leur disposition un guide pour les sensibiliser au risque infectieux. L’objectif ? Réduire l’incidence des AES et encourager la bonne conduite à tenir en cas d’exposition.
Le dossier de l’URPS infirmière PACA s’intitule : « AES : stop au massacre ! » Et pour cause. Les accidents d’exposition au sang sont encore beaucoup trop nombreux, tout particulièrement parmi les infirmiers libéraux. Un accident d’exposition au sang est défini comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang, et comportant soit : une effraction cutanée (piqûre, coupure), une projection sur une muqueuse (œil, bouche) ou sur peau lésée. Pour rappel, plus d’un quart des professionnels de santé (PS) libéraux déclarent avoir déjà été victimes d’un AES lors de la réalisation d’un acte invasif, soit près de 26 000 si on corrèle ce taux à la population globale des infirmières libérales (IDEL). Parmi ces 27 % d’IDEL ayant déclaré avoir déjà eu un AES
, 38 % indiquent une fréquence de une à deux fois au cours des 12 derniers mois, tandis que 4 % en déclarent une de trois à dix fois
. Des résultats inquiétants déjà mis en évidence par l’enquête menée par la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) et le Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants (GERES) en 2013 : 62 % des infirmiers libéraux ont subi un Accidents d’exposition au sang
(AES) au cours de leur carrière et plus de la moitié s’étaient déroulés durant l'année écoulée
. En 2015, un sondage de Santé Publique France cette fois, venait également confirmer cette réalité, révélant que le nombre d’accidents d’exposition au sang (AES) restait très préoccupant
en secteur libéral. Les accidents d’exposition au sang (AES) ont diminué dans les établissements de santé. En secteur libéral, alors même que le risque est majoré, la réalité semble tout autre
. Dans ce contexte, l’URPS infirmière PACA consacre un dossier à la question des AES. L’instance rappelle l’urgence d’encourager la prise de conscience du danger et de donner aux infirmiers libéraux tous les outils pour se prémunir des accidents d’exposition au sang.
« Votre seule arme pour vous prémunir contre les AES : votre vigilance et le respect des mesures de prévention ».
Quels facteurs de risque ?
Les accidents d’exposition au sang peuvent être responsables de la transmission de maladies infectieuses chez le personnel soignant, notamment le VIH, VHB et VHC
, souligne le dossier de l’URPS infirmière PACA. Plusieurs éléments entrent en compte dans les risques : une aiguille creuse contenant du sang, la profondeur de la blessure, la charge virale du patient source, la quantité de sang inoculé ou encore l’absence de protection. Le port de gants, s’il n’empêche pas la piqûre, permet tout de même de réduire le risque de séroconversion par un phénomène d’essuyage au moment de la piqûre
.
Parmi les 27 % de professionnels de santé libéraux ayant déclaré avoir déjà eu un AES, seuls 41 % mentionnent en avoir informé leur médecin traitant afin d’évaluer notamment le risque infectieux.
Mieux vaut prévenir…
L’URPS infirmière PACA fait le point sur les bonnes pratiques à adopter et décline les quatre grands principes à appliquer pour prévenir tout risque. La vaccination contre l’hépatite B, d’abord, est obligatoire pour toutes les professions de santé, y compris en exercice libéral. Le respect des précautions générales d’hygiène ensuite, appelées « précautions standards
», est également essentiel. Point particulièrement important ? L’hygiène des mains
. Il est également crucial d’utiliser un matériel adapté et sécurisé
, de porter un équipement adéquat (lunettes, masques, surblouse…) mais également de se tenir informé et de se former
régulièrement sur la question.
Qu’il soit sécurisé ou non, tout matériel piquant, coupant ou tranchant ayant servi lors d’un soin doit être éliminé en respectant les procédures d’élimination des DASRI.
Rappel des 10 grands principes pour prévenir l'AES*
- Je vérifie ma vaccination contre le virus de l’hépatite B.
- Je minimise les risques en portant des gants à UU.
- J’utilise du matériel sécurisé adapté au geste.
- Immédiatement après le geste, je dépose l’objet piquant, coupant, tranchant souillé dans un container adapté, tenu à proximité (inférieur à 50 cm).
- Je ne recapuchonne jamais une aiguille ou un trocart.
- Je dispose d’un flacon de DAKIN non périmé dans ma mallette.
- Je connais la conduite à tenir en cas d’AES.
- Je connais le numéro de l’établissement référent le plus proche (« carte conduite à tenir » dans ma mallette).
- Je participe aux formations des laboratoires sur les nouveaux matériels sécurisés.
- Je ne reste pas isolé en cas d’AES, car l’impact psychologique est réel
*Source : Dossier de l’URPS infirmière PACA.
Que faire en cas d’’exposition ?
Le dossier s’attache également à décrire les gestes d’urgence à suivre en cas d’exposition : en cas de piqûre, en cas de coupure, en cas de projection… La mise en route rapide d’un traitement post exposition adapté peut réduire de 80 % le risque de contamination par le VIH
, rappelle l’URPS tout en précisant les numéros utiles et les informations sur les lieux de prise en charge. Le risque accident du travail n’est pas couvert pour les libéraux
, précise encore le document. Les professionnels dans ce cas sont donc libres de souscrire en plus du régime de base obligatoire, à une assurance volontaire supplémentaire auprès de la CPAM ou auprès d’un organisme privé
.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
Pour en savoir plus
- AES : pour tout savoir sur les chiffres
- Retrouvez l’ensemble du dossier sur les accidents d’exposition au sang sur le site de l’URPS infirmière PACA
- Egalement disponible en version PDF
- Tout sur les AES, en vidéo
- Que faire en cas d’AES ?
- Numéros utiles : VIH INFO SOIGNANT au 0810 630 515 (7j/7 de 9h à 21h) ou SIDA INFO SERVICE au 0800 840 800 pour obtenir les coordonnées du dispositif d’accueil le plus proche.
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