Dans une tribune, Nadine Rauch, Présidente du Groupement des infirmiers en santé au travail, dénonce l'invisibilité de ces professionnels de santé, de plus en plus soumis au médecin du travail et en appelle à un changement de réprésentations.
Tout se passe comme si l'infirmier en santé au travail (IST) avait disparu ou presque des radars. C'est ce que dénonce, au fil d'une démonstration précise, Nadine Rauch, Présidente du Groupement des infirmiers en santé au travail dans un texte intitulé Infirmiers en santé au travail : les sacrifiés d'une réforme
. Elle y explique comment la dernière loi sur la santé au travail (loi du 2 oût 2021) réduit les IST à de simples exécutants au détriment de leur rôle propre, privés de leur indépendance et les plaçant sous la tutelle du médecin du travail, seul interlocuteur de poids dans l'esprit des pouvoirs publics, dénonce-t-elle. Malheureusement, le législateur a trouvé ce moment opportun (celui de la crise sanitaire) pour passer en force certains décrets qui renforcent davantage encore le pouvoir du médecin du travail et des employeurs
, souligne-t-elle.
Le flou autour de la formation, un frein notable pour la reconnaissance des compétences infirmières
Pour l'auteure de cette tribune, l'un des principaux problèmes vient d'une zone restée floue dans la loi : l'article R4623-29- Modifié par Décret n°2012-135 du 30 janvier 2012-art.1 , qui traite de la formation, laisse le champ libre à interprétation, l'employeur décidant des types de formations et d'organisme ainsi que du nombre d'heures nécessaires à l'infirmier pour être en capacité de suivre l'état de santé des salariés
. Un flou juridique aux conséquences directes selon elle, puisque le résultat aujourd'hui de l'application de cet article expose de nombreux infirmiers à des conflits entre leurs compétences, leurs capacités à prendre en charge les salariés et les injonctions de leurs employeurs, souvent plus intéressés par une politique de rendement que par la qualité du service rendu
.
La solution passera par la reconnaissance de la spécialité des IST
La réhabilitation de l'infirmier en santé au travail passera par plusieurs mesures, avance Nadine Rauch, citant notamment : la reconnaissance de sa spécialité en santé au travail, à l'instar des médecins du travail
, le renforcement de l'autonomie et de l'indépendance de l'IST qui passera par une formation universitaire et par l'introduction de la pratique avancée au travail
, ainsi que par la validation de son statut de salarié protégé
, la volonté de placer le décret sur la formation, repoussé à 2023, au coeur des prochains débats parlementaires du nouveau gouvernement
afin qu'il devienne une priorité pour le nouveau ministre du Travail
.
La Rédaction Infirmiers.com
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