Conséquence concrète de la pénurie qui frappe les personnels paramédicaux à l’hôpital, le service d’immunopathologie clinique de l’hôpital Saint-Louis (Paris) en charge des maladies rares et de certains cancers hématologiques, menace de fermer.
Dans une lettre adressée aux deux candidats de la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, l’équipe soignante alerte sur les difficultés que rencontre ce service, pourtant considéré comme un centre de référence pour l’hématologie. En cause : le manque de personnel de nuit, qui impacte durement la permanence et la qualité des soins.
Un service de nuit à bout
Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à devoir fermer un service pour ces raisons
, se désolent les signataires, qui pointent la pénibilité du travail de nuit, dont les répercussions sur la santé ne sont pas compensées par la prime de 9,63 euros brut par nuit.
De 12 infirmiers nécessaires pour prendre en charge l’ensemble des patients, le service n’en compterait plus que deux, dont un sur le départ, selon nos confrères du Monde, un manque compensé par un recours croissant à l’intérim, notamment. Or, s’alarment les signataires, cette solution n’en est pas une car elle entraîne un manque de la continuité et de l’expertise nécessaires pour dispenser les soins très spécialisés qui caractérisent ce type de prise en charge. Il y a urgence à reconnaître la pénibilité du travail de nuit et de le valoriser de façon significative
, martèlent-ils. Ils appellent à une mobilisation exceptionnelle afin d’éviter de voir les services d’hospitalisation du secteur public disparaître les uns après les autres
. Un rassemblement est ainsi attendu devant l’hôpital Saint-Louis ce mardi 19 avril, à partir de 14h30.
De son côté, l’AP-HP, si elle admet dans un communiqué que le service d’immunopathologie est confronté depuis plusieurs mois à des difficultés majeures de recrutement d’infirmiers et infirmières de nuit alors même que les effectifs sont au complet en journée
, elle prévoit une amélioration de la situation à l’automne 2022 avec plusieurs recrutements d’ores et déjà assurés
. Une affirmation que réfute l'équipe soignante de Saint-Louis, qui affirme qu'aucun renfort ni aucune nouvelle embauche
ne sont attendus. D’ici là, un plan de soutien transitoire reposant sur l’équipe de suppléance, des intérims de longue durée et des gardes d’IDE volontaires permettra de garder le service ouvert
, précise-t-elle.
Des répercussions sur les patients
Par ailleurs, plusieurs associations de patients (Laurette Fugain, France Moëlle Espoir, Capucine, Egmos, Association Aida et Ensemble Leucémie Lymphome Espoir) sont par la suite montées au créneau pour soutenir l’appel du service et rappeler que, en bout de ligne, ce sont les patients qui pâtissent des conditions de travail et de prise en charge dégradées. A défaut d’être pris en charge dans un centre de référence, proche de chez eux, les patients perdront en qualité de vie et de soin […]. Cet enjeu dépasse le quotidien des soignants
, alertent-elles. Le service d’immunopathologie clinique, s’il devait fermer, ne serait pas le seul à s’être vu réduit à cette extrémité ; les unités de neurologie vasculaire à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et celle de neurologie de Bichat ont également dû fermer, déplorent-elles.
La Rédaction Infirmiers.com
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