Covid-19 : l'Académie de médecine contre la réintégration des soignants non-vaccinés

L'Académie de médecine a exprimé sa ferme opposition à la réintégration des soignants non-vaccinés contre le Covid-19, alors que la question a été soulevée au sein de l'Assemblée nationale.

Faut-il ou non réintégrer les soignants non-vaccinés contre le Covid-19 ? La question se pose de plus en plus au sein de la sphère politique, portée notamment par les députés de La France Insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN). Jusque-là fermement opposé à toute réintégration, le gouvernement semble avoir légèrement infléchi son discours : la semaine précédente, François Braun, le ministre de la Santé, a indiqué avoir saisi plusieurs instances sur le sujet afin de disposer d’avis scientifiques. Mais pour l’Académie de médecine, pas question de procéder à la réinsertion de ces soignants non-vaccinés.

Un refus jugé "incompatible avec le métier de soignant"

Réintégrer les soignants non-vaccinés contre la Covid-19 serait une faute , tranche-t-elle dans un communiqué daté du mardi 19 juillet, rappelant s’être prononcée très tôt en faveur de l’obligation vaccinale pour protéger la santé des soignants et celle des patients dont ils ont la charge et avoir jugé éthiquement inacceptable l’hésitation des professions de santé. Tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles est respectable, mais incompatible avec le métier de soignant , martèle-t-elle. La baisse d’efficacité des vaccins pour prévenir de nouvelles infections et contaminations, provoquée par les variants successifs, ne justifie pas non plus cette éventuelle réintégration, ceux-ci conservant une efficacité résiduelle contre la transmission. Et de balayer les arguments ressassés (absence d’efficacité, effets indésirables, manque de recul…) brandis par les plus réfractaires à la vaccination, et qui ne permettent pas de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner.

De plus, note-t-elle, une telle réinsertion aurait un effet délétère sur les soignants qui ont, eux, choisi de se faire vacciner et sur le lien de confiance avec leurs patients : La réintégration de professionnels de la santé non vaccinés au sein de l’équipe soignante compromettrait le climat de confiance et la cohésion qui doivent exister entre ses membres et avec les malades. Elle mettrait en péril les malades fragiles. Enfin, souligne-t-elle, la proportion de personnels soignants et non-soignants suspendus étant de 0,3% au sein du secteur hospitalier, leur réintégration ne permettrait pas de résoudre les difficultés à l’hôpital.

Des mois à venir difficiles

La question de la réinsertion de ces soignants est d’autant plus épineuse que l’Europe connaît une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19. Le même jour, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) Europe mettait en effet en garde contre un automne et un hiver difficiles. Le Covid-19 reste une vilaine maladie potentiellement mortelle, a en effet insisté le directeur de l'OMS Europe, Hans Kluge, qui a qualifié la situation actuelle de semblable à celle de l’été dernier. Ces 6 dernières semaines, le nombre de cas de Covid-19 aurait ainsi triplé dans les 53 pays couverts par cette branche de l’OMS, atteignant près des 3 millions rien que la semaine précédente. Et cette augmentation devrait se poursuivre dans les mois qui viennent, soutenue par les déplacements estivaux, en premier lieu, puis par la reprise de l’école, le tout combiné à une baisse de surveillance du virus. Attendre l'automne pour agir sera trop tard, a prévenu Hans Kluge, qui a vivement incité les États à réagir dès maintenant pour limiter les impacts de ce rebond.

La Rédaction d'Infirmiers.com