Réalisée tous les dix ans depuis 2000, l'étude menée mesure l'évolution de ces cancers pris en charge et diagnostiqués dans les centres non-universitaires en France. "Ce qu'on a constaté en 2020, c'est une augmentation très nette du contingent féminin dans le cancer du poumon", explique son coordinateur, le pneumologue Didier Debieuvre (chef de service, GHRMSA-Mulhouse). On est passé de 16% de femmes (parmi les personnes) atteintes d'un cancer du poumon en 2000 à 24,3% en 2010 et 34,6% en 2020
. Chez les moins de 50 ans, la parité est presque atteinte puisque 41,1% des patients sont désormais des femmes.
En cause, le développement du tabagisme féminin à partir des années 1960, le tabac étant à l'origine de ces cancers dans plus de 87% des cas dans la population globale et 75% chez la femme. Si, aux Etats-Unis, le cancer du poumon est déjà devenu la première cause de mortalité par cancer chez la femme, "on s'attend à ce que ce soit le cas en France d'ici peu", prévient le Dr Debieuvre, qui redoute une "véritable pandémie".
Une étude pilote avec dépistage
Or ces cancers restent diagnostiqués trop tard, bien souvent au stade métastatique (58% des cas), ce qui réduit considérablement les chances de survie. Dans ce contexte, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de lancer une étude pilote (intitulée Cascade
) qui consiste à inviter 2 400 fumeuses ou ex-fumeuses, âgées de 50 à 74 ans, à se faire dépister. Elles doivent être originaires de Paris, Rennes, Grenoble ou Béthune, et ne pas présenter de symptômes de la maladie car il s'agit de faire de la prévention.
Durant deux ans, elles se verront proposer trois scanners (à faible dose de rayons) et un suivi médical
, détaille Marie-Pierre Revel, cheffe de service à l'hôpital Cochin, qui supervise ce projet. En France comme en Espagne, la situation épidémiologique chez les femmes est extrêmement inquiétante avec une hausse du taux de mortalité due à ce cancer de 3% tous les ans
, insiste-t-elle, justifiant le choix d'une cible exclusivement féminine. Plusieurs études ont montré que le scanner permet de détecter très tôt des petites tumeurs débutantes, réduisant considérablement le risque de décès. Chez les femmes, il serait diminué de 59% huit ans après le début du dépistage. L'objectif ici n'est pas tant de démontrer l'intérêt du dépistage, mais plutôt de déterminer quelles pourraient être les modalités d'un dispositif plus massif, s'il était décidé.
La Redaction Infirmiers.com avec AFP
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