Jérémy Guy, 23 ans, aujourd’hui infirmier en réanimation pédiatrique à l'hôpital Necker - Enfant malades (APHP), a travaillé pendant un an et demi aux urgences pédiatriques. Un jour, il doit prendre en charge un enfant brûlé à 9% de sa surface corporelle, à cause d’un bol de thé renversé. Ce drame donne à ce passionné d’audiovisuel l’idée de réaliser un court-métrage pour prévenir les accidents domestiques, dont il est trop souvent le spectateur en tant que soignant... Il raconte.
Lorsque j’ai travaillé aux urgences, j’ai vu beaucoup d’accidents domestiques
, se souvient Jérémy, qui s’est lancé dans la photo et la vidéo il y a 5 ans. Celui du petit garçon brûlé par un vulgaire bol de thé m’a particulièrement marqué. L’enfant a dû être perfusé, a subi beaucoup de soins. Ça m’a semblé tellement bête… tout ça à cause d'un bol de thé. Ça a été le déclencheur
.
Je voulais montrer qu’un tout petit geste pouvait déclencher énormément de choses et avoir des conséquences très lourdes pour un enfant.
Un court-métrage réalisé dans les murs de l’hôpital
L’idée de l’infirmier est bien reçue par sa hiérarchie, qui lui permet même de filmer dans les murs de l’hôpital. Personne n’avait encore réalisé un spot de prévention sous ce format de court-métrage auparavant. L’APHP m’a mis à disposition des locaux et j’ai pu tourner aux urgences pédiatriques de Necker
. Mais tourner dans un hôpital en activité demande un peu d’adaptation. Il a fallu tourner de nuit aux urgences, entre 4 et 7h du matin, seul moment où y avait un peu moins de monde. On a tourné dans une salle de déchocage et il a fallu être efficaces : on avait 110 plans à réaliser en 3,30h !
Les autres plans ont, eux, été réalisés dans deux appartements différents.
Le résultat : Des situations dangereuses jouées par des acteurs pour montrer à quel point elles peuvent se produire à n’importe quel moment, dans n’importe quel foyer
. Dans son court-métrage de 13 minutes, Jérémy les a accompagnées de messages de prévention et de conseils pour les éviter.
Découvrez le court-métrage de Jérémy Guy :
Parmi les cinq grands types d’accidents domestiques que Jérémy désire intégrer à son film, la brûlure, l'intoxication médicamenteuse involontaire, l'électrocution et l'ingestion de produit toxique, seule la chute dans les escaliers n’a pas été retenue. On n’a tout simplement pas pu la tourner
, raconte l’infirmier. On devait réaliser cette scène avec une petite fille de 18 mois – car les chutes dans les escaliers touchent surtout les moins de deux ans- mais notre petite actrice est restée collée à sa maman tout le long du tournage, ce qui nous a empêché de faire la prise
.
Il a fallu tourner de nuit aux urgences, entre 4 et 7h du matin, seul moment où y avait un peu moins de monde.
Les infirmiers mis à contribution
On a réalisé ce film sans aucun moyen financier
, explique Jérémy, qui a fait marcher son réseau. Il fait appel à 4 actrices et à 2 acteurs professionnels, puis, met ses collègues à contribution. Tous les soignants qui apparaissent dans mon film sont infirmiers, même celle qui joue le médecin
, s’amuse-t-il. Jérémy demande aussi à Charlotte, l’une de ses collègues infirmière, de devenir première assistante réalisateur
: elle m’a aidé à relire le découpage technique des plans, elle s’est chargée de l’organisation et a effectué les claps
. Tourner avec des enfants leur a demandé plus de travail : il a fallu être quatre personnes à la réalisation
. La musique a aussi été entièrement créée par un musicien professionnel, le frère d’une des soignantes… En tout, il aura fallu près de 5 mois de travail, entre octobre 2018 et février 2019, pour finaliser ce court-métrage de prévention.
Dans les prochaines semaines, il sera sans doute séparé en 4 petits modules pour mettre l’accent sur quatre situations à risque.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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