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Hygiène des mains : l’OMS renouvelle ses recommandations

Publié le 05/05/2017

Comment (encore) améliorer l’hygiène des mains au cours des soins ? L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lançait en octobre 2005 le premier défi mondial pour la sécurité des patients, Clean Care is Safer Care (Un soin propre est un soi plus sûr) et, en 2009, une campagne mondiale pour améliorer l’hygiène des mains lors des soins de santé sur le thème suivant : pour sauver des vies : l’hygiène des mains. Depuis un peu plus de dix ans, 139 ministères de la santé, près de 20 000 institutions de soins de santé au sein de 179 des 194 pays et membres des Nations Unies ainsi que des travailleurs de santé à travers le monde ont adhéré à la campagne. En une décennie, si de grands progrès ont été faits, les infections associées aux soins (IAS) restent au cœur des préoccupations. En effet, aujourd’hui encore, celles-ci toucheraient un patient sur dix. On fait le point à l’occasion de la Journée Mondiale de l’hygiène des mains, ce 5 mai.

Il faut inciter les professionnels à se laver les mains « au bon moment et de la bonne façon », rappelle l’OMS.

Je suis là pour vous raconter comment nous sauvons la vie de cinq millions de personnes par an juste avec un personnel de santé qui se lave les mains commençait ainsi le professeur Didier Pittet, directeur du Centre collaborateur OMS pour la sécurité des patients, lors de sa conférence aux Nations-Unies, en février 2016. En réalité, ce serait même entre cinq et huit millions de vies qui seraient épargnées par une hygiène efficace des mains dans les centres de soins. Rappelons-le, 80% des microbes se transmettent par les mains, selon l’Inpes

D’où l’importance cruciale de l’hygiène des mains , considérée aujourd’hui encore comme la façon la plus fiable d’améliorer les pratiques dans tous les centres de santé.

Les mains sont responsables de 80% des infections acquises au cours des soins (OMS)

Des infections nosocomiales causées par le contact entre soignant et patient. C’est par les mains que sont transmis les germes responsables des infections nosocomiales , ces maladies acquises durant les soins.

Ces maladies tuent chaque année 16 millions de patients dans le monde. Les plus courantes, les infections des voies urinaires, les pneumonies et les septicémies sont souvent causées par des microbes multirésistants. Ces infections sont à l’origine de pathologies graves, de prolongements de la durée du séjour en établissement de soins, d’invalidités à long terme, de coûts personnels importants pour les patients et leurs familles, de charges financières supplémentaires élevées pour les systèmes de santé, et pire encore, de la perte tragique de la vie.

Sur 100 patients hospitalisés, au moins sept dans les pays développés et 10 dans les pays en développement contractent une infection nosocomiale, selon les chiffres de l’OMS. Dans les unités de soins intensifs, ce taux atteint 30% environ chez les patients vulnérables et dans un état critique.

Se laver les mains "au bon moment et de la bonne façon"

Contre ce constat, l’hygiène des mains reste primordiale puisqu’elle permet de réduire considérablement le risque d’infection et la propagation de la résistance aux antimicrobiens. La désinfection des mains à l’aide d’une solution hydro-alcoolique permet même de diviser par deux le nombre d’infections, et donc de victimes. À mesure que la résistance aux antibiotiques et à d’autres médicaments essentiels progresse, il devient plus important que jamais de réduire le nombre d’infections nosocomiales évitable, rappelle ainsi Edward Kelley, Coordonnateur du Programme de sécurité des patients à l’OMS. Le meilleur moyen à notre disposition pour cela ? Protéger les patients contre la transmission croisée de microbes par contact avec les mains des soignants, en incitant les professionnels à se laver les mains au bon moment et de la bonne façon, précise l’OMS. 

L’hygiène des mains reste la mesure la plus efficace pour prévenir la transmission des germes et diminuer le risque d’IAS (OMS)

Ampleur et coût des infections résultant de soins de santé, selon l’OMS.

  • A tout instant, plus de 1,4 million de personnes dans le monde souffrent d’infections contractées à l’hôpital.
  • Entre 5 et 10 % des patients admis dans des hôpitaux modernes de pays développés contractent une ou plusieurs infections.
  • Le risque de contracter une infection au cours de soins de santé est 2 à 20 fois plus élevé dans les pays en développement que dans les pays développés. Dans certains pays en développement, la proportion de patients souffrant d’une infection résultant de soins de santé peut dépasser 25 %.
  • Aux Etats-Unis d’Amérique, 1 patient hospitalisé sur 136 tombe gravement malade par suite d’une infection nosocomiale, ce qui équivaut à 2 millions de cas et à près de 80 000 décès chaque année.
  • En Angleterre, plus de 100 000 cas d’infections résultant de soins de santé aboutissent à plus de 5000 décès par an, directement imputables aux infections.
  • Au Mexique, on estime que 450 000 cas d’infections liées à des actes de soins causent chaque année 32 décès pour 100 000 habitants.
  • On estime à un milliard de livres sterling le coût annuel des infections contractées au cours de soins en Angleterre. Aux Etats-Unis d’Amérique, ce coût est estimé chaque année entre 4,5 et 5,7 milliards USD. Au Mexique, le coût annuel représente près de 1,5 milliard USD.

Hygiène des mains : les recommandations de l’OMS

Les cinq moments d’une bonne hygiène des mains sont aujourd’hui reconnus pour leur efficacité à améliorer les pratiques de soins dans un large éventail de pays et pour leur impact sur la réduction des infections. Ces recommandations sont à adapter quelque soit les contextes de soins, à l’hôpital en Ehpad, ou en secteur libéral. Il existe plusieurs procédures à adopter selon les types de soins pratiqués. L’OMS a ainsi publié sur son site les différentes procédures à suivre selon les types de soins pratiqués.

Selon l’American Journal of Infection Control, la cinquième préconisation - après le contact avec l'environnement du patient - est malheureusement souvent la moins respectée sur les lieux de soin. Seuls 60 % des professionnels de santé ont conscience de son importance et s’y conforment.

Voici le résumé des recommandations de l’OMS pour l’hygiène des mains au cours des soins.

Patient debout, pour limiter le contact entre patients et personnel soignant

L’institut de cancérologie Paoli-Calmettes à Marseille et le Centre Léon Bérard à Lyon ont mis en œuvre une idée simple il y a six ans en France : permettre au patient d’arriver sur ses deux pieds au bloc opératoire. Une opération destinée à l’origine à diminuer son niveau de stress avant une opération, en améliorant à la fois sa dignité et son autonomie. Depuis, d’autres établissements ont suivi cet exemple, comme l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM), qui met en avant un autre avantage de cette pratique : celui de limiter le contact physique des patients avec le personnel soignant.

Le patient entre debout au bloc et s’installe lui-même sur la table d’intervention, diminuant ainsi la transmission de germes manuportés (transmis par les mains) entre les soignants et les patients lors de la manipulation sur les brancards et les tables, précise l’IMM dans un communiqué.

Une opération qui va dans le bon sens quand on sait que des mains propres permettent de prévenir la souffrance des patients et de sauver des vies.

Susie BOURQUINJournaliste Infirmiers.com susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com