Le taux d'accidents avec exposition au sang (AES), a diminué de 23% entre 2008 et 2015 dans les établissements de santé, selon une étude co-réalisée par le GERES et le RAISIN et relayée par Santé publique France. Cependant, les actions de prévention du risque AES méritent d'être maintenues pour consolider les résultats très positifs mis en exergue grâce à cette surveillance.
Les accidents avec exposition au sang (AES) peuvent être responsables de la transmission de maladies infectieuses au personnel soignant, notamment le VIH (sida), le VHB (hépatite B) et le VHC (hépatite C). Des séroconversions professionnelles ont été rapportées dans la littérature. Le risque moyen de transmission après exposition percutanée au sang d'un patient infecté est de 0,3% pour le VIH, entre 0,5-3% pour le VHC et entre 2% à 40 % pour le VHB en l'absence de vaccination antérieure. Entre 2008 et 2015, le taux d'accidents a décliné de 23% sur l'ensemble des établissements français participant à l'étude, selon le réseau d'alerte, d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin).
Un accident exposant au sang (AES) est défini comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre ou coupure) (= accident per cutané - APC) soit une projection sur une muqueuse (œil, bouche) ou sur une peau lésée.
En 2015, 14.624 AES ont été documentés dans 825 établissements de santé (60% des lits d'hospitalisation). En 2015, le taux d'AES pour 100 lits était de 5,7%. Les grandes tendances observées les années précédentes se sont confirmées en 2015.
L’accident avec exposition au sang (AES) est un risque professionnel majeur pour les professionnels de santé (PS).
La majorité des AES ont affecté des personnels paramédicaux (60%). Les accidents percutanés représentaient plus des trois quarts des AES déclarés et parmi eux, la moitié était associée à la manipulation d'aiguille qui demeurait le principal mécanisme en cause. Les injections sous-cutanées étaient à l'origine près de 40% des accidents percutanés, le plus souvent lors du retrait de l'aiguille, puis le recapuchonnage et moins fréquemment l'introduction de l'aiguille. Pour ce qui concerne les gestes chirurgicaux, la suture était le plus grand pourvoyeur d'accidents. Les aiguilles courbes étaient 10 fois plus fréquemment en cause que les droites.
Globalement, les auteurs notent une diminution de la proportion d'accidents percutanés évitables passée de 40% en 2008 à 32% en 2015, une progression de la fréquence du port de gants et la mise à disposition croissante de dispositifs médicaux sécurisés. /les-grands-dossiers/aes/dispositifs-medicaux-aide-prevention-des-aes.html En revanche, la mise à disposition du collecteur à proximité du geste ne s'est pas améliorée. En 2015, parmi les 11 476 APC où un collecteur aurait dû, d’après l’enquêteur, être présent, 17,3 % des accidentés n’en disposaient pas à portée de la main. Ainsi, "la poursuite des efforts pour améliorer le respect des précautions standard", reste à soutenir, estiment le Raisin.
Ce qu'il faut retenir
Dans ce travail d'enquête, les accidents percutanés (APC) représentaient 8 AES documentés sur 10 , essentiellement par piqûre. Parmi les APC, les deux tiers sont des piqûres et des coupures superficielles. Une large prédominance d'APC par piqûre est observée quelle que soit la catégorie professionnelle de la victime. Près d’1/3 des victimes d’APC exerçaient dans un service de médecine. La manipulation d’aiguille était le mécanisme responsable de presque la moitié des APC (48,4 %), le retrait de l’aiguille étant le mécanisme de l’accident le plus souvent rapporté. Certains de ces accidents auraient pu être évités par la seule observance des précautions standard (28,0 %). La majorité des APC évitables était associée à la manipulation d’instruments souillés (54,1 %).
La tâche en cours lors d'un APC était un geste infirmier dans près de la moitié des cas (44,5 %). L’injection sous-cutanée (dans 37,3 % des cas), le prélèvement sous vide et la pose de voie veineux périphérique sont les gestes les plus fréquents. Parmi les APC survenus à l'occasion d'une injection sous-cutanée, les mécanismes d'APC les plus fréquents lors de ce geste sont par ordre décroissant : le retrait de l'aiguille (22,8 %), le recapuchonnage (19,0 %), suivis par l'introduction de l'aiguille (11,8 %).
Les APC lors de prélèvement veineux étaient causés par des matériels pour prélèvements veineux sous vide dans ¾ des cas. La pose d’une perfusion était à l’origine d’un peu plus d’un APC sur 10 (13,2 %). Parmi les APC survenus au cours d’une perfusion, le mécanisme le plus fréquent était le retrait de l'aiguille à travers la peau (29,2 %). Le matériel en cause le plus fréquemment cité était le mandrin du cathéter.
Un geste chirurgical était à l’origine d'un APC sur 5. La suture est le mécanisme le plus fréquent (34,5 %). L’aiguille à suture était en cause dans quasiment la moitié des APC survenus à l’occasion d’un geste chirurgical (45,1 %) suivis par les bistouris (15,4 %). Parmi les aiguilles à suture, les aiguilles courbes étaient dix fois plus nombreuses que les aiguilles droite.
Un APC sur 6 survient lors de tâches hors contact direct avec le patient. Le mécanisme le plus fréquent est le ramassage d’objets en vue de leur élimination (10,3 %) et la manipulation d'instruments souillés traînant sur une surface ou le sol (8,0 %). Le principal matériel en cause lors d’APC lors de tâche de nursing était le bistouri (28,8 %).
Un APC sur 20 est survenu à l’occasion d’un geste médical. La pose de voie veineuse centrale et les prélèvements (ponction/biopsie) sont les tâches associées à plus de 7 APC sur 10 rapportés au cours de gestes médicaux. Les mécanismes les plus fréquents étaient la manipulation d’instruments souillés suivi par le retrait de l’aiguille et la suture.
Prévention des AES : accroître la protection des infirmiers libéraux
Dans le cadre des 4e Journées nationales des infirmiers libéraux (JNIL) un symposium, à l'iniative de BD, le jeudi 30 mars 2017, portera sur le thème suivant "Prévention des AES : accroître la protection des infirmiers libéraux". En effet, afin de prévenir ce risque infectieux, il existe un ensemble d’outils incluant les précautions standard, la formation, les protocoles et l’utilisation, dans les cas où existe un risque biologique, l’utilisation de dispositifs médicaux sécurisés que les infirmiers libéraux doivent connaître afin de sécuriser leurs pratiques.
Pour conclure
Ce rapport 2015 clôt l'analyse au niveau national des données recueillies dans le cadre de ce réseau depuis 2002. En effet, suite aux recommandations formulées par le groupe de travail national « Hiérarchisation des priorités de surveillance » en 2014, le réseau AES se réoriente vers la surveillance de la vaccination et des conditions d’immunisation du personnel des établissements de santé. En revanche, au niveau des établissements de santé - essentiellement publics -, les actions de prévention du risque AES méritent d'être maintenues pour consolider les résultats très positifs mis en exergue grâce à cette surveillance. La démarche d’analyse des causes est une approche de gestion des risques qui, dans ce contexte, a toute sa place pour permettre à la fois de sanctuariser les efforts de prévention obtenus et de continuer à faire progresser la prévention autour de ces accidents.
Sécuriser toujours et encore les matériels de sécurité
L’implantation des matériels de sécurité renforcée par la directive européenne 2010/32/UE du Conseil de l’Europe du 10 mai 2010 (PDF) et transcrite en droit français dans l’arrêté du 10 juillet 2013 devrait permettre d’inciter encore plus fortement les établissements à cet effort de sécurisation des dispositifs au sein de leur structure, et ce, quel que soit l’établissement. En effet, nombre de procédures s'effectuent encore avec du matériel conventionnel.
• Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements français - Réseau AES-Raisin, France – Résultats 2015.
Rédaction infirmiers.com avec APM
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