Le 28 novembre dernier, l’ABASS (Association Bourguignonne des acteurs de la simulation en santé) organisait sa 3e journée d’échanges, déjà. Déjà parce que l’association n’a pas encore deux ans d’existence. Adhérents et professionnels du secteur de la santé s’étaient donc donnés rendez-vous à l’Ifsi de Chalon-sur-Saône autour du thème de la simulation dans les formations initiales des professions de santé.
La simulation depuis quelques années est en plein boom en France. Chaque mois de nouveaux centres sont inaugurés par des directeurs d’hôpitaux, des professeurs d’université, des élus et 2014 aura vu la naissance de la SoFraSimS, la société Francophone de Simulation en Santé, présidée par le Pr Granry. Ce dernier est le rédacteur d’un rapport de référence sur le sujet commandé par la Haute Autorité de Santé en 2012. En parallèle, des DU se développent (Lyon, Paris, Dijon, Amiens…) et des formations, dans le cadre du DPC bien souvent, se multiplient Mais l’essor de cette technique de pédagogie active doit aussi beaucoup au dynamisme de quelques soignants qui, au sein de leur service ou de leur institut de formation, croient en l’intérêt de la simulation et le font savoir.
Faire bouger les lignes...
En Bourgogne, ces infirmiers, médecins, cadres, ingénieurs biomédicaux, pompiers, psychologues ou encore chercheurs en sciences humaines se sont regroupés en association et se démènent pour faire bouger les lignes. Le 28 novembre, l’ABASS (Association Bourguignonne des acteurs de la simulation en santé) http://www.simulationsante.eu/ toute bourguignonne qu’elle est, a réussi à faire salle comble en recrutant nettement au-delà des limites régionales puisque des intervenants et des visiteurs venaient de la Franche Comté voisine mais aussi d’Alsace, du Gard, des deux Savoie ou encore de Suisse.
Améliorer les pratiques soignantes autour du positionnement et de la communication dans les situations de soins.
Une matinée pluri-professionnelle
La matinée a été consacrée à la place de la simulation dans différentes formations en santé. Ainsi se sont succédé sur l’estrade :
- Béatrice Liegeon Van-Eis, directrice de l’école de sage-femme du CHRU de Besançon ;
- Patricia Picchiottino, chargé d’enseignement à la Haute école en santé de Genève .
- Christiane Broux, directrice de l’école d’IADE du CHU de Dijon et Christophe Laithier, IADE au CHRU de Besançon ;
- Floriane Ciceron pour la formation des internes en anesthésie au CHRU de Besançon ;
- Olivier Picard, IADE pour les formations en anesthésie-réanimation au CHU Nîmes.
Si, bien sûr, les approches ne sont pas toujours identiques, le constat de départ est bien souvent le même : il est primordial d’entraîner les futurs professionnels à la pensée critique et réflexive. Il convient également d’améliorer les pratiques soignantes autour du positionnement et de la communication dans les situations de soins. Et là encore, tous se rejoignent pour affirmer que la simulation est particulièrement aidante sur ce point.
Chaque expérience reste encore récente et les niveaux de développement sont très disparates. Ainsi par exemple, Genève peut déjà compter sur plus de 600m² de locaux, Besançon a déjà avancé sur la recherche en simulation (avec par exemple un comparatif entre débriefing individuel et collectif), tandis qu’à Nîmes la simulation s’est déployée d’abord dans la cadre de la formation continue avant d’être très récemment envisagée pour les formations initiales.
Pour tous ces jeunes centres, les premiers retours sont très positifs à la fois en termes d’apprentissages (des compétences techniques comme non techniques) et de satisfaction des apprenants et des utilisateurs.
À l’heure actuelle, les objectifs sont sensiblement les mêmes pour tous :
- dans un premier temps, consolider l’existant en pérennisant les formations créées voire en les multipliant (passer par exemple d’une à deux séances annuelles sur simulateur) ;
- dans un second temps, développer les séances en pluri professionnalité (gynécologue-sage femme, interne d’anesthésie-étudiant IADE par exemple).
Chaque expérience reste encore récente et les niveaux de développement sont très disparates.
Un après-midi consacré aux Ifsi...
L’après-midi a été plutôt centrée sur les Ifsi avec les bilans de l’Ifsi du Chalonnais, de celui de Haute Côte d’Or et de celui de Besançon. Le premier sous l’impulsion de Pascale Loriot, directrice, et d'Arnaud Barras, formateur, a fait en sorte de considérer la simulation comme un outil au service du raisonnement clinique. Simulation Haute-fidélité sur mannequin cohabite désormais avec les traditionnels ateliers en simulation procédurale (les bras de perfusion, les atèles plâtrées…) et aussi avec les Serious Game et le désormais célèbre, "Florence l’infirmière". Le second a fait part de son expérience de petit institut dans un petit centre hospitalier ou comment mettre en place de la simulation alors que, paradoxalement, pour cette activité traditionnellement chronophage, il manquait, au départ, de formateurs dans l’équipe pédagogique.
Le temps fort de l'après-midi aura indéniablement été le retour d’expérience des étudiants de l’Ifsi de Chalon-sur-Saône eux-mêmes. Ils ont parfaitement exprimé leurs craintes a priori mais aussi la façon dont ils ont fait abstraction du matériel pour se sentir en situation de soin proche du réel. Surtout, ils décrivent également très bien la recontextualisation induite par la simulation. C’était un témoignage sincère de la part d’utilisateurs qui n’attendent que leur prochaine séance de simulation en formation continue ; témoignage qui, filmé, aurait fait figure de parfaite publicité pour promouvoir les intérêts de cette méthode pédagogique.
Une volonté de fédérer des acteurs différents autour de la simulation et de partager des valeurs et des connaissances.
Des questions pour finir
La journée, riche d’échanges, s’est terminée par une table ronde sur la place de la simulation dans les formations initiales ; ce fut un moment idéal pour faire une synthèse de la rencontre mais aussi soulever des points critiques à étudier :
- la simulation ne doit pas se résumer au simulateur patient et ses mannequins « bling-bling » onéreux ;
- il faut sans doute prendre garde à une sorte de course à l’armement et à une multiplication de centres les uns à côté des autres et qui se retrouveraient sous exploités ;
- il conviendra également de penser la part de l’enseignement qui doit être consacré à la simulation dans chacune de ces formations.
En introduction à la journée, Frédéric Lepetit, en tant que président, avait souligné les principes fondateurs de l’association : la volonté était de fédérer des acteurs différents autour de la simulation et de partager des valeurs et des connaissances. Au regard du contenu des échanges et du déroulement de ce samedi, qui peut douter de l’atteinte des objectifs ?
Le vendredi 5 décembre 2014 de 9h à 17h, l'IFSI de la Croix Saint-Simon (93) organise la 1ère Journée régionale d'échange et de partage d'expérience sur les techniques de simulation en institut de formation paramédicaux de la région Île-de-France.
Thomas BIELOKOPYTOFF Cadre de santé chargé de formation IFSI-IFAS Centre Hospitalier Annecy Genevois www.ifsi-annecy.fr tbielokopytoff@ch-annecygenevois.fr
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